La série Two Worlds et Reality Pump

Reality Pump

Houla ! Où est-ce que vous êtes tombé ? Vous vous êtes vraiment perdu sur le net cette fois, ça c’est sûr. Si vous vous êtes réveillé ce matin, ce n’était certainement pas pour lire un dossier sur la série Two Worlds ! C’est vrai quoi, tout le monde a ri du premier et du second opus. Bon, certains hipsters plus fluorescents que d’autres ont avoué avoir pris du plaisir sur cette série, même s’il y avait bien mieux en face à chaque fois. Eh bien, vous lisez le dossier du hipster le plus radioactif de tous les temps, et qui a passé sa onzième année de vie à écumer la version 360 ( ! ) du titre durant six longues parties. Et en les concluant toutes ! Aujourd’hui, je vais parler de mon rapport à cette série, avant d’amorcer une série de trois articles en hommage à Two Worlds. C’est le bon moment pour fuir !

 

Note bene : Du fait d’une actualité qui peut parfois paraître surprenante, cet article a été mis à jour le 27/03/2016, et les modifications ont été signalées par la couleur indigo !

 

Alors c’est l’histoire d’un mec qui faisait un dossier sur Two Worlds…

… Toujours là ? J’ai aussi fini une autre partie, sept ans après mes six premières… Vous restez ? Mince, on va passer au sujet de ce jour alors. Donc, Two Worlds est une série développée par Reality Pump, studio polonais ayant surtout fait du jeu de stratégie. Avec des titres comme Earth 2140 sorti en 1997, Earth 2150 en 2000, et d’autres que l’on ne va pas énumérer, Reality Pump c’était un studio connu par des niches de joueurs. Sauf que nos petits gars, dans les années 2000, ils ont commencé à s’imaginer plus gros que les plus gros et, aidés par leur éditeur sur lequel je reviendrai BEAUCOUP plus tard, ils ont décidé de créer une série qui devait faire tomber Oblivion. Les plus connaisseurs d’entre vous sont déjà en train d’étouffer un rire moqueur, car oui, Two Worlds premier du nom était sensé détrôner le quatrième Elder Scrolls.

L’ennui, c’est que cela a été pris au sérieux par les joueurs, d’autant plus que Reality Pump promettait monts et merveilles ; 300 heures de durée de vie, une intelligence artificielle retorse, une jouabilité léchée, un système de jeu profond, un univers fouillé, un scénario digne des plus grands… Bon, là, les connaisseurs sont surement en train de se claquer la tête sur le quatrième écran qu’ils viennent de briser depuis que j’ai commencé ce paragraphe. Donc, non, Two Worlds n’a pas détrôné Oblivion. Il n’a pas non plus respecté ses promesses, loin de là. Et à sa sortie, l’accueil fut enthousiaste, sans vrai plus, allant même jusqu’à devenir culte pour ses doublages effectués avec talent par une troupe de cadavres ressuscités pour l’occasion, mais aussi par la remarquable présence d’un mode multijoueur PVE / PVP, fait rare pour un RPG classique en open world.

Mais, le jeu parvint à se faire sa petite place, en un début de septième génération pauvre en jeux de rôle. Son portage catastrophique sur Xbox 360 se vendra assez bien, et amènera l’éditeur à vouloir créer un add-on, à défaut d’une suite qui reste encore à décider.

 

The Temptation : l’add-on qui a oublié sa définition 

Reality Pump ne connaissait pas en 2008 l’exacte définition d’une extension ; ils ont donc repoussé le projet à maintes reprises, faisant quelques présentations du contenu de celle-ci, annonçant un nouveau système de magie, un nouveau moteur de jeu… Un nouveau système de jeu ? La farce s’est finie sur une concrétisation de l’importance bien plus grande que prenait le projet. Two Worlds II était prévu, suite directe des événements du premier épisode, dans un nouveau continent, avec le retour de certains protagonistes. Cette fois, le jeu sortira sur PS3, Xbox 360 et PC.

C’est là où les choses deviennent intéressantes ; Reality Pump, conscient d’avoir pété un câble en termes d’ambitions sur leur premier jeu, s’avère bien plus humble que précédemment, et annonce un projet réalisable. Un open world en 3D magnifique, avec un système de jeu riche, une histoire plus complexe, mieux écrite et plus rythmée, un bestiaire intelligent… La belle affaire. Le jeu se fait connaître avant avec un premier trailer risible qui décrédibilise le projet d’un seul coup. L’affaire sera sauvée in extremis par une bande-annonce bien plus réussie. La communication autour du titre continuera, mais il se frottera à un adversaire de taille et un outsider ridicule, respectivement : Fallout New Vegas et Arcania : Gothic 4.

Pour ne rien arranger, Two Worlds II souffrira d’une jouabilité largement perfectible, de doublages à la limite de l’imaginable, d’un univers assez générique, et d’un continent gigantesque inaccessible. Un ensemble de défauts qui ne masqueront certes pas des qualités évidentes et un vrai besoin de bien faire les choses, mais finiront par plomber les ventes du jeu. Non pas qu’il soit un naufrage commercial, mais les intentions des développeurs étaient d’asseoir la série aux côtés des autres grands jeux de rôle. Le résultat est un échec modéré, mais une décrédibilisation du studio auprès du grand public. Pourtant Reality Pump ne baissera pas les bras, et reviendra sur le devant de la scène avec un Two Worlds II plus fort et plus réussi, grâce à une extension de haute volée.

L’espoir fait vivre et était permis pour l’add-on de Two Worlds II. Sorti en 2012, soit deux ans après le jeu de base, les ambitions de cette extension sont étonnamment élevées, une nouvelle fois. Le studio parle de 20 heures de jeux, l’intégration de la météo dynamique, amélioration de la maniabilité et de l’ergonomie, enrichissement du système de jeu, ajout de l’arbalète… et toutes les promesses furent tenues. Même davantage ; l’histoire, plus intimiste et maîtrisée, avec une aire de jeu tout à fait plaisante à explorer, un bestiaire varié, et des graphismes – surtout en ce qui concerne la modélisation des personnages – largement remaniés. Une belle prouesse que cet add-on, qui augurait du meilleur pour un Two Worlds III déjà prévu (… j’avais demandé confirmation aux développeurs en 2013).

 

Two Worlds III n’arrivera jamais… à cause de l’éditeur et de sa bêtise

Sauf que le destin est cruel. Un jeu édité par Topware Interactive, nommé Raven’s Cry, développé par Octane Games, sensé sortir en 2012, s’avérera être dans un état déplorable à cause du manque de talent du jeune studio. A la date d’août 2013, Reality Pump reprend le projet avec de nouvelles ambitions. Ils voulaient créer un jeu de pirate en open world, dans un univers sombre, et avec un système de jeu se rapprochant du jeu de rôle. Après un add-on sur le sujet réussi en 2012, avec Pirates Of The Flying Fortress, on avait des raisons de croire dans la reprise du titre…

… Sauf que le jeu sorti début 2015. Les développeurs voulaient le sortir en early access, mais pour une raison inconnue, Steam refusa. Un cauchemar. Un massacre. Une horreur sans nom ; bugs, doublages manquants et très mauvais, jouabilité abominable, réalisation à peine passable, animations d’un autre siècle, trame clichée et navrante, narration incompréhensible, absence de monde ouvert. Raven’s Cry n’est pas un jeu, c’est une purge qui m’a valu trois heures de jeux durant lesquelles j’ai essayé d’être bienveillant et compréhensif. Si le jeu avait été fini et soutenu jusqu’à la fin, il n’aurait pas été beaucoup meilleur : Raven’s Cry était un échec total.

Le projet semblait disparaître petit à petit dans l’oubli, et l’annonce de la fermeture de Reality Pump a suivi de peu le désastre, le 07 mai 2015. La rage gronde en moi quand le studio ferme ses portes et disparaît de la circulation. Haine profonde envers un éditeur stupide et borné, ayant absolument voulu qu’un investissement surement trop long sur un projet inconsistant voie le jour. Raven’s Cry ne fut plus soutenu par les mises à jour de son géniteur et trouva un bien triste repos. Mais non. Non parce que le 21 octobre, l’éditeur annonce la sortie prochaine d’une édition remasterisée de Raven’s Cry, nommée Vendetta Curse Of The Raven’s Cry. Nouveau départ, nouveau nom, nouveau jeu ; les critiques sur Steam s’avèrent bien plus positive que pour la première itération. De plus, cette version améliorée est développé par Reality Pump, signe que l’affaire n’est peut-être pas réellement morte.

Je suis remonté contre beaucoup de choses, mais contre celle que je vais vous décrire là, car il n’y a pas de mot pour décrire mon ressentiment. Topware n’a pas ressuscité Reality Pump, et cette version améliorée est une supercherie. Ce n’est que Raven’s Cry avec sa dernière mise à jour en date, mais avec un nouveau nom. Il n’y a personne dans les locaux fantômes de Reality Pump, et Topware va mal. Tellement mal qu’ils ont payé des joueurs pour écrire de bonnes critiques sur leur étron, essayant de pousser d’innocents consommateurs à l’achat. La supercherie est découverte par Steam, et le jeu est supprimé du marché le 30 janvier. Révélant que Topware n’est pas doté du moindre sens éthique, confirmant que la corruption touche tout le milieu du jeu vidéo par la même occasion, des joueurs sans doritos ont bien accepté de vendre leur fierté contre de l’argent. Comment terminer plus mal une histoire, sérieusement ? Un studio perdu, l’espoir d’un troisième épisode d’une bonne série s’envolant, un éditeur qui ferme ses portes peu après le 8 février 2016, et la constatation de la corruption du jeu vidéo à tous les niveaux. Shakespeare, lâche cette plume s’il te plaît !

 

Un revirement de situation le 25 mars 2016

Je m’excuse auprès de ceux qui ont lu cet article avant qu’il ne soit mis à jour. Il s’avère que Topware Interactive n’a pas fermé ses portes et que Reality Pump existe toujours. Soit les informations sur la situation du développeur et de l’éditeur étaient erronées ou amplifiées, soit il se passe des choses de l’ordre du renflouement ou du rachat chez Topware. Ou pire, un dernier coup de théâtre avant le rideau définitif. Two Worlds III vient de rentrer dans sa phase de pré-production. C’est on ne peut plus officiel, il sortira vraisemblablement d’ici à 2019, et sera donc la suite officielle du jeu de 2010 de Reality Pump. Si cette histoire est déjà ô combien complexe, l’éditeur vient d’annoncer, pour faire patienter les fans, qu’il y aurait deux add-on solo à Two Worlds II, ainsi que huit nouvelles cartes multijoueurs.

Comment prendre la nouvelle ? Eh bien j’aurais tendance à faire le parfait défaitiste en affirmant que cela n’est qu’une manière de rassurer les actionnaires et les fans ? Il y a autant de chances que Two Worlds III sorte que de sauvetage probable pour Raven’s Cry et qu’il est désormais temps que cette comédie de mauvais goût cesse définitivement. Mais en grand optimiste – insérez des rires pré-enregistrés – je trouve la décision d’étendre l’univers et le jeu Two Worlds logique et intéressante. Sauver Raven’s Cry, c’était reprendre des éléments créés par un autre studio afin de faire un gros jeu ambitieux, c’est à dire construire un palais sur du sable.

Mais, faire des extensions d’un jeu à fort potentiel comme Two Worlds II avec une base déjà solide, c’est beaucoup plus cohérent, même si effectivement, sortir un add-on six ans après le titre de base surprend. Il n’empêche que Two Worlds II est encore visuellement très convenable, qu’on connaît Reality Pump pour leur talent à faire des jeux visuellement correct avec du matériel ancien, et que la seule chose qui a été ajouté à Two Worlds II… fut le meilleur produit du studio. Donc, je suis partagé entre le pessimisme et l’optimisme ; renflouer les caisses avec des extensions est un moyen comme un autre de sauver le projet et la boîte, mais aussi le meilleur moyen de contenter les fans de la série qui se languissent de ne rien voir arriver de nouveau. Et si Two Worlds III ne sort jamais, au moins aurons nous pu goûter à un peu plus du second épisode, et c’est déjà mieux que rien.

 

C’est ainsi que se termine cet article, le plan ne change donc pas. L’hommage à la série sortira bel et bien, et je suis toujours prêt à lui dire adieu. Mais, cette annonce, ce soulagement de voir revenir Reality Pump sur son bébé, me donne envie de croire en leur projet. Ils reviendront peut-être de loin, échoueront surement, qu’importe, cet espoir les fait surement vivre, et la meilleure manière de leur rendre hommage est de dire à quel point j’aime la série. Je compte bien acquérir la future extension, Two Worlds II : Call of Tenebrae. Je n’aurais d’ailleurs jamais pu imaginer écrire cela un jour.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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