Distrust – Inspiré de The Thing

Distrust - Inspiré de The Thing

Ouais, je fais exprès de caser la mention de The Thing histoire de singer la démarche racoleuse des russes derrière Distrust – Inspiré de The Thing qui l’ont foutu partout. En même temps, ça se comprend : le film de John Carpenter est une véritable pierre angulaire du cinéma horrifique ayant profondément marqué toute une génération grâce à ses imageries body horror grotesques tout en étant plus vraies que nature, et qui restent percutantes même jusqu’au jour d’aujourd’hui (chose que la préquelle / remake  de 2011 est loin de pouvoir s’en vanter). Moi, c’est surtout son incomparable dimension paranoïaque qui hante mon esprit : un organisme alien qui imite à la perfection l’être humain au niveau cellulaire, et qui se fond dans la masse histoire de t’assimiler discrétos dès que t’as le dos tourné. Brrr. Et après on vient me reprocher le fait d’imposer un test sanguin au fil de cuivre chaud à mes proches tous les six mois ! Nan mais !

  

Sorti en août 2017, développé par Cheerdealers (leur premier jeu, à ce qu’il semblerait) et édité par Alawar Premium (Beholder), Distrust – Inspiré de The Thing propose de nous emmener dans un setting pour le moins rafraîchissant en cette période post-caniculaire : l’arctique. On incarne un binôme – voire un trinôme, lorsqu’on aura avancé dans le jeu – d’une équipe de sauvetage qui, très ironiquement, se retrouve en perdition quand son hélico se crashe à cause d’un prétexte scénaristique.

Après un tutoriel optionnel qui nous permettra de nous familiariser avec une interface globale bien fichue, on nous donne le choix entre deux modes de difficulté : le mode « aventure  » qui est plutôt permissif mais qui limite le déblocage de nouveaux personnages suite à certains succès, et le mode « épreuve  » pour les gros barbus de Cro-Magnon. Vous devriez vous mettre à… l’épreuve, car débloquer plus de personnages au delà des trois de base sera une importante motivation. À ce niveau, on regrettera surtout l’absence totale de personnalisation, car même leurs noms génériques sont gravés dans un bloc de glace. Moi qui voulait me faire un trip « MacReady et Childs fêtent leur retour chez les eskimos  » , j’étais pas mal dégoûté.

Cependant, le choix des personnages du jeu avant de lancer la partie ne manque finalement pas d’importance. En effet, chaque perso admet trois caractéristiques (résistance au froid, vitesse de marche et de course) et chacun d’eux vient avec un perk passif genre la blonde là, c’est une psychologue / diététicienne : elle a une meilleure gestion du stress et, en plus, étant au régime minceur, elle fait plus facilement la grève de la faim. Et croyez moi, vous comprendrez très vite que cette nénette, elle va devenir votre nouvelle copine dans le jeu tellement on ne pourra plus s’en passer…

Dans les faits, Distrust – Inspiré de The Thing est principalement un jeu de survie pur et dur qui n’est pas sans rappeler des jeux comme The Long Dark dans le principe : votre préoccupation majeure tourne autour de trois barres de condition (froid, sommeil, et faim) qu’il faudra chouchouter, sans quoi le perso concerné commencera à perdre de la vie jusqu’à tomber dans le coma (dont on ne pourra s’en sortir qu’avec un bon coup d’adrénaline à la Pulp Fiction). Quand la totalité de votre groupe se retrouve dans les vapes, et bien, comme on dit en Norvégien, hasta la vista, baby !

Ainsi, Distrust – Inspiré de The Thing se présente sous la forme d’une 3D isométrique plutôt belle à voir et qui fait beaucoup penser à celle des Shadowrun de HBS. Dès lors, il sera question de jongler entre les membres de l’équipe et de les micro-manager (il y a même une pause active de prévue) façon STR pour assurer leur survie… Quand vous n’errerez pas dans les petites étendues glaciales des niveaux, vous passerez le plus le clair de votre temps à cliquer sur des portes pour les déverrouiller ou les forcer afin de pénétrer dans des bâtiments, où vous passerez le reste de votre temps à cliquer sur les objets du décor .

Oui, car qui dit « survie  » dit « fouille à s’en mettre plein les fouilles  » . Il y a donc une pelleté de loot à entreposer dans votre inventaire ; outils de bricolage pratiques pour des tâches qui risquent de vous rendre complètement marteau, doudounes à équiper pour moins se cailler les miches, des médocs contre les pires des diarrhées, et j’en passe. Ainsi, cette fameuse fouille permettra de rendre votre séjour un chouïa plus agréable ; les planches de bois serviront à alimenter le chauffage central d’un abris pour se chauffer les couilles, l’essence pour alimenter le groupe électrogène afin de ne plus avoir la trouille, et les nouilles avariées pour alimenter les panses qui gargouillent et qui après font « ouille  » .

« Ouais Andy, c’est joli tout ça, mais il me semble avoir vaguement vu quelque part je-ne-sais-plus-où que Distrust – Inspiré de The Thing est inspiré de quelque chose de je-ne-sais-plus-trop-quoi, non ? Qu’en est-il de cette chose ?  » . Merci alter ego numéro 368 ; je note bien ton sarcasme à deux balles, mais tu fais quand même bien de me le rappeler, parce que c’est là où le bât blesse avec ce jeu. Alors voila, si vous avez été attentifs comme il le faut, vous aurez dû remarquer que la condition « sommeil  »  était de la partie. Et bien, figurez-vous que cet élément de gameplay est plus important qu’il en a l’air, parce que le fait de roupiller provoque la manifestation d’anomalies qui rappellent un peu le célèbre jeu ukrainien Cheeki-Breeki.

Les anomalies, ce sont des sortes de boules d’énergie volantes devenant de plus en plus grandes et dangereuses au fur de vos siestes. Enfin, « dangereuses  » , c’est vite dit, parce qu’elles se contentent de suivre un perso (quand il n’est pas abrité et éclairé), et de drainer peu à peu ses PVs juste en voltigeant autour de lui. Il n’y a d’ailleurs pas de système de combat ; le mieux que vous poussiez faire, c’est tomber sur un flingue – aux munitions tellement limitées que ça devient anecdotique – qui donnera lieu à une action contextuelle sur-laquelle il suffit de cliquer pour péter une boule… Moi qui voulait me faire un trip « MacReady et Childs se font un BBQ au lance-flamme pour fêter leur retour chez les eskimos  » , j’étais pas mal dégoûté.

Au niveau de la mécanique du sommeil, une idée intéressante de Distrust – Inspiré de The Thing est à noter ; c’est que le fait de priver un perso de repos pendant un long moment provoque un état de psychose aléatoire à la Darkest Dungeon, allant jusqu’à provoquer des hallucinations. Cette dichotomie entre « dormir mais risquer de rameuter les boules  » et « rester éveillé mais risquer de perdre la boule  » qui est induite par cette idée est bien cool sur le papier. Malheureusement, dans les faits, ce système n’est pas bien intégré et n’a pas de gros impact, parce que l’état d’insomnie provoque de base la diminution progressive des PVs et du coup, très souvent, ton perso sera déjà cliniquement mort avant même qu’il ne sombre dans la folie. Et puis, c’est drôle, il suffit juste d’une bonne nuit de sommeil pour se débarrasser de l’état de folie. Voila une perspective qui risque de pousser un bon nombre de psys au chômage, voire au suicide.

De plus, les éléments Roguelite n’arrangent pas les choses avec les niveaux / loot générés aléatoirement qui font que la survie soit au petit bonheur la chance. Et ce level design trop jeu vidéo avec six niveaux dont chaque issue est déblocable aléatoirement (avec explosifs, leviers, clés, etc…) finit par nous sortir du truc. Après, le challenge et la rejouabilité sont bien là, mais encore faut il en avoir l’envie, parce qu’au bout d’une demi-douzaine d’heures, j’avais envie de vider un verre de J&B dans mon unité centrale… Au final, on sent à peine une tension, encore moins un sentiment de peur avec Distrust – Inspiré de The Thing. Tout au long de mes périples dans le jeu, le seul sentiment de ce genre que j’ai ressenti, c’est la frayeur de fouiller un frigo pour enfin ne pas y trouver une boite de haricots qui pourrait sauver un de mes gars de la dalle. Un sentiment vite remplacé par la stupéfaction lorsque je me rend compte que ce gros boulet de perso s’est entaillé la main et à commencé à pisser le sang… en ouvrant un putain de frigo. Dude, si je risquais de m’entailler la main comme toi à chaque fois que j’ouvrais mon frigo pour me chercher une bière, je ressemblerais vite au Doc après la scène du défibrillateur

 

Alors, récapitulons : avec Distrust – Inspiré de The Thing, l’aspect body horror de The Thing est aux abonnés absents vu qu’il n’y a pas du tout de chose qui explose dans une piñata de gore et de tentacules, mais on a plutôt des ballons d’anniversaire méchants. L’aspect paranoïa est à peine là – et je suis gentil – vu qu’il n’y a pas du tout de chose qui assimile discrétos les survivants pour qu’après ça explose soudainement dans une piñata de gore et de tentacules, mais on a plutôt des crises d’ados pré-pubères. OK… Il reste quoi comme inspiration de The Thing alors ? Euuuh, aheeem, huuum, hmmm, ça se passe chez les eskimos ? OK… Allez, au delà de cette histoire foireuse de The Thing, qu’est ce Distrust – Inspiré de The Thing a dans le ventre ? Bah, je dirais que c’est un petit jeu de survie / Roguelite moyen mais sans plus. Si vous aimez la partie survie de This War Of Mine (mais sans les dilemmes moraux et le sous-texte viscéral), pourquoi pas lors d’une promo (ça ne coûte que 12 euros, mais je trouve ça tout de même cher pour ce que c’est). En revanche, si vous aimez The Thing, alors passez tranquillement votre chemin.

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A propos de l'auteur : Andariel

Chaotique mauvais jusqu’à la moelle, il est le grand ami des Bisounours, des poneys et des teletubbies. Surtout au petit déj’. Avec une bonne marinade.

3 Commentaires sur “Distrust – Inspiré de The Thing”

  1. Toupilitou dit :

    C’est con, parce que ce sont surtout les dilemmes moraux et les sous-textes viscéraux qui sont intéressants dans ce genre de jeux. Pis comme j’ai pas vu le film, je vais juste passer mon tour ^^

    Par contre, tu files souvent du whisky à ton unité centrale ?:lol:

  2. Andariel dit :

    Non mais t’es un cas désespéré toi : pas vu The Thing, pas vu Mad Max FR, pas vu Père Castor (ce qui est le pire pour une loutre). Va falloir que tu te rattrapes de ce côté là si tu veux rester dans mes petits papiers…

    Et si t’avais les références, tu comprendrais mieux le délire du whisky. Allez cadeau : https://www.youtube.com/watch?v=Iv_XaPp-XIY

    Sinon en parlant de dilemmes moraux et co chez les eskimos, t’as vu Frostpunk, le prochain jeu des gars de This War of Mine ? ça a l’air énorme=> https://www.youtube.com/watch?v=UxTxUL_8VkA

  3. Toupilitou dit :

    Nan mais je vous l’ai déjà dit à tous : je suis un sale inculte. Va falloir vous y faire ! ^^

    Effectivement, je n’avais pas vu le film ; je comprend mieux la référence maintenant !

    Et ouais, Frostpunk a l’air de claquer sa mère… Je me wishlist ça. Par contre, de ce que j’ai vu, faut pas être dans une période où tu fais une sale dépression


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