Civilization V – Gold Edition

Civilization V

S’il y a bien une licence d’anthologie que l’on pourrait qualifier de chronophage, il s’agit bel et bien de Civilization ; quiconque aime les 4x et y joue se voit atteint du syndrome du « Allez, encore un dernier p’tit tour ». Sous l’impulsion de Sid Meier qui connait bien la musique, Firaxis, développeur de ce cinquième opus, devait jongler avec les éléments qui ont fait le succès de la série, tout en essayant d’amener une couche de nouveauté, quand bien même ce jeu est déjà ultra-riche. Cette Gold Edition de Civilization V a-t-elle finalement réussi sa recette ? C’est ce que nous allons voir ensemble. C’est parti !

 

Civilization, c’est les mêmes ingrédients depuis plus de vingt ans ; prenez un grand nombre de civilisations différentes, et incarnez l’une d’entre-elles à partir de l’antiquité jusqu’aux temps modernes. Satisfaire sa population, découvrir des technologies, gérer la diplomatie, exploiter des ressources, construire une armée, se développer, étendre son territoire, etc… Eh oui, il s’agit bel et bien d’un 4X : Exploration, Expansion, Exploitation et Extermination. L’exploration vous permettra de découvrir des ruines, des ressources, des nations. L’expansion vous permettra de préempter des ressources et développer votre économie. L’exploitation vous autorise à gérer des ressources, tandis que l’extermination vous permettra de vous débarrasser d’un adversaire encombrant ou simplement sur votre trajet. Les plus fourbes gagneront la confiance de différentes nations pour mieux les exterminer par la suite, mais il faut de nombreuses années pour que les autres nations oublient vos actes, nuisant ainsi à l’ensemble de votre diplomatie.

Dans un premier temps, Firaxis a axé le développement sur l’accessibilité et la convivialité dans le but de toucher un nouveau public. La fan-base a immédiatement crié au scandale et les DLC sont venus corriger la donne, ramenant une couche de complexité salvatrice pour les supporters de la première heure.  En termes d’ergonomie d’interface, seules les informations indispensables apparaissent à l’écran, tandis qu’un fil d’événements présenté sous la forme d’icônes flashy sur la droite de l’interface. Ainsi, il est possible de connaître rapidement tous les points qui nécessitent une attention particulière immédiate, tandis que les mordus de données et statistiques peuvent s’abreuver de tout leur saoul via les différents menus.

Autant le dire de suite, tout y est plus rond, lisible, et coloré que dans les précédents opus, sans perdre malgré cela les fidèles de la série qui retrouvent immédiatement leurs marques. Le bouton permettant de passer au tour suivant a également été revu afin de se transformer en choix de recherche ou de construction lorsque cela est nécessaire. Au chapitre des nouveautés, on note également la présence d’info-bulles au survol avec la souris, et ce sur l’ensemble des éléments de l’interface. En somme, un lifting plus que bienvenu !

Finalement, tout y est davantage assisté ; que ce soit en termes de construction ou de recherche, le jeu vous conseillera tel ou tel choix en fonction de sa catégorie (militaire, culturel, économique et scientifique). En ouvrant le menu adéquat, il sera possible d’accéder aux conseillers desdites catégories afin qu’ils détaillent le pourquoi de ce choix. Lorsque la situation devient critique dans un de ces domaines, il arrive qu’un conseiller fasse une irruption afin de souligner l’importance d’agir dans le sens qu’il convient, mais rien ne vous empêche de royalement l’ignorer, car dans le fond, c’est vous le boss ! Malgré tout, on se rend compte que la majorité des informations disponibles ne sont que superficielles, et accéder à chacun des détails peut vite s’avérer fastidieux à chercher le bon menu.

A côté de cela, les graphismes ont eu droit à une refonte, proposant des textures plus détaillées, et de choix de couleurs un peu plus sexy. On note également la présence de légères animations pour rendre l’ensemble moins statique que ce à quoi on pourrait s’attendre. Enfin, l’aspect sonore reste fidèle aux situations rencontrées, sans devenir pour autant envahissant. Par contre, même sur un PC récent, la gestion de tous les paramètres du jeu sollicite énormément de ressources, et c’est pourquoi il ne faut pas vous attendre à des animations de folies avec des graphismes capables de vous décoller la rétine.

Ceci étant dit, ne refermons pas immédiatement le chapitre des nouveautés, puisque des changements ont été opérés sur les doctrines sociales, le système de combat et les cités-états. En ce qui concerne les combats, par exemple, un ajout crucial stratégiquement parlant a été implémenté : il n’est plus possible de cumuler des unités de combat sur une même case. Ainsi, impossible de mettre sur une même case (au hasard, une capitale ?) toutes vos unités militaires. C’est donc maintenant au joueur de profiter de cet intérêt stratégique en gérant comme il se doit les placements et la répartition de ses unités.

Et cela tombe bien puisque la carte du jeu est décomposée en une multitude d’hexagones afin de permettre un positionnement plus précis. Et finalement, on se rend compte que les possibilités tactiques se retrouvent multipliées comme des petits pains lorsque l’on prend en compte le fait que les unités d’attaque à distance peuvent être actives sur un maximum de 3 hexagones. Pour être plus clair, en prenant en compte l’aspect géographique du terrain, il est tout à fait possible à un joueur en infériorité numérique d’arriver à repousser un ennemi nettement plus puissant.

Les tacticiens les plus fins doivent probablement douter de mes propos, mais il faut savoir que dorénavant, la production d’unités militaires peut dépendre de différentes ressources, au-delà des besoins monétaires. Pour donner un exemple concret, comment espérez-vous créer une garnison de cavaliers sans disposer de chevaux, ou bien créer des fantassins sans métaux pour les armer, ou bien encore de vous équiper de chars sans disposer de pétrole.

La détention de ressources devient donc clairement indispensable, que ce soit sur votre terrain, ou via des échanges commerciaux avec d’autres nations. Par ailleurs, dans les précédents opus, lorsqu’une unité militaire attaquait un colon ou un ouvrier, ces derniers étaient automatiquement détruits. Ce n’est plus le cas dorénavant puisqu’ils se retrouvent « convertis » et assimilés à l’effectif de l’attaquant. Mais, attention, si vous privez vos alter-ego de ressources capitales, allant jusqu’à capturer ses unités civiles ou en s’installant trop proche de ses frontières, le retour de bâton ne se fera pas attendra, tant au niveau diplomatique qu’économique.

Eh oui, la diplomatie n’est pas en reste ! L’apparition de Cités-Etats, sorte de petite nation neutre se contentant d’une seule ville, et dépourvue d’ambitions de conquêtes territoriales. Leur nombre est défini en début de partie, et il ne tient qu’à vous de les considérer en tant que partenaire commercial, ou de territoire à annexer, ou bien encore d’alliés. Nouer une alliance avec une Cité-Etat pourra amener occasionnellement quelques missions, tel qu’un pacte de défense ; il s’agit d’une protection mutuelle de défense face aux velléités conquérantes de nations voisines.

Mais, l’intelligence artificielle adverse ayant toujours tendance à attaquer en premier lieu ces Cités-Etat, multiplier de telles alliances pourrait accélérer votre chute, ou tout du moins dégrader durablement vos relations avec les nations adverses. D’ailleurs, lorsque l’on parle de diplomatie, lorsqu’un dirigeant d’une nation belliqueuse vous demande le libre passage sur votre territoire, réfléchissez-y à deux fois sous peine de vous retrouver encerclé avant même d’avoir pu dire « ouf« . Dans le même ordre d’idée, soupesez bien le pour et le contre en ce qui concerne l’échange ou la vente de ressources…

La dernière grosse nouveauté concerne les doctrines sociales à adopter par votre nation, ces dernières remplaçant ce qui faisait office de gouvernement dans le précédent opus. Il existe au total dix doctrines, allant de l’honneur pour l’aspect militaire, l’égalité pour développer le côté culturel, etc… Votre nation génère des points de culture en fonction des bâtiments présents dans vos villes. A certains paliers, vous aurez la possibilité de dépenser un point dans ces arbres de compétences des doctrines. On pourrait regretter ici l’absence de malus dans ce concept, puisque ces arbres ne proposeront que des doctrines parfois bien fumées en termes de bonus.

Par ailleurs, certaines d’entre elles apparaissent comme inutiles comparées à d’autres et révèle un certain problème d’équilibrage. Même si la culture ne permet plus d’étendre son territoire, elle reste tout de même un facteur déterminant dans la course à la victoire. L’extension du territoire s’effectue progressivement grâce à la taille de la population des villes, et du fait que vous achetiez des hexagones supplémentaires à travers l’interface d’une ville.

Jusque-là, on peut considérer que Civilization V est déjà bien complet. Moins que le précédent opus diront certains, mais c’est là que la Gold Edition rentre en jeu ! Un des grands absents de la version de base était la religion, se limitant à une doctrine toute simplette. Les dents ont suffisamment grincé pour que Firaxis ponde une extension rétablissant cet oubli. A vous les joies de la création d’une religion de toute pièce – ou d’en fonder une qui existe dans la réalité – en choisissant ses doctrines et avantages. Chaque IA ou joueur pouvant faire exactement la même chose, vous pourrez faire du prosélytisme à outrance. Je me rappelle lors d’une partie multijoueur avoir créé la religion de la « secte loutrée« , qui est devenue la religion la plus répandue à travers le monde, allant jusqu’à faire oublier toutes les autres.

Mais pour arriver à cela, il va vous falloir de la patience et du doigté ; vos adversaires tiqueront si vous cherchez à supplanter de force leur religion respective. Et sachez qu’un conflit religieux peut très bien déboucher sur un conflit diplomatique et / ou économique, voire une guerre. Il en va de même avec l’espionnage qui ne faisait pas partie du jeu de base. Vous disposez d’un petit nombre d’espions qui pourront défendre les secrets technologiques de vos villes, ou les dérober chez vos adversaires. En cas de réussite, ils gagneront alors un niveau et seront plus efficaces. A vous de les répartir avec parcimonie ; l’IA, qui elle-même abuse à outrance de l’espionnage, s’avèrera à fleur de peau dès lors qu’elle détectera l’un des vôtres.

Comme si cela ne suffisait pas, des scénarios ont été inclus, histoire de pouvoir revivre de célèbres batailles historiques. Et à côté de cela, de nombreux mods développés par la communauté permettent de remplacer divers éléments, jusqu’à transformer l’existant en, par exemple, un ersatz de Game Of Thrones. De quoi prolonger encore plus la durée de vie d’un jeu qui est par définition sans fin. Rajoutez une couche de multijoueurs par-dessus tout ça et vous obtiendrez un véritable gouffre à vie sociale. Le seul gros défaut que j’aurais à faire à ce jeu serait dans le dosage de l’intelligence artificielle. Pour espérer avoir un véritable challenge, il est conseillé de monter jusqu’au sixième ou septième cran de difficulté, sans quoi vous pourrez prédire le comportement de tous vos adversaires et leur rouler allègrement dessus.

 

Civilization V est un monstre de complexité – pour peu que l’on joue à un niveau de difficulté élevé – sous une apparence simpliste. Pour tous les amateurs de 4x aimant gérer tout un tas de paramètres, il s’avère tout simplement indispensable. Par contre, de par son aspect chronophage, réservez-le surtout pour vos longues soirées d’hiver !

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

Un commentaire sur “Civilization V – Gold Edition”

  1. redd dit :

    Je ne suis pas un grand fan de ce genre de jeux, mais j’avais joué à Civ 1 dans les années 90. J’étais curieux de voir ce que donnait les dernières éditions alors j’ai un jour acheté Civ 5 (pas gold par contre). Pas du tout déçu : c’est le même jeu mais en mieux smile

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