Dishonored : Death Of The Outsider

Dishonored : Death Of The Outsider

Ai-je aimé Dishonored 2 ? Fondamentalement, oui. J’ai trouvé le jeu très bon, mais juste moins marquant, voire affreusement moins que son prédécesseur. Il avait une somme de manques qui pouvaient paraître anecdotiques, mais qui mis bout-à-bout donnaient l’impression d’un jeu de commande ; en somme, faire Dishonored 2 parce que le premier avait eu du succès. Il semble que les joueurs aient été en accord avec cela, car son accueil commercial a été tiède. Il aura fallu une suite de réductions, puis de patchs, pour le rendre pleinement appréciable sur PC. Pourtant, moins d’un an après, Arkane sort ce standalone qui s’assume en tant que tel, et qui affiche un titre plutôt direct. Il est question d’en finir avec le personnage le plus mystérieux, inquiétant, et important du monde du studio Lyonnais. Le pitch, déjà plus emballant que celui du second opus, s’accompagne finalement d’une nouvelle expérience plus rafraîchissante et réussie que prévue, bien que l’on est en droit de trouver que ce nouvel arc aurait mérité, sans doute, une poignée d’heures supplémentaires. Mais, développons tout d’abord.

 

Daud, mon vieil ami. Il fallait donc que ce soit toi qui contribue à la conclusion de cette histoire débutée en 2012 avec Corvo pour héros. Pourtant, c’est toi qui dans l’ombre a eu droit à la part du roi avec deux excellents DLC, qui amorçaient une histoire de loin plus intéressante que celle du protecteur royal. Toujours est-il que ce nouvel arc vient conclure la vraie histoire derrière les deux inintéressantes trames à base de « ohlala, c’est un complot visant à une prise de pouvoir !  » des deux premiers Dishonored. La mort de l’Outsider, tout un programme : l’assassinat ultime, la quête débutée par Daud qui sera menée à bien par Meagan Foster, son apprentie qui l’a notamment appuyé dans l’assassinat de l’impératrice Jessamine.

Cette nouvelle héroïne à incarner change déjà quelque chose : tout comme le masque de Corvo ou Daud, elle a une gueule, mais à la différence du masque de Corvo (… et non du gaillard en dessous qui est complètement oubliable), elle a une personnalité, comme son mentor. On s’attache presque immédiatement à ce personnage que l’on connaît déjà un peu, et qui se voit attribuer une tâche plus excitante que toutes celles que l’on s’est vu attribuées dans la série. On ira donc trancher la gorge (… ou pas) de l’Outsider sous les traits d’un assassin d’élite. Pas de choix cette fois.

Premier changement majeur : pas de gestion du chaos. Le meurtre est donc libre. C’est à vous de voir ; vos choix n’auront ici pas de conséquences à terme. Il est cela dit toujours possible de ne tuer personne, et les cibles ne seront pas forcément à tuer, bien qu’il y ait cette fois une invitation avec récompense à la clé à trucider des individus. En effet, la nouveauté qui se fait remarquer dès le départ de ce nouveau jeu, c’est la possibilité de remplir des contrats, qui sont au nombre de treize, et sont accessibles dans les quatre premières missions sur un total de cinq. La première mission, accompagnée de deux contrats secondaires, est assez courte et ne demandera qu’une petite heure pour être conclue en découvrant la majeure partie du contenu. Le level design est pour le coup plus dirigiste qu’à l’accoutumée, bien qu’il y ait toujours de très nombreuses manières de l’aborder.

C’est la seconde et la troisième mission qui ici trouvent un écho dans quelque chose qui s’était déjà fait dans le premier opus : on est globalement, pour les deux missions, dans une seule et même gigantesque zone, mais avec des lieux accessibles / inaccessibles selon la mission. On aura droit à huit contrats pour ces deux missions, qui apportent contenu, défis, et évidemment plus de durée de vie à cette gigantesque zone, qui permet de pousser plus loin encore le concept de « bac à sable  » dans la saga Dishonored et qui représente une jolie expérimentation de ce que pourrait donner un jeu de cette série en monde ouvert. Mais, on ne lui demandera pas ça, d’autant plus en sachant les échecs constatés il y a peu pour des jeux passant du linéaire au monde ouvert (Mirror’s Edge, c’est de toi qu’on parle !)

Finir l’ensemble des missions et du contenu offert par Death Of The Outsider devrait vous prendre entre huit et douze heures selon les styles de jeux, le speedrun étant évidemment possible, sachant que le jeu est légèrement plus aisé que son prédécesseur grâce à quelques ajouts qui changent la vie (la mine grappin, les trois nouveaux pouvoirs, les nombreux charmes d’os). Globalement, la proposition de ce standalone est plus dense, et le peu de nouveautés se fait avec un usage plus libre de celle-ci. La mana ne nécessite plus de consommer des potions pour se régénérer vu qu’il suffit d’attendre. On enchaîne donc les pouvoirs à grande vitesse, et on apprécie cette souplesse supplémentaire comme il se doit. Les trois nouveaux pouvoirs sont un clignement qui permet de sauvegarder l’endroit où l’on veut se déplacer, tout en laissant le joueur libre de faire quelques actions avant de décider quand se téléporter. On a aussi la prescience qui permet de se déplacer sous forme éthérée afin de faire du repérage et marquer les ennemis / objets. Enfin, on peut prendre l’apparence d’un personnage pour s’infiltrer dans un lieu.

Ces trois pouvoirs se marient à merveille, et comme leur usage n’est plus conditionné à la quantité de mana que nous avons en réserve, on en use et abuse. Le feeling est ainsi beaucoup plus action, surtout lorsqu’on considère que le jeu ne se positionne plus et ne juge plus notre morale à tuer ou non. Les joueurs les plus bourrins se sentiront donc délivrés de toutes (relatives) chaînes, et délivreront fureur et créativité sur leurs ennemis. Joie. On appréciera aussi que le standalone arrive à faire varier les situations et que certaines possibilités d’approches transforment vraiment la manière d’aborder le jeu. Je me suis d’ailleurs surpris à trouver que, sur la dizaine d’heures passées à parcourir le titre, je trouve davantage de moments marquant que dans un second opus pourtant plus long.

C’est finalement surtout le scénario qui redresse le plus la barre de ma déception du second opus. Car, oui, sans Dishonored 2, pas de mort de l’Outsider. Et il faut bien admettre que l’antagoniste principal de ce nouvel opus est le personnage le plus intéressant de la saga entière ; difficile de ne pas s’intéresser un minimum à ce qui se passe dans ce nouveau morceau d’histoire. Si l’on ne passe pas à côté de quelques personnages et événements prétextes (… notamment la disparition d’un personnage que je chéris beaucoup, et qui s’éteint sans que le jeu ne juge bon d’en faire une scène marquante), les révélations sur l’Outsider valent le détour, et surtout, l’impact de l’aventure sur l’univers de Dishonored justifie l’acquisition de ce chapitre majeur.

On pourra aussi parler des (trop) nombreux bouquins, documents, et éléments de background par centaine pour épaissir encore l’univers. De quoi satisfaire les malades passionnés de lore, qui pourront lire tout leur saoul dans un jeu vidéo, comme s’ils se trouvaient devant un bouquin. Joie… j’imagine. Petite note aussi : j’ai trouvé que le peu de nouvelles musiques étaient plus intéressantes et mieux intégrées que celles de son prédécesseur, tandis que les doublages (… toujours en bon François) sont de bon aloi. Seuls les bruitages, et la spatialisation du son complètement alcoolique, font fausse note dans un travail globalement extrêmement soigné. De quoi remettre en cause l’hostilité envers les annualisations de jeux vidéo !

 

Après à peine dix mois de développement et une sortie à prix réduit remplaçant ce qui aurait pu être deux DLC pour le second opus de Dishonored, Death Of The Outsider, fait, à l’instar des extensions du premier opus, mieux que son modèle. Se posant là en vrai jeu complet avec même un mode new game + pour y ajouter les pouvoirs de Corvo et Emily à son arsenal, ce petit Dishonored offre peut-être seulement trois nouveaux pouvoirs et trois nouveaux (grands) lieux, mais il offre aussi une expérience plus dense, plus variée, plus accrocheuse, et plus rythmée. Il conclut aussi un arc qui avait débuté il y a de cela cinq ans d’assez satisfaisante manière, sans fermer aucune porte à une suite que l’on souhaite… avec, si déception, l’espoir qu’elle bénéficie de DLC ou d’un standalone de grande qualité pour pallier à la déception du jeu complet. Faites-moi plaisir : achetez Death Of The Outsider et Prey. Ça vous fera une immersive sim divine et une autre très bonne. De quoi patienter jusqu’au reboot de System Shock et du lointain System Shock 3, en espérant qu’Arkane ne claque pas la porte au genre après deux échecs commerciaux relatifs et successifs.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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