Error System : Goat Simulator

Bon, on est vraiment dans l’exercice de style pour le coup, parce que écrire sur Goat Simulator… mais, cela rentre dans la catégorie du coup de gueule. Cher Microsoft, enfin, mec, je peux te tutoyer, non ? Cela va désormais faire une petite dizaine d’années que toi et moi on se fréquente sur tes diverses consoles de salon. Je n’ai commencé à payer le live que lorsque tu as enfin daigné t’aligner sur la concurrence qui s’était mise à offrir des jeux. J’ai toujours payé cet abonnement dans l’unique but d’avoir des jeux, et de temps à autre m’essayer aux jeux en ligne. Mais, lorsque je dis offrir, c’est offrir des vrais jeux ; pas ce que tu m’as offert en ce début de mois de juin. Parce que Goat Simulator, n’est pas un jeu. Ce n’est même pas une bonne blague. C’est une sombre merde.

 

La blague à dix balles

Ouais, parce que Goat Simulator, ça se vend. Ça se vend même bien. Que ce soit le « titre » de base, développé par Coffee Stain Studios, et sorti initialement sur Steam le premier avril 2014, ou ses « extensions », le jeu est plus qu’un succès commercial. Il est même devenu un phénomène. Ce phénomène aurait pu rester en retrait dans cet océan de daubes parsemé d’archipels de mines de diamants qu’est Steam. Mais, non content d’avoir convaincu le public le plus incompréhensible du monde capable de se payer des bécanes surpuissantes pour jouer à Counter Strike et des jeux indépendants, le virus Goat Simulator infecte désormais les consoles.

Donc ouais, j’aurais préféré que Gabe Newell et sa team aient le bon goût de mettre la créature en quarantaine sur leur plateforme en forçant le ou – mon dieu, faites que cela soit impossible – les créateurs de la chose, de supprimer leur « jeu » du store, ou de le proposer gratuitement. Mais, notre monde est un lieu surprenant où peuvent se répandre des modes comme la tektonik, et où il est socialement tolérable d’écouter un boys band pour sa musique (… enfin, merde quoi !) Eh bien Goat Simulator, c’est passé crème.

Enfin, pour tout dire, je n’y croyais pas vraiment lorsque ce machin fut offert sur One. Qu’on m’annonce fièrement que j’aurai le droit de retoucher à ce titre autant que je le souhaite me dérangeait. Parce que Goat Simulator n’est pas un mauvais jeu vidéo ; c’est simplement la mise à mort du jeu vidéo. Avant que vous ne vous foutiez de moi en me balançant que je fais dans le drama, je vous répondrai que je fais ce que je veux, mais aussi que c’est vrai. Un jeu vidéo, c’est un système ludique qui fonctionne, avec un environnement répondant aux divers besoins du système.

Ici, il est question d’un titre où les bugs et problèmes du système sont célébrés, les animations complètement anarchiques, la réalisation indigente, et les activités complètement stupides. Le seul plaisir que l’on retire de ce jeu, c’est de constater l’incompétence des développeurs. C’est le fait de s’écrier « ahahah, ils sont même pas foutus de faire la base d’une jouabilité convenable, qu’est-ce que c’est drôle… » Et c’est sensé être drôle ? Moi je vais vous dire un truc pas très drôle.

Vous connaissez le studio Obsidian ? C’était des gens qui faisaient ce qu’ils pouvaient avec les moyens qu’on leur donnait. Ils se sont défoncés pour sortir un Fallout New Vegas en 18 mois avec 6 millions de dollars de budget, ce qui représente moins de la moitié d’un triple A. Ils ont été traité à la sortie avec l’exigence d’un triple A, et à cause d’un point d’écart metacritic sur un contrat, ils ont perdu leur dernière chance de rester des développeurs de l’industrie mainstream. Ces mêmes personnes talentueuses ont probablement moins récupéré de leur travail qu’un misérable studio de bras cassés, incapable de faire autre chose qu’une blague vendue plus cher qu’un très bon jeu comme Risk of Rain.

Vous allez me rétorquer « bah, les injustices y en a partout, et ils n’avaient qu’à avoir l’idée« , pour le premier argument, ça revient à accepter les injustices, ce qui est absolument débile et parfaitement dans l’esprit du sujet traité. Et le second, cela revient à glorifier le fait que des développeurs nous crachent à la figure sous prétexte de l’humour, et à accepter que ce genre de choses se multiplient. Je trouve tout bonnement inacceptable qu’une quelconque personne ait décemment encouragé la sortie du titre sur son store. Ce n’est pas un jeu. Ça n’est pas un divertissement sain. C’est juste de la bouse qu’on essaye de nous vendre comme quelque chose de bon, sous prétexte que c’est du second degré.

Eh bien pardonne moi monsieur Armin Ibrisagic, car je viens de trouver ton nom, mais il est peut-être temps pour toi de changer de métier. Néanmoins, si c’est pour reproduire un travail d’un tel calibre dans n’importe quel autre domaine, reste chez toi ; des arnaqueurs dans ton genre, les médias n’en ont pas besoin.

 

On pourra surement dire qu’à chaque domaine s’y trouve son imposture. Si la peinture connaît l’art abstrait à base de « je gribouille une toile avec mes couleurs » l’écriture, les textes de « Jul« , et le cinéma avec les films d’Uwe Boll, le jeu vidéo a désormais le fantastique Goat Simulator. Une imposture qui perd enfin de la vitesse et qu’on peut honteusement ranger dans la case des choses un peu glauques que le média a connu. Je suis presque dérangé de mettre Goat Simulator dans la même rubrique d’articles qu’un jeu comme Sacred 3, parce que, après tout, Sacred 3 est un jeu. Il ne mérite pas d’être insulté par la présence de cette chose. Car, si Goat Simulator est bien une simulation, il est avant le simulateur de l’échec artistique et de la victoire de la bêtise sur le bon sens de millions de joueurs s’étant payé cette daube. Et ça, ce n’est pas vraiment très rassurant…

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

5 Commentaires sur “Error System : Goat Simulator”

  1. Toupilitou dit :

    Messages récupérés de l’ancien système de commentaires

    Ninheve : Je plussoie car cette sombre merde, codée avec les pieds a réussi à se vendre, ce qui veut dire que l’on parle d’elle. Elle a même été en tête des ventes sur steam….
    il n’y a pas de justice! car au prix de cette sombre bouse on peut trouver de vraie perles vidéoludique!

  2. Toupilitou dit :

    Allez… Viens Marcheur ! On va lancer une inquisition sur Steam. Moi je m’occupe des jeux RPG Makers, et toi… bin… euh… de tout le reste ! Du coup, je me dis qu’à côté de la chronique « les intouchables », je persiste dans mon idée d’en ouvrir une nouvelle : « les touchables » ^^

  3. Marcheur dit :

    Clair qu’il y a un nombre incalculable de perles à 10 balles sur steam et rien que l’idée que des gens aient acheté ce machin me répugne…
    Bah Toupi, fait, fait que diable, lance le premier touchable et je suivrai le mouvement si je me sens d’humeur à briser des nuques :p

  4. Prypiat dit :

    Ce truc, gratuitement j’aurais signé plutôt deux fois qu’une. C’est presque de la mort cérébrale en pixels tellement c’est abruti mais je dois avouer que le concept m’a vraiment fait rire quelques minutes.
    On n’aura jamais assez de gameplay intelligent et de profondeur scénaristique, mais une bonne grosse débilité fait parfois un bien fou.
    Mais problème : si un peu de débilité n’a jamais fait de mal à personne, payer pour ça et en redemander est clairement discutable. Surtout qu’il n’y a rien de plus ici que quelques minutes seulement de sourire débile et de regard bovin (enfin, caprin en l’occurrence) – pour l’être humain moyen en tout cas.

    En fait, plus encore que l’opportunisme du dev, je trouve surtout que ça en dit long sur le public… Monde de merde.

    (Au passage je ne connaissais pas Jul, merci pour le tuyau, les textes de cet homme m’auront fait marrer plus longtemps que Goat Simulator^^)

    Et +1 pour la rubrique des « touchables » ^^

  5. Marcheur dit :

    Ah oui c’est très très con et très drôle pendant un instant, mais ça coûte du blé, et c’est fait sans talent, donc c’est de la merde, c’est ça le problème ^^


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