L’invasion commence

Illustration réalisée par Idx’Art

 

Vous connaissez tous la ritournelle des vieux cons : « c’était mieux avant », et en termes de jeux vidéo, nombreux sont ceux qui vouent un culte au pixel, prétextant une nostalgie pour les vieux Pac-Man, Mario, et consorts. Ces derniers sont représentés par des gros pâtés numériques qui tâchent autant qu’un litron de rouge. J’ai moi-même grandi avec ces jeux qui vous bousillent lentement la rétine, mais pour autant, à l’époque, c’était franchement génial. Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir continuer à pondre des jeux avec un visuel aussi désuet ? Observons succinctement cet étonnant reboot de l’éternelle histoire de la paille dans le nez et de la poutre dans l’œil. C’est parti !

 

En temps normal, le silence serait définitivement la réponse adéquate, mais nous voilà finalement piégés comme des newbies, roulés dans la farine d’un système qui produit des jeux aux qualités vidéo-ludiques complètement débiles. Le ver est en effet déjà dans la pomme, car si vous faites un tour sur Steam à l’heure actuelle, vous trouverez une pelleté de games aux graphismes ignobles, sous-couvert de retrogaming. Et comme par hasard, nombreux sont ceux créés par des petits indépendants ayant autant d’empathie vis-à-vis de la cornée des joueurs qu’envers des veaux mort-nés. Eh merde quoi ?! Ce qui était auparavant une limite technique est devenu objet de mode. En clair : le pixel-art, ou comment créer un jeu sans graphiste !

Nous vivons pourtant à une époque où il existe des moteurs gratuits, qu’ils soient 2D ou 3D, et où la création y est de plus en plus assistée. On continue malgré cela à nous vendre la même bouillabaisse graphique, à l’uniformité que j’imagine comme presque rassurante pour certains, sans avoir un gameplay ou un scénario accrocheur derrière. Eh oui, tout ça histoire de se branler sur la nostalgie du visuel des eighties, avec toute la subtilité d’une horde affamée de sangliers. Si vous faites partie de ceux qui aiment ce fameux effet de mode, laissez-moi vous dire que vous ne faites que masturber le pauvre effort de développeurs perturbés, et ne récolterez in-fine que la semence contestataire de ces pauvres bites contre l’évolution de la technologie et de ses moyens.

Certes, il y a toujours l’exception qui confirme la règle, où le pixel-art est bel et bien artistique, bien foutu, esthétique et cohérent. Mais pour un jeu de ce calibre, mille daubes voient le jour en parallèle. De toute façon, à vouloir proposer du rétro à profusion, ce dernier fini par ne plus être rare, et donc à juste devenir horripilant, jusqu’à venir s’échouer tel une plaque de pétrole baladeuse sur une belle plage de sable fin qui ne l’attendait pourtant pas. Ne vous méprenez-pas pour autant sur mes propos ; les graphismes ne font pas tout.  Eh oui, je vois déjà dans vos yeux ahuris cette lueur qui exprime l’incompréhension totale face à cette bourrasque antipathique contre les gros pixels. Mais, quand j’entends parler du pauvre petit indépendant qui n’a pas de moyens, exprimé avec la pudeur d’une jeune fille prépubère et moult trémolos dans la voix, avouez qu’à côté, cela ferait presque passer une nonne pour la dernière des salopes égocentrique. Mais que voulez-vous, se faire baiser en beauté, ce n’est pas donné. Bien ouej les gars…

Bref. Stop à l’escroquerie. Quoi qu’il en soit, pour se débarrasser de ces objets soi-disant créatifs, il faut y aller au fusil à pompe, en espérant très très fort que les dommages collatéraux entraîneront également la disparition des personnes qui l’ont commis. Vous l’aurez compris : non, définitivement, je n’aime pas le pixel-art. Dans un prochain article, exprimé avec autant d’équilibre, de retenue et de justesse que celui-ci, je parlerai de RPG-Maker ; en effet, le problème avec ces calamités virtuelles, c’est qu’elles ont pour fâcheuse manie de se déplacer en troupeau. En attendant, je m’en vais aller voir ailleurs si j’y suis. Amen.

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A propos de l'auteur : Toupilitou

Loutre hyperactive et webmaster de https://loutrage.fr

Un commentaire sur “L’invasion commence”

  1. redd dit :

    Je suis d’accord que « du rétro pour du rétro », ça n’a aucun intérêt, et en faire une mode est assez ridicule.
    Pour ma part, si j’adore par exemple « monkey island 1 », si j’ai fantasmé sur « civilization 1 », si j’ai passé des supers moments sur « maupiti island », ce n’était pas pour leurs graphismes pixélisés. Graphismes que je trouvais beau (ou passables) à l’époque, mais c’est une autre histoire. Non, c’était pour le contenu tout simplement.

    Aujourd’hui j’aime les jeux rétro (je suis un gros des jeux édités par Wadjet Eyes Games), mais pas pour cet effet de mode. Tout simplement parce qu’ils sont bons, et que les graphismes sont pour moi quelque chose de mineur.

    Là où j’ai plus de mal à revenir en arrière, bizarrement, c’est la bande son. Un jeu point’n click qui n’est pas doublé, je trouve ça pénible. Par contre, ça peut être une bouillie de pixel, ça ne me dérange pas trop (même si « the last door », c’était limite).

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