Bienvenue dans la matrice

Notre monde est moderne. Bouleversante déclaration s’il en est. D’ailleurs, on y voit d’ores et déjà se multiplier des chasseurs de Pokemon dans la réalité augmentée. Et c’est en partant de ce postulat que, bien décidé à ne pas me jeter du haut d’une falaise lors d’une chasse virtuelle, j’ai décidé de tester ce qui pourrait sembler gadget pour bon nombre d’entre vous : un casque de réalité virtuelle. J’ai jeté mon dévolu sur le top of the pop du marché, à savoir le HTC Vive, celui-là même qui est le fruit d’une collaboration entre le constructeur taïwanais HTC, et le champion de la dématérialisation, Steam. Hype permettant d’être pris pour un couillon par les personnes qui vous regardent jouer, ou réelle plus-value dans l’industrie vidéo-ludique ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !

 

Je récupère donc ce fameux casque directement en magasin, et là où je pensais récupérer un carton qui rentre dans mon sac à dos, je me retrouve à sortir avec un colis clairement massif pesant pas moins de 8 kilos. Un vrai bonheur à trimballer dans les transports parisiens que ce colis faisant la taille d’une demi-poussette, pendant les heures de pointe, alors qu’il y a des travaux obligeant ainsi à emprunter un trajet alternatif tout aussi chargé qu’il est asthmatique. Oui, la poussette est une unité de mesure à Paris ; une poussette, ça fait chier, une poussette pour jumeaux saoule doublement, tandis qu’une pour triplés (cas fort heureusement rare) donne des envies de meurtre. Une heure de contorsion pendant le trajet et deux litres de transpiration plus tard, me voilà arrivé à destination, prêt à déballer ledit colis.

Après avoir ouvert le carton dans le carton (… où comment la logistique adopte un système de poupée russe), sortir tous les éléments donne le vertige ; où vais-je bien pouvoir caser tout ce merdier ? En effet, au-delà du casque en lui-même, on retrouve pêle-mêle :

–    De la documentation (… mais la partie utile est franchement light)
–    2 stations de base permettant de délimiter le périmètre de jeu
–    2 manettes plutôt ergonomiques
–    1 boîtier de liaison pour relier tout le bousin
–    Des écouteurs à relier au casque
–    Un coussin facial de rechange, ainsi qu’un petit chiffon de nettoyage
–    Une pleine pelleté de câbles et de fixations

Eh oui, la part de documentation utile est assez consternante (… le gros pavé est relatif à la sécurité, tandis qu’il en existe un autre pour la garantie). En effet, rien n’indique où et comment brancher tel ou tel composant. Je n’ai donc point trouvé mon salut là-dedans, mais dans le Grand Internet (… loué soit son nom). Quoi qu’il en soit, première étape, placer les stations de base ; cela va permettre de délimiter la zone (… d’un maximum de 5 mètres sur 5) que l’on va utiliser. Il est également possible de définir une zone plus réduite, où l’on sera statique, c’est à dire debout, ou posé sur le canapé, bien que cela ne permette pas de jouer à tous les jeux. A noter qu’il est d’ailleurs préférable de placer ces stations en hauteur, légèrement orientés vers le bas, afin qu’elles aient toujours le casque et les manettes en visuel, sans risque de rencontrer des obstacles. Pour le reste, après avoir galéré avec les câbles, j’ai réussi à finalement relier le tout correctement.

Deuxième étape, installer le logiciel de HTC (… dont l’installation se récupère sur leur site), qui obligera également d’installer Steam au passage, de part la collaboration avec Valve. C’est d’ailleurs à ce moment-là que l’on vérifie la synchronisation de tous les éléments, et que l’on effectue la configuration. Tout cela se déroule à travers des écrans suffisamment clairs et bien expliqués pour ne pas avoir un claquage du cerveau. Une fois le logiciel d’HTC installé, ainsi que l’application Steam VR sur la plateforme du même nom, c’est le moment de faire le grand saut ! Casque sur la caboche et manettes en main, plusieurs constats s’imposent.

Tout d’abord, il faut dire ce qui est : beaucoup, vraiment beaucoup trop de câbles, de ceux qui sortent du casque, mais également tous ceux liés aux différents éléments. Si vous installez ça à la wanagen, attendez-vous à pester à chaque fois que vos pieds (… que vous ne voyez forcément pas) se prennent dedans. Pour le reste, même si cela peut sembler une évidence à dire, pensez bien à dégager tous les meubles alentours ; mon tibia s’en rappelle, après avoir rencontré une table basse aussi réelle qu’invisible… Pour rester sur le casque, la bonne trouvaille a été d’inclure une prise jack plutôt qu’une sortie son intégrée. Les sangles du casque n’étant franchement pas volumineuses, rien ne vous empêche d’intégrer votre propre casque, quel que soit sa forme ou sa taille. Au niveau des autres éléments, sont intégrés une caméra frontale, un bouton système, ainsi qu’une molette permettant de régler la distance entre les lentilles afin de les adapter à votre vue. Pour cette dernière, j’ai trouvé cela quelque peu galère à régler.

Afin d’accompagner ce casque, deux manettes sont fournies. La prise en main y est d’ailleurs agréable, et les interactions intuitives. Et c’est précisément pendant le didacticiel que l’on s’en rend directement compte. Tout droit sorti de Portal 2, le robot qui nous guidait dans ce jeu se retrouve à nous expliquer comment interagir avec notre nouvel environnement virtuel, environnement ressemblant fortement aux salles de test d’Aperture Science. A noter que des mods existent afin de modifier cet environnement, et force est d’avouer que pas mal de joueurs ont concrétisé leurs trips. Pour ma part, je me suis sobrement installé dans les quartiers stellaires de l’homme trouble (Mass Effect).

Parmi les jeux à essayer, d’autant plus qu’il est totalement gratuit, on note tout d’abord The Lab, de Valve. Comme son nom l’indique si bien, on se retrouve dans un laboratoire d’Aperture Science, à tenter un ensemble d’expériences dans différents univers. Parmi les plus funs, j’ai pu tenter Slingshot où, à l’aide d’un lance-pierre expérimental, on s’amuse à détruire intégralement l’entrepôt dans lequel on se trouve, avec des boules qui parlent. Le but ? Tenter de faire péter le hi-score (… quand bien même ces scores ne sont pas gardés en mémoire). Le jeu étant tiré de l’univers de Portal, on retrouve tout l’humour caustique et décapant de Valve. D’ailleurs, la destruction n’est pas la seule application possible, puisque avec le module Solar System, entre autre, on se retrouve au milieu du système solaire à… well… euh… jouer au bowling avec les planètes ?

Le module Robot Repair vous permettra de retrouver l’amie GladOS, et son gâteau qui n’est finalement peut-être pas un mensonge. Disons-le sans détours : The Lab est bel et bien la première chose qu’il faut tenter après l’acquisition d’un HTC Vive, car Valve démontre une fois de plus qu’ils ont un sens de la mise en scène très développé. Malgré tout, et quand bien même toutes ces expériences sont clairement excellentes, elles sont bien trop courtes, et les interactions parfois limitées. Il en va de même avec une très courte expérience (… gratuite également) dans l’univers de Star Wars, où l’on peut faire mumuse pendant une vingtaine de minutes. Bien foutu, vraiment, même si on l’impression à l’issue d’avoir fait un tour de manège. Alors, oui, il est clair que pour l’instant, tout ceci est bel et bien majoritairement contemplatif, aux balbutiements du potentiel réel de cette nouvelle technologie. Malgré tout, en essayant quelques démos d’autres jeux gratuits, on se rend rapidement compte du ludisme que pourrait apporter la réalité virtuelle à nos jeux vidéo, dès lors qu’elle y est pleinement intégrée.

On se retrouve littéralement dans la peau d’un autre personnage, et je n’ose imaginer ce qu’un RPG en 3D pourrait provoquer chez moi. Le summum de l’immersion en quelque sorte ! Enfin, lorsque je parle d’un RPG, je parle d’un véritable RPG, un qui s’affirme avec un scénario intéressant comprenant choix et conséquences. En effet, les jeux utilisant la réalité virtuelle et disponibles sur Steam n’échappent pas à la règle du « je catégorise mon jeu comme ça me chante« . Dans les jeux gratuits, on retrouve évidemment des jeux se déroulant dans un univers fantastique et qu’il se targuent d’être des RPG ; on peut y lancer des sorts avec le mouvement des manettes, le tout en vue FPS. Est-ce que cela en fait un RPG pour autant ? Eh bien si vous en doutez encore, je vous invite à relire le dossier de Marcheur sur ce genre de jeux !

A partir de Steam VR, nous avons également accès à l’interface Big Picture de Steam, où nous aurons la possibilité (… toujours via les manettes), d’utiliser la plateforme comme nous avions l’habitude de le faire avec un clavier et une souris. Retrouver son jeu parmi la masse peut par contre paraître un poil bordélique. De toute manière, il faut juste prendre en compte le fait que le catalogue de jeux en VR n’est, à l’heure actuelle, pas hyper développé ; encore peu de titres valent réellement la peine de claquer du pognon dans cet appareil, bien qu’il faille aussi avouer que c’est le lot de tous les nouveaux supports de console. Mais, quoi qu’il en soit, ce fut l’occasion de m’adonner à un nouveau vice chronophage, à travers le jeu Elite Dangerous, un shooter spatial à la sauce Freelancer.

Installé confortablement dans mon fauteuil de patron, manettes en main, je me retrouvais alors dans le cockpit de mon chasseur spatial. Je ne sais pas vous, mais dans les années 90, lorsque je découvrais les premiers FPS (… le tout premier Doom par exemple), j’avais une forte tendance à regarder dans les recoins de mon écran lorsque je me trouvais à couvert derrière un pan de mur, afin de voir si je pouvais distinguer des ennemis. Bien évidemment, cela ne fonctionnait pas, et je passais irrémédiablement pour un couillon ; le côté rassurant étant que je n’étais clairement pas le seul à tomber dans le panneau. En 2016, me voilà à tourner dans tous les sens, à toujours paraître couillon, mais à enfin disposer d’une vue à 360°. C’est tout simplement bluffant tellement l’immersion est totale, l’intégration au cockpit excellente, et l’expérience fluide.

Si j’accélère avec ma manette, le bras de mon avatar fait de même avec le levier de manière simultanée. Idem lorsque l’on appuie sur le bouton de tir, permettant ainsi de faire parler le plomb et les lasers. Fixer du regard un élément du cockpit, à l’instar de l’utilisation du curseur de la souris dans le jeu en mode normal, développait le menu de ce dernier ; dans le cas de la mini-map, cela ouvrait la carte détaillée de la galaxie. Et ceci était valable pour d’autres écrans disponibles dans ce cockpit. Se balader dans un champ d’astéroïde, tout en scrutant tous les côtés du vaisseau afin de checker qu’aucun rocher n’ira entraver ma progression, tout en regardant mes ennemis frôler mon engin… et me défourailler avec une prestance que je n’ai pas. Je n’ai juste vraiment plus de mots pour décrire les sensations procurées, si ce n’est, encore une fois : bluffant. Finalement, je me retrouvais réellement dans le même état d’excitation qu’un gosse qui découvre un nouveau jouet.

Attention toutefois : je vous conseille très fortement de jouer à ce jeu en mode normal au préalable, histoire de maitriser le gameplay avant de vous lancer dans le mode VR. Enfin, il faut également savoir que les manettes du HTC ne sont pas compatibles, et que vous devrez soit utiliser votre manette habituelle, soit votre clavier / souris (… que vous ne voyez pas, donc).

Malgré tout, j’ai fait un autre constat : sans avoir une foudre de guerre, ou dernier-cri high-tech, j’ai bien senti que mon PC gamer commençait parfois à sortir ses rames lorsqu’il y avait beaucoup d’éléments à gérer à l’affichage. Alors, avant même de songer à en faire l’acquisition, vérifiez bien les prérequis matériels de votre PC, sans quoi tout ceci ne vous sera guère utile. D’ailleurs, pour rester sur la technique, autant la reconnaissance des mouvements et la réactivité face aux différentes interactions virtuelles étaient franchement au top, difficile d’affirmer que le rendu d’affichage soit encore pleinement satisfaisant. En effet, moi qui n’ait jamais eu de problèmes de vue, j’ai pu me rendre compte grâce à la réalité virtuelle de ce que pouvait engendrer un problème de légère myopie ; pas de soucis sur les plans rapprochés, tandis que les éléments lointains s’affichent avec un peu moins de précision. De ce que j’en ai vu lors de différentes présentations, son concurrent l’Occulus Rift fait, de son côté, un peu moins bien.

On entrevoit alors toutes les limitations que cela implique, et je m’en suis d’autant plus rendu compte sur Elite Dangerous qui demandais justement de la précision sur des éléments distants. Comme être précis sur quelque chose que l’on distingue mal au loin ? En lui collant au cul, ce qui peut rapidement devenir lourdingue car peu évident. Le problème serait tout à fait identique sur un FPS normal, ou bien encore sur un jeu de bagnole. Comment corriger le tir ? En améliorant la définition sur chaque œil (… 1080 x 1200 pixels par œil à l’heure actuelle). Sauf que l’augmenter signifierait qu’il faudrait disposer de PC encore plus puissants, ce qui, au bout du bout, reviendrait à vous coûter vos deux bras. Mais, il faut surtout retenir que nous sommes aux prémices de cette technologie, et bien qu’elle soit d’ores et déjà exploitable, il ne reste plus qu’à voir ce que les développeurs de jeux vidéo (ou l’industrie cinématographique) vont en faire.

Pour ce qui est justement des applications autres que dans celui du domaine des jeux vidéo, on peut noter l’existence de certains logiciels, permettant d’utiliser son ordinateur dans un environnement virtuel. Ainsi, j’ai pu expérimenter le visionnage d’un épisode de Game Of Throne dans un cinéma virtuel. Expérience ô combien immersive, et qui présentait le quadruple avantage de ne pas subir la tête du type trop grand présent devant vous (… toutes les personnes à verticalité contrariée me comprendront), de ne pas galérer à trouver une bonne place, de ne plus avoir à supporter les rires nerveux de mômes ou de gourdasses après une scène un peu trop intense, le tout en étant tranquillement posé sur mon canapé. Franchement royal.

L’industrie cinématographique y a également vu les applications possibles, puisque l’on voit se multiplier à droite et à gauche de courtes vidéos au format 360° pour réalité virtuelle. Et lorsque l’on parle de vidéos, le milieu où celles-ci sont le plus visionné sur internet a décidé de ne pas louper le coche. De quelle industrie s’agit-il ? Du porno, bien évidemment. Grand reporter devant l’extrême, ne reculant devant aucun risque, et déterminé à aller jusqu’au bout des choses, je suis allé voir ce que cela donnait (… un incroyable sens de l’abnégation, n’est-ce pas ?). Et, si devait résumer l’expérience en un mot, ce serait : perturbant. Pour être plus clair, j’avais l’impression d’être un nain regardant des colosses en pleine orgie, au point de pouvoir entrer dans… hmm, je m’égare. Comme je le disais plus haut, cette technologie n’en est vraiment qu’à ses balbutiements.

 

Est-ce que je recommanderais l’achat d’un tel casque ? Eh bien, à l’heure actuelle, j’aurais tendance à dire que tout dépend ce que vous comptez en faire, car il s’agit réellement d’un investissement. Pour ma pomme, ne serait-ce que pour la dizaine d’heures d’expérimentation à mon actif, je ne regrette absolument pas mon achat. Néanmoins, il est clair que le catalogue de jeux vidéo n’est pas encore assez fourni actuellement. Mais, il faut également savoir que les vrais jeux, ceux qui vont envoyer du bois, sont encore en cours de développement. M’est avis que la réalité virtuelle, si elle ne s’est pas encore démocratisée, nous promet encore de nombreuses surprises ! D’ici-là, soyez sûr que je vous en ferai un topo régulièrement…

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

4 Commentaires sur “Bienvenue dans la matrice”

  1. redd dit :

    Super intéressant !
    Je pense que la VR a un super potentiel, autant dans certains jeux (pas tous) que dans le domaine du culturel (visiter des villes, ou même des villes telles qu’elles étaient à d’autres époques , visiter des musées aussi), et même d’autres encore (qui a dit porno ?).
    Mais c’est peut être encore un peu tôt. Il manque des équipements, comme de vrais gants. Des applications dédiées plus jolies que ce qu’on peut voir. De la réalité augmentée à foison aussi.
    Et un jour, de l’odoramat !

    Bref c’est pas pour tout de suite mais on y vient, et ça me donne envie ! (bon ok on sera encore plus geeks qu’avant, mais merde ^^)

  2. Toupilitou dit :

    j’avoue que des gants ce serait nettement plus confort, mais les manettes sont suffisamment bien pensée. D’ailleurs, sur certains jeux, les manettes sont représentées en tant que mains flottantes, et du coup tu les oublies (presque).

    Pour le reste, j’attends les vrais jeux, même si j’en ai déjà quelques-uns à tester !

  3. Franchement cela donne envie! Vraiment! Par contre on est encore loin du holodec de Star Trek, on est bloqué dans nos mouvements (25m² c’est peu) et aussi on est toujours dépendant de manette. Mais soyons optimiste ce n’est que le commencement!

  4. Toupilitou dit :

    Bah déjà, 25 m², je trouve que c’est plutôt pas mal, parce qu’il faut aussi avoir l’espace requis dans la pièce où tu as installé ça ^^

    Après, tout dépend de quelle manière les développeurs ont pensé les déplacements de leurs jeux. Pour l’instant, j’ai vu de la téléportation, ou via le trackpad (c’est celui qui rend le mieux), ou bien encore via une pression sur le trackpad.

    Sinon, encore une fois, je n’ai pas trouvé les manettes rebutantes, dans le sens où elles tiennent bien en main, et que leur représentation virtuelle peut changer selon le bon vouloir des développeurs. Là encore, selon la manière dont ils les gèrent, ça peut passer crème.


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