Alpha Protocol

Alpha Protocol

Lorsque je prend en main un jeu créé par Obsidian, je tombe systématiquement dans le même schéma : je le commence, je tombe sur un bug parmi la jungle de ceux existants, je l’abandonne, pour mieux le reprendre un an plus tard, et finalement y succomber tellement les éléments positifs amènent à faire fi des nombreux défauts. Alpha Protocol n’a clairement pas échappé à la règle. Pourquoi ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !

 

Après tout, en commençant à le prendre en main, j’ai finalement fait une erreur. Je pensais avoir affaire à un Third Person Shooter où l’on trouverait des éléments de RPG. Mais voilà, c’est plutôt l’inverse ; ce n’est pas votre habileté et votre précision au mulot qui va faire la différence face à vos ennemis, mais plutôt les compétences de votre avatar. En clair, avoir votre viseur pointé pile-poil entre les deux yeux de votre cible ne va pas servir à grand chose si vous ne possédez pas les compétences requises aux gunfights. Mais au delà de ça, nous sommes bel et bien devant un très grand RPG d’espionnage, pouvant tout aussi bien s’enchaîner en mode bourrin qu’en ombre parmi les ombres, et avec des choix ayant réellement des conséquences sur la trame principale du scénario.

Mais commençons par le commencement ! Nous incarnons ici l’agent Michael Thorton, embrigadé dans une organisation secrète américaine, employant d’anciens agents devant être indépendants financièrement, à la manière des mercenaires. Après un didacticiel rapidement expédié qui vous montre les rudiments du gameplay, votre première affectation vous est donnée : démanteler une organisation terroriste dénommée « Al Samad », en Arabie Saoudite, qui projette un attentat à la suite d’un vol d’armes lourdes à une multinationale de l’armement. Mais, après quelques petites missions, en raison d’un enchaînement d’événements tous plus fâcheux les uns que les autres, votre organisation vous lâche, vous transformant en Jason Bourne bis. A vous de remonter toutes les pistes en fomentant des alliances, dans le but de mettre à jour un complot mondial, qui va vous trimbaler de la Russie, à Taïwan, en passant par l’Italie.

Au fur et à mesure de l’avancement, une chose m’a sauté aux yeux : j’avais bien souvent l’impression que les personnages et les situations s’adaptaient à mon comportement, plutôt que l’inverse. Et c’est vraiment ce point particulier qui m’a fait supporter avec stoïcisme un gameplay que l’on pourrait presque qualifier de foireux – il vaut mieux savoir faire preuve d’abnégation. Et pour le coup, bien que j’affectionne également ce genre, on est très loin des jeux aux choix illusoires à la Telltale. Pour chaque mission, vous devrez vous déplacer dans une zone afin de remplir votre objectif, tout en ayant la possibilité de compléter des objectifs secondaires variés. Pour ce faire, deux approches seront possibles : soit rentrer dans le vif du sujet à la manière bien létale d’un Jack Bauer, en tuant tout ce qui apparaît dans votre champ de vision, soit fusionner avec les ombres en ne laissant aucune trace et en ne tuant personne. Votre manière d’agir aura des conséquences sur le déroulement actuel de votre mission, mais également sur d’autres, ultérieurement, vous faisant parfois regretter certains choix.

Mais les choix des options de dialogues rentrent bien évidemment en ligne de compte vis-à-vis du déroulement du scénario. En effet, au fur et à mesure de votre progression, vous aurez la possibilité de nouer des contacts plus ou moins étroits avec des compagnons – pouvant aller jusqu’à la romance. Ils ne seront pas forcément sur le terrain avec vous, mais pourrons vous fournir un soutien logistique et de négociation non-négligeable, qui se traduira en cours de mission par divers bonus ou situations.Par exemple, tuer froidement une personne alors que votre contact abhorre la violence nuira forcément à vos futures relations, mais chacun réagira différemment à vos actes et paroles. Bref, le jeu ne vous pousse pas à jouer d’une certaine manière. Il vous pousse au contraire à jouer comme vous le souhaitez, quitte à faire des choix vraiment foireux. Bon par contre, au niveau des archétypes de personnalités, on tombe tout de même sur les écueils du parrain ou du terroriste tel qu’on se le représente dans l’imaginaire populaire.

Dans la palette d’action du parfait petit espion, l’agent Thorton pourra pirater une multitude d’équipements ; neutraliser des caméras de surveillance ou des tourelles automatiques, tout comme la lecture frauduleuse d’une messagerie ou de dossiers compromettants. Cela se traduit par un mini-jeu chronométré où l’on doit faire correspondre deux suites de caractères dans un écran regroupant un ensemble de caractères en constant changement. Difficile de s’y retrouver au début, mais l’on prend rapidement le coup de main finalement. Un autre mini-jeu également chronométré sera utilisé lorsque l’on doit désactiver une alarme ; nous devons ici faire correspondre des circuit électriques d’arrivée et de départ. Enfin, nous pourrons crocheter des serrures en alignant les broches. Mais si ce genre de mini-jeux vous gonfle, vous aurez tout à fait la possibilité de les esquiver grâce à un EMP bien placé, que vous pourrez acheter entre les missions.

En parlant d’équipements, outre l’EMP, des trousses de soin ou des grenades, vous pourrez porter sur vous uniquement deux armes, qu’elles soient létales ou non. Cela va du pistolet, au fusil à pompe, ou bien encore une mitraillette, un fusil tranquillisant, et un fusil d’assaut. Ceux qui progresseront dans la branche relative au combat au corps à corps pourront débloquer un couteau Karambit. Enfin, selon les bonus débloqués entre les missions, des fusils de sniper seront occasionnellement disponibles. Toutes les armes sont customisables à travers l’ajout de modules sur le canon, la poignée, le chargeur ou le viseur ; pouvoir disposer d’un silencieux est toujours appréciable !Il en va de même avec votre armure que l’on pourra également renforcer. Toutes ces updates de matériel peuvent s’acheter dans notre planque à travers le marché noir disponible sur votre ordinateur. Outre ce marché noir, nous pourrons consulter notre messagerie et répondre à certains messages. Il existe toujours différentes options de réponse, encore une fois pour les calquer à votre comportement, ce qui aura encore une fois des conséquences dans vos missions et relations.

Mais acheter tout un arsenal ne vous transformera pas pour autant en guerrier invincible. Avec l’expérience glanée à travers les missions, nous pourrons améliorer notre agent à travers différentes branches de compétences ; la furtivité, le maniement d’une arme en particulier, les arts martiaux, et le sabotage. Avancer dans une branche en particulier permettra de débloquer des bonus actifs et passifs ; si au début vous serez aussi habile avec un flingue qu’avec une aiguille à tricoter (… je suppute que vous êtes des mouettes avec cet objet), dépenser vos points d’expérience dans la branche adéquate vous fera énormément gagner en précision. Ou bien de ralentir légèrement le temps pendant un combat au corps à corps en disposant d’un bonus passif dans la branche des arts martiaux. Ou bien encore de minimiser les détections des caméras et tourelles, vous laissant quelques secondes salvatrices pour ne pas se faire repérer.

Là où le bât blesse, c’est en termes de maniabilité, car il est vraiment plutôt adapté pour les consoles avec manette ; l’agent Thorton fait de la résistance, au point que l’impression de manier un bot fait surface pour ne plus jamais vous quitter. Et c’est là que votre force d’abnégation rentre en jeu. Les animations ne sont également pas en reste pour nuire à l’immersion. La démarche furtive n’est vraiment pas du tout crédible, et le moindre pot de fleur va nécessiter un contournement. En parlant de furtivité, j’ai toujours trouvé abusif l’utilisation d’une IA messianique, où à la moindre détection de corps ou d’alarme lancée, tous les ennemis convergent automatiquement vers votre position, quand bien même ils n’ont jamais eu de visuel sur vous.

Par ailleurs, vos ennemis sont parfois décérébrés car ils ne penseront pas toujours à se mettre à couvert. D’un autre côté, quand bien même on peut se forcer à utiliser l’approche furtive en redoublant d’efforts et de concentration, cela finit quasi-systématiquement par tomber à l’eau à cause d’un vilain bug ; l’IA messianique voit parfois à travers les murs, oui. En clair : même en privilégiant l’approche furtive, ne négligez pas quelques compétences offensives pouvant parfois bien vous sauver la mise.

 

Qu’on se le dise, Alpha Protocol est un diamant mal dégrossi nécessitant de la persévérance, mais dès que son scénario très bien ficelé prend le dessus sur les nombreux problèmes techniques, on ne le lâche plus. C’est un titre qui révèle tout son potentiel après plusieurs runs, même si je vous l’avoue, il faut vraiment avoir la foi pour le recommencer plus de deux fois. Un titre à essayer d’autant plus si l’on apprécie les histoires d’espionnage.

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

Un commentaire sur “Alpha Protocol”

  1. redd dit :

    Diamant mal degrossi, oui c’est le mot.
    Une qualité d’écriture exceptionnelle. Et un scénario qui rivalise avec mon chouchou de tous les temps : KGB de Cryo.
    Mais un gameplay vraiment à la ramasse…


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