Alan Wake’s American Nightmare

Faire d’un jeu centré sur sa narration, un jeu centré sur sa jouabilité, voilà l’idée qui a traversé l’esprit de Remedy lors de la conception de leur jeu à destination du store Arcade de la Xbox 360. Reprendre le travail effectué sur Alan Wake, remanier l’ensemble, et créer une nouvelle aventure dans laquelle notre héros sera aux prises, plus que jamais, avec d’innombrables adversaires. Un pari osé qui chamboule les habitudes d’un studio, mais ne menace pas tant le porte-monnaie des joueurs, disponible pour dix euros à tarif plein. American Nightmare est une surprenante expérience.

 

Alan Wake’s American Nightmare par Petri Alanko

 

Une suite directe à Alan Wake

Tout comme les deux extensions qu’a connu Alan Wake, American Nightmare reprend l’aventure peu de temps après son final, et étend l’univers du studio finlandais vers de nouveaux horizons. Fini la forêt étouffante de Bright Falls, et bienvenue dans les terres arides de Night Springs. Changement de contexte mais aussi de méthode de narration, ce nouvel épisode fait quelques choix discutables mais assez pertinents.

Dans un soucis de se renouveler, Remedy abandonne la structure linéaire du titre de base, et ouvre les environnements ainsi que le déroulement global de son aventure. Sans être totalement ouvert, Alan Wake’s American Nightmare prend bien soin de laisser le joueur accomplir, à d’assez nombreuses reprises, des actions dans l’ordre qu’il souhaite. Cette ouverture rend la structure du jeu moins rythmé, mais aussi moins prévisible. Difficile en effet de prévoir où va frapper le script lorsque l’environnement est bien plus ouvert.

Cela dit, ce choix amène quelques soucis de construction dans l’histoire. Il est en effet demandé assez souvent au joueur de faire des allers-retours, ce qui aurait pu ne pas gêner outre mesure. L’ennui est que le titre ira jusqu’à justifier la nécessité de recommencer trois fois les trois zones de jeux, ce qui n’a évidemment rien de très agréable ni rien de fort passionnant. Heureusement, quelques modifications et changements de rythme sont opérés lors de nos retours en terrains connus, comme de nouveaux événements, une conscience amusante de la part des personnages vis-à-vis de ce continuel recommencement.

Pour étoffer une histoire pas inintéressante et assez différemment racontée, Remedy a distillé 53 pages de manuscrit à récupérer dans l’environnement, qui enrichissent très fortement les antécédents de cette aventure et sa toile de fond. On pourra également trouver huit vidéos de notre cruel antagoniste, et neuf émissions radios contant la vie de quelques personnages connus des joueurs d’Alan Wake.

Finalement, l’histoire de cet épisode ainsi que son écriture générale ne lui font aucunement défaut. Seuls les choix de Remedy pour différencier cette nouvelle aventure de l’ancienne pourront faire tiquer. Mais, force est de constater que les ajustements ne sont pas dépourvus de pertinence, et soutiennent une ambiance qui garde de son authenticité tout en proposant quelque chose d’assez frais. C’est donc une réussite côté narration, même si son exécution en demi-teinte ne convaincra certainement pas ceux qui ne jurent que par le jeu de base et sa maîtrise.

 

Une réalisation exemplaire, comme toujours

Côté visuel, le changement de politique tarifaire et l’ambition moindre de ce nouveau jeu nous faisaient craindre le pire. Que nenni. American Nightmare peut se targuer d’être au moins aussi beau que son modèle, voire même plus fin, plus ouvert, plus réussi finalement. Une prouesse qui est d’autant plus à saluer que les environnements parcourus dépaysent totalement du jeu de base. Fort heureusement d’ailleurs, dans la mesure où ils seront plusieurs fois parcourus.

Cette technique est mise au service d’une direction artistique qui n’a pas changé, même si l’on note désormais moins de cinématiques, et des transitions entre chaque chapitre sous la forme d’un micro-épisode de série télé, dans lequel on voit Alan Wake en prise avec les ombres. Cette idée, très bonne d’ailleurs, convient parfaitement à l’ambiance du titre, et confirme qu’il s’agit bien d’un court épisode de la saga Alan Wake qui n’impactera pas significativement notre écrivain favori.

Côté musiques, Petri Alanko re-signe et délivre une soundtrack moins inspirée, mais toujours suffisamment efficace. On note que les pétoires ont gagné en puissance et le feeling s’en retrouve très largement amélioré. Les bruitages sont toujours très percutants et les doublages, uniquement anglais pour l’occasion, font très bien le travail. Cet enrobage qui n’a pas tant changé est là pour accompagner de vrais changements dans le game design que je vais développer peu après. Mais d’abord, il va falloir accepter quelque chose : oui, American Nightmare tient plus du jeu d’action que du jeu d’ambiance horrifique. Et oui, c’est tout à fait logique.

 

Des changements logiques et salutaires

Lorsque Remedy annonce vouloir sortir un jeu sur le store Arcade de la Xbox 360, ils prennent bien soin de lire le Arcade. En effet, dynamisé pour le meilleur, Alan Wake court plus longtemps, est plus résistant, et regagne désormais en partie sa vie, est plus efficace et mieux équipé. Si vous trouviez les armes peu diversifiées dans Alan Wake, le jeu original, vous pourrez avec plaisir vous rendre compte qu’elles sont bien plus nombreuses dans cet opus. Mieux équipé, le bestiaire s’avère aussi plus varié, ce qui renouvelle finalement pas mal l’expérience.

Ces changements, qui n’ont rien de changements de surface, changent l’expérience Alan Wake en virant toute dimension survival horror, pour le peu que possédait le jeu de base. Le tout est plus agressif, moins stressant, les munitions ne viennent jamais à manquer et leur profusion est assumée, du moins dans le mode histoire. Fini les piles à récupérer pour garder un stock en cas d’urgence, si votre lampe torche vient à manquer de puissance ; elle se recharge d’elle même bien plus vite, et les piles sont désormais totalement redistribuées lorsque vous allez vous réapprovisionner en munitions.

Ces améliorations du héros lui permettent de faire face à de très nombreux ennemis. Bien que le mode histoire soit assez facile, il y a quelques moments plutôt retors ; le nombre d’adversaires revu à la hausse lui donne un rythme d’action bien plus effréné, et loin d’être désagréable pour qui sait à quoi s’attendre. Pour ceux qui ne seraient pas rassasiés par la désormais – et c’est étrange de l’écrire – agréable jouabilité de American Nightmare, au travers de son mode histoire long de cinq à six heures selon la curiosité de chacun, peut-être faut-il se pencher sur le nouveau mode du titre, le bien nommé Arcade.

 

Quand Alan Wake abandonne la narration

Pas de contextualisation. On hallucine en lançant la première carte du mode Arcade. Descriptif concis, objectif primaire, environnement ressemblant à s’y méprendre à un théâtre de match multijoueur. Que se passe t-il ? Pas le temps d’admirer la qualité remarquable des cinq environnements à disposition, car il vous faudra survivre à des vagues successives d’adversaires jusqu’au lever du soleil, c’est à dire après dix minutes de lutte. Dix minutes où vous allez courir après des munitions, de la vie, des armes… et des bonus, si vous avez pris le temps de ramasser les pages de manuscrit du mode histoire.

L’objectif ? Marquer un maximum de points afin de déverrouiller les environnements suivants. Une fois tout déverrouillé, vous pourrez débloquer les modes Cauchemars (mode sans vague d’ennemis ; ils apparaissent au fur et à mesure, et finissent par vous assaillir de toutes parts). Une fois que vous aurez obtenu les trois étoiles de chaque carte des deux modes de jeux, vous pourrez acquérir les succès pas si facile à avoir, et pourrez enfin – si vous avez des amis jouant au titre – comparer vos scores aux leurs. Un esprit de compétition qui aurait été tout à fait convaincant si un mode coopératif avait été intégré au titre. Seul regret vis-à-vis de ce mode.

Car oui, bien que primaire et peu élaboré, il bénéficie d’un soin tout de même appréciable, et offrira aux plus acharnés un temps de jeu assez conséquent (… j’y ai personnellement passé environ cinq heures pour le moment). Il reste un mode gadget, clairement là pour assouvir la faim des fans de Alan Wake, qui auront encore besoin de beaucoup de patience pour voir un jour un second opus venir… même si désormais, comme le montre souvent Quantum Break, cette suite est d’ores et déjà confirmée.

 

Expérience singulière mais tout à fait plaisante, American Nightmare change la formule du jeu de base, tout en conservant sa qualité d’écriture et son ambiance. S’il n’est pas aussi incontournable que le jeu d’origine, il n’en reste pas moins un divertissement très satisfaisant et soigné, qui propose une durée de vie honnête à un prix très abordable. Jouable sur Xbox 360, One et PC, bouder American Nightmare serait dommage, surtout si l’on aime Alan Wake.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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