La rétrocompatibilité de la Xbox One

Demandée, suppliée, c’est bien la fonctionnalité phare qui ressort de l’E3, un peu tristounet il est vrai, de Microsoft lors de cette année 2015. Hormis Recore, il faut bien avouer que les annonces n’ont pas créé de ralliement sous le drapeau de la marque, mais celle-ci a pourtant fait date. Alors que les politiques de Sony et Microsoft s’avéraient hostiles à toute forme de rétrocompatibilité, hormis celle que l’on fait payer à grand coup de remasters et autres émulations payantes, Microsoft lance cette fonctionnalité permettant de rejouer à nos jeux de 360 en version dématérialisée et physique. Une belle annonce, peut-être trop belle à bien y regarder. Voyons ensemble pourquoi.

 

Nota bene: Cet article est susceptible d’évoluer en fonction de l’actualité. De nombreuses mises à jour étant prévues pour celui-ci, signalées par la couleur indigo de ce nota bene, je compte bien être le plus exhaustif possible.

 

La dernière MAJ de l’article date du 02/04/2016

 

La Xbox 360 de retour dans notre One

Loin d’être une annonce anodine, il fallait bien souligner le virage à 360 degrés de la dernière console de Microsoft, passant de console tout public réunissant tout sauf le jeu vidéo dans sa carcasse, à console de gamer. Une philosophie rappelant énormément la précédente Xbox pré 2011, et la sortie du fameux Kinect ; cette rétrocompatibilité accompagne donc une idée de faire amende honorable vis-à-vis des déboires de l’annonce de la One, et invite les fans de la toute première et de la seconde console de Microsoft à revenir à la maison. Pour les accueillir, il y aura moyen de jouer à leurs Gears of War chéris, leurs Fable et d’autres titres phares, même si le catalogue compatible reste fort loin d’être exhaustif.

Car cette rétrocompatibilité n’est ni totale, ni définitive en l’état. Il ne s’agit au final que d’une bêta qui, sur le long terme, offrira aux joueurs la possibilité de jouer à certains de leurs anciens jeux – et non tous. N’étant pas native, la fonctionnalité n’est au final qu’une impressionnante émulation des jeux de la 360. Émulation qui serait tout bonnement impossible sur les ordinateurs actuels, et encore plus à puissance égale à la dernière console de Microsoft. Il est possible de jouer à environ 150 jeux de 360 sur One à l’heure où j’écris ces lignes.

Ce nombre augmente de semaines en semaines, avec toujours plus de jeux rendus compatibles, et offerts à l’achat pour certains d’entre-eux lorsque vous faites l’acquisition d’une suite. C’est le cas de Fallout 4 qui offre Fallout 3, pour rappeler à quel point son prédécesseur est meilleur, mais également pour Just Cause 3, Gears of War : Ultimate Edition (… qui lui, offrait la saga complète pendant une période limitée) et pour les futurs Dark Souls 3, Mirror’s Edge et Deus Ex. Des cadeaux appréciables qui poussent à préférer l’achat d’une version One si le joueur possède les deux machines.

Une fonctionnalité qui entraîne donc une certaine sympathie envers l’éditeur qui a fait l’effort de la rendre possible, bien que les jeux disponibles soient conditionnés à l’acceptation des éditeurs tiers. On notera aussi une page dédiée aux votes des joueurs pour savoir quels jeux sont les plus demandés, et on soupirera face aux multiples Call Of Duty arrivant dans le top. Toujours est-il que l’effort est louable, bien qu’en réalité tout ne soit pas si rose.

 

One demande boost CPU d’urgence

S’il y a des joueurs PC adeptes de l’émulation dans l’assemblée, vous devez surement savoir que pour émuler des jeux de machines récentes (j’entends PS2 / Xbox / Dreamcast), il faut une machine qui envoie du bois côté CPU afin de rendre l’expérience convenable. Bien sûr, tout dépend de la qualité de l’émulateur, sauf que dans le cas de la Xbox One ; les composants sont fixes et l’émulation est donc uniquement dépendante des efforts de l’équipe qui s’occupe du logiciel. Vous vous doutez bien que face au défi colossal que demande l’émulation de jeux aussi récents, il y a des sacrifices. Oui, évidemment. Si certains jeux s’en sortent admirablement (The Witcher 2, Mirror’s Edge, Assassin’s Creed 2), d’autres mieux que la version originale – mais très peu, et beaucoup… de manière douloureuse ou catastrophique.

Lors des affrontements dans un Mass Effect premier du nom – qui n’était pas stable sur la Xbox 360, il est possible de voir le taux de rafraîchissement de l’image par seconde chuter en dessous des 20. Ce phénomène momentané ne gène pas encore trop l’action. Il devient néanmoins bien plus handicapant quand il est question d’explorer la Citadelle. Et croyez-moi, jouer à 14 images par seconde durant deux heures, cela fatigue très vite les yeux. Il y a de l’exagération ; les fps ne chutent pas de manière constante, mais ils le font assez pour rendre le jeu désagréable à l’occasion. Je ne prends pas le pire cas, sinon je pourrais parler de Halo Reach, mais je n’en ai franchement pas envie, parce que non seulement il lui arrive de chuter en dessous des 10 fps à l’occasion, mais aussi de charger très longuement ses textures.

Je vous vois déjà hilares derrière vos écrans, mais ce genre de problèmes est en réalité quasiment inévitable. Il est tout de même demandé à la Xbox One de simuler le fait d’être une 360, tout en faisant tourner des jeux qui n’ont pas été optimisés pour elle. La One n’embarque rien en termes de composants qui simplifie l’émulation ; elle est simplement logicielle et demande à la machine des ressources qu’elle n’a pas forcément pour faire tourner ces jeux correctement. On lui demande d’être deux consoles en une seule, sans partager le moindre composant avec la précédente machine de Microsoft.

De plus, il n’y a pas que du mauvais dans l’émulation des précédents titres. On pourra citer le fait que le phénomène de déchirement de l’image a totalement disparu, que l’aliasing est amoindri, que les temps de chargements sont raccourcis, et les fonctionnalités propres à la Xbox One toujours accessibles en un clic. De plus, cela rassemble le catalogue de la Xbox 360 sur une nouvelle machine afin de le faire vivre une génération de plus, et ainsi de faire perdurer l’héritage de cette console désormais mythique. Si tout n’est pas rose, il faut se rappeler que cette fonctionnalité vous permet de jouer aux jeux que vous possédez de manière totalement gratuite. Cette phrase peut sembler étrange, mais un certain Sony en est à faire payer 15 euros l’unité des jeux de PS2 sur sa PS4 !

 

Une fonctionnalité à l’avenir des plus intéressants

Des défauts, il y en a. L’avenir nous dira s’il sera possible de les amoindrir, voire de les supprimer pour ce qui est de la Xbox One. Mais, en ce qui concerne la prochaine console de Microsoft, vu qu’il ne s’agit au final que d’un logiciel, pourquoi ne pas imaginer le retour de cette fonctionnalité ? Voire l’amélioration du logiciel pour qu’il puisse supporter les jeux de One ? Des spéculations certes, mais rien ne l’empêche. Surtout qu’une rumeur fondée communique la venue prochaine d’un marché des jeux rétrocompatibles ; un bon moyen de les faire perdurer dans le temps et de rendre le catalogue 360 – du moins en partie – accessible quand les jeux en boîtes auront disparus de la surface du globe.

Donc, finalement, c’est peut-être la meilleure nouvelle avec les annonces de Recore, ainsi que de l’unification de la One et Windows 10 sous le même étendard. On pourra certes reprocher les défauts techniques, les émulations bancales et tout le tintouin, mais il faut rappeler qu’à l’origine de la machine, vouloir une rétrocompatibilité, c’était être rétrograde. C’est déjà un grand pas en avant, cette émulation, surtout que des résultats très encourageants comme The Witcher 2 nous conforte dans l’idée qu’un jour, qui sait, tous les jeux tourneront convenablement sur émulateur. Nous pourrons alors profiter de nos titres 360 quand ces consoles auront depuis longtemps rendu l’âme.

 

De l’espoir au concret, les efforts des ingénieurs

Le temps passe, et après un passage à vide de la rétrocompatibilité, et de son soutien régulier en nouveaux titres, la machine a connu le retour de quatre titres importants de la précédente génération. Leurs noms ? Dark Souls, Alan Wake, Halo Wars, et Assassin’s Creed premier du nom. En dehors du fait que rejouer à ces titres procurent un bien fou, ils ont aussi le bon goût de tourner tous au moins aussi bien que sur 360. Avant de commencer le flot d’éloges, il convient de parler d’un cas compliqué et un peu particulier, le fameux Dark Souls. Si la version 360 est connue comme étant la première incursion de la série dans l’univers Xbox, elle est surtout connue pour son framerate hésitant, ou au pire, complètement à la ramasse, allant même jusqu’à aller caresser dans le sens du poil le maudit 10 fps.

Est-ce que l’on était en droit d’attendre du mieux ? Pas forcément, vu la difficulté que la machine a à émuler des titres aussi lourds et complexes. Pourtant, si tout n’est pas parfait, qualitativement, Dark Souls est plus agréable sur Xbox One. Les chutes intempestives et inexplicables de la version 360 sont gommées pour un confort visuel réel. Quelques grosses chutes en combat pouvant handicaper disparaissent elles aussi, mais pour autant, les chargements dynamiques des zones sont toujours aussi remarquables. Pas aussi catastrophique que la version d’origine, cette émulation accuse des chutes tout de même graves à moins de 20 fps.

Désagrément visuel, mais surtout contraignant dans votre manière d’aborder l’environnement. Passé ces chutes qui semblent visiblement inévitables au regard de la qualité déplorable de la version d’origine, on félicite le titre de ne plus souffrir de tearing, d’amoindrir l’aliasing, et d’améliorer sensiblement la gestion des contrastes. Ces quelques améliorations s’ajoutent à toutes les qualités que l’on connaît à la One : son pad et sa souplesse d’usage, qui font de Dark Souls un achat avisé pour toute personne possédant une Xbox One.

Halo Wars, quand à lui, ne souffre d’aucune séquelle de son portage, mais ne vient pas non plus montrer de significatives améliorations, ce qui est finalement un constat rassurant lorsque l’on sait le mal qu’a Halo Reach à tourner sur la machine. Assassin’s Creed jouit d’un framerate plus stable, annulant purement et simplement toutes les petites chutes que l’on connaît à la version d’origine. On notera cela dit que si la foule est dense et que vous êtes en situation d’affrontement contre plusieurs protagonistes, la fluidité souffrira quelque peu,mais pas de quoi rendre la scène injouable. Alan Wake, champion de la sélection, s’avère dénué de tearing, plus stable, plus fin, moins d’aliasing, et profite de l’upscale plus performant de la Xbox One afin de donner l’impression d’une résolution bien supérieure à l’original. En d’autres termes, il paraît difficile de voir que le jeu tourne nativement en 544p. Chapeau bas les gars.

 

Pas parfaite, mais pratique, et animée de bonnes intentions, cette rétrocompatibilité logicielle de la Xbox One montre un Microsoft qui se démène pour son public. Fidéliser ses fans et attirer les déçus est une stratégie admirable, qui commence à porter ses fruits et change l’image de cette machine. On est encore loin de l’image de rêve de la 360 en son temps, mais la One suit un chemin intéressant, tentant de rapprocher le monde du PC et celui des consoles dans le but d’unifier les communautés, tout en faisant perdurer l’héritage de la 360. Peut-être un jour arriverai-je à dire de la One qu’elle est la digne successeuse de son aînée. Et à ceux qui crieront au néologisme féministe : je vous emmerde !

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

2 Commentaires sur “La rétrocompatibilité de la Xbox One”

  1. flofrost dit :

    En parlant de Fallout 3, j’avais les dlc sur disque, et ils ne sont pas reconnus par la One, pas de bol ^^

  2. Marcheur dit :

    Si, mais faut laisser le disque dans la console, donc si tu as le jeu en version disque et les dlc en version disque… Bah c’est mort ^^ moi je l’ai en démat’ et les dlc en boîte (donc situation logique en effet :p ) et je peux jouer à ces dit dlc avec le cd d’installation de ceux-ci.


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