Les demies-générations : l’aveu d’échec

Les demies-générations : l’aveu d’échec

2016, le bruit enfle. Pourtant, la New 3DS aurait dû mettre la puce à l’oreille, ainsi que le hardware plutôt limité de la PS4, surtout celui de la Xbox One d’ailleurs, bien qu’on ne veuille pas croire à une PS4 + et une Xbox One plus puissante. L’E3 2016 arrive, et Xbox clarifie : oui, il y a bien un projet en cours, du nom de code Scorpio, une Xbox One boostée pour la 4K. Il faut attendre un événement spécial pour Sony pour qu’ils annoncent la PS4 Pro, qui sortira à la fin de l’année 2016, tandis que Xbox sortira une console plus puissante pour fin 2017. La guerre des demies-générations est ouverte, et avec elle, un aveu d’échec : oui, les consoles suivent désormais la marche forcée du monde PC, et s’adapte pour éviter l’évidente hémorragie, causée par Steam il y a de cela plus de dix ans.

 

Possédant une PS4 Pro et connaissant une personne possédant une New 3DS, je peux témoigner : oui, c’est plus joli, c’est plus fluide, mais c’est tout. Même si Nintendo est plus clivant et donne à sa New 3DS des exclusivités, Sony comme Microsoft s’y refusent assez logiquement, ne voulant pas diviser la communauté. Pourquoi des consoles plus puissantes lisant les mêmes jeux sur une même génération ? Pour éviter que les joueurs console, plus exigeants sur le plan technique, ne se barrent sur PC. Tout simplement. Parce qu’il y a encore des joueurs console qui pensent que le jeu sur PC est aussi contraignant qu’avant, alors qu’aujourd’hui tout est plus intuitif, tandis que Steam a permis de centraliser le marché et les mises à jour.

Mais, reste l’environnement console plus direct, la machine pouvant être transportée plus aisément aussi, bien qu’il existe des PC portables. Enfin, ce n’est pas de la faute des PC, mais les jeux des consoles sont spécialement optimisés pour elles, bien que les versions boostées ajoutent désormais du travail. Quoi qu’il arrive, l’idée est rentrée dans la tête des joueurs que les consoles version « luxe  » ont une place dans le paysage du salon, même si c’est surtout là pour faire accepter l’idée que les consoles ne seront plus des plateformes où naîtront des exclusivités définitives, mais plutôt des itérations d’un même écosystème. De quoi garantir une rétrocompatibilité totale à l’avenir, comme le dit si bien Xbox avec sa nouvelle politique, allant même jusqu’à partager les jeux Xbox avec son infâme store sur PC.

C’est le premier signe de la fin d’un clivage : Steam et son store poubelle a gagné la bataille. Petit-à-petit, les frontières tombent, et le crossplay entre les joueurs PC et consoles progresse, les exclusivités se raréfient, les consoles gagnent un peu de l’ouverture de l’environnement PC, et le PC a gagné un peu du confort console. Cette convergence des stores et des écosystèmes pour se faire la guerre sur les stores respectifs de chaque constructeur, mais cette fois sur davantage de plateforme, chacun à sa manière. Steam sur PC / Mac / Linux uniquement, Microsoft et sa branche Xbox sur consoles Xbox et sur Windows Store, et Sony sur console Playstation, et désormais PC / télé Sony avec le Playstation Now, un service de streaming.

Alors, est-ce qu’on peut s’en réjouir ? Si ça ne fait pas moins investir les constructeurs consoles dans le jeu vidéo, se contentant de profiter d’un parc plus large pour distribuer des jeux tiers avec une poignée d’exclusivités à leurs stores… l’avenir le dira. Mais c’est la fin d’une philosophie. Si Nintendo franchit le pas et propose avec la Switch une sorte de plateforme Nintendo itérative, alors oui, le monde aura perdu de vue la philosophie déjà bien mise à mal avec les mises à jour fréquentes des jeux, tuant dans l’œuf le sacro-saint « plug’n play  » , les différentes configurations de jeux pour les titres supportant les versions « +  » des consoles. Est-ce une régression ou un progrès ? Les joueurs Xbox, séduits par la première machine de Microsoft, savaient très bien qu’ils jouaient sur un simili PC de salon, et que l’avenir était dans le dématérialisé, les disques durs, les jeux en ligne, ainsi que le partage de jeux entre console et PC.

Toutefois, si les constructeurs n’investissent plus pour créer leurs propres jeux (… comme paraît le faire Microsoft), alors c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres, car la simplification du développement des jeux a amené une multitude de titres de mauvaise qualité, polluant les stores de désormais chaque constructeur. Pouvoir s’appuyer sur un socle solide de jeux de constructeurs exclusifs à leurs stores, c’est se garantir une base ludique de qualité et diversifié, avant de se pencher sur le multi-plateforme, et aussi s’orienter vers un store plutôt qu’un autre pour investir son argent. C’est une nouvelle philosophie : acheter une console pour avoir accès à deux-trois jeux exclusifs peut s’avérer être un frein, et la contrainte d’abandonner ces gars sûrs qui joueront sur une autre plateforme est désormais une idée qui rend fou à une époque où les jeux sont de plus en plus connectés.

Non, décidément ces consoles qui sortent en cours de génération sont un message. Il y a déjà eu des consoles de ce genre, mais pas venant de constructeurs accueillant autant de jeux d’éditeurs tiers, et à l’époque, le jeu en ligne était inexistant. Aujourd’hui, le développement de jeux vidéo AAA coûte plus cher qu’avant, et ne sortir un jeu que sur une plateforme qui peut en plus se retrouver abandonné dans quelques années à peine, c’est prendre un trop gros risque. La postérité à laquelle accède les jeux en sortant sur PC est une bonne chose, et que la branche Xbox ait fait en sorte de donner à des jeux 360 et Xbox première du nom une chance d’être joués par les joueurs d’aujourd’hui et de demain sur Xbox en tant que plateforme aux multiples itérations est une bonne chose.

Mais voilà, c’est probablement la fin d’un cycle ; les générations ne sont pas forcément du domaine du passé, mais les jeux n’appartiennent plus exclusivement à celles-ci. On pourra désormais profiter des jeux d’aujourd’hui dans une dizaine d’année au moins, à moins qu’un jour, quelqu’un ne décide de rompre le contrat sacré qui semble avoir été signé entre les constructeurs et les joueurs avec le succès de la rétrocompatibilité Xbox. Rompre ce contrat risque de faire du mal à celui qui osera le faire cela dit, et mieux vaudrait bâtir les futures consoles dans le soucis de faire fonctionner les jeux du passé dessus. Le PC avait donc un train d’avance sur les consoles et a gagné la bataille là-dessus. Maintenant, la bataille à venir et la guerre du jeu vidéo qui permet l’investissement de plus en plus d’acteurs dans celui-ci, est à venir sur le plus de plateformes possibles. C’est aux joueurs de profiter de cela, en combattant maintenant les politiques les plus détestables de l’industrie à venir, mais désormais, l’ouverture est le maître mot, avec on l’espère tous les bienfaits qu’elle apportera. Néanmoins, méfions-nous des avenirs jugés radieux ; le pessimiste étant un optimiste avec beaucoup d’expérience, on finira forcément par se heurter aux problèmes de cette ouverture.

Mais, disons le clairement : il était temps que la dictature des exclusivités à une seule machine commence à plier l’échine. Désormais, prions pour que le changement amorcé n’ait pas d’effet sur l’investissement de Sony, Microsoft, ou Nintendo dans le jeu vidéo.

 

Alors, on les achète ces consoles d’entre deux générations ? Bah, mon avis sur la question est que maintenant qu’on sait qu’elles existent, elles risquent de baisser les prix des modèles d’entrée de gamme, et sont pour ainsi dire des garanties d’avoir la meilleure expérience possible sur salon pour les plus exigeants. Les autres iront simplement se tourner vers la bonne affaire qui leur donnera de toutes manières accès à tous les jeux qui sortiront sur la génération. Maintenant, il nous faut aussi veiller à ce que ces consoles n’arrivent pas à imposer l’idée d’une inégalité des chances sur le jeu multijoueur, en veillant bien à ce que les développeurs ne proposent pas du 60 FPS sur les consoles boostées et du 30 sur les consoles basiques. Mais ça, c’est une histoire à venir, et même EA a (temporairement) plié face aux plaintes des joueurs… Alors, que ne pouvons-nous pas accomplir ?

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

3 Commentaires sur “Les demies-générations : l’aveu d’échec”

  1. Qwarrock dit :

    Pour moi tout ce que tu décris est une bonne chose (avec le résistant Nintendo, qui ne suit pas le mouvement) … évidemment je ne joue que sur PC.

    Concernant le style de l’article, La lecture fut assez difficile pour moi, il y a trop de « mais » imbriqué, de transition inutile…

  2. Toupilitou dit :

    Pour les « mais » et les transitions, c’est peut-être à mettre sur le compte d’une correction un peu hâtive

    Je vais fouetter mon clone n°5 pour qu’il retienne bien la leçon

  3. Marcheur dit :

    Je vais surement retoucher ça alors, merci de l’avoir signalé

    Sinon oui, c’est globalement une bonne chose, mais justement, en parlant du « mais » ( :p ) il y a aussi l’investissement des constructeurs qui permet de faire vivre l’industrie, de grandes séries financer par les constructeurs permettent de proposer des choses ambitieuses qui font bouger le jeu vidéo.

    Si les constructeurs s’investissent autant dans le jeu vidéo, c’est parce qu’ils construisent des parcs, des parcs qui étaient et sont encore majoritairement conditionnés à des machines à l’écosystème fermée. Mais maintenant que Steam existe, et qu’une nouvelle « guerre » se met doucement à s’installer, on peut aller vers des environnements plus ouverts. Mais est-ce que justement les exclusivités n’étaient pas si importantes que justement elles poussaient à aller vers une machine ? Là on pourra me dire qu’elles seront là pour pousser vers les stores, mais comment savoir si l’investissement niveau jeu vidéo de la part des constructeurs restera aussi important ? L’avenir nous le dira.


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