Sniper : Ghost Warrior 3

Sniper : Ghost Warrior 3

Version presse Xbox One fournie Par Koch Media

 

Troisième tour de piste pour une série qui n’a jamais vraiment trouvé la lumière qualitativement parlant. Perfectible, au mieux, sur bien des points, infect sur d’autres, Sniper : Ghost Warrior, c’est la série de jeu de sniper la plus importante avec Sniper Elite. Pourtant, elle n’a jamais réussi à se détacher de son statut de AA, et la série a déjà connu bien des retours de bâtons en s’avérant trop ambitieuse pour ses moyens. Malgré tout, votre serviteur ici-présent a beaucoup apprécié les sensations de tir des deux précédents épisodes. De quoi faire de ce troisième opus une curiosité qu’il avait bien envie de décortiquer… Il, oui, lui, celui derrière le clavier… Non pas toi, lui.

 

Alors, à quoi peut-on comparer ce nouvel opus ? Eh bien, on peut le mettre à côté de Homefront : the Revolution. Voilà, à plus les gars. Quoi, pourquoi ? Vas lire la critique de Homefront, et fait pas chier ; j’ai vraiment autre chose à faire. Plus sérieusement, l’ami ici-présent est trop ambitieux pour ses propres moyens, propose un semi monde ouvert qui change la perspective de son gameplay, va allègrement piocher dans la formule Far Cry, et utilise aussi le Cry Engine. Ah, et c’est la suite d’un jeu battu à mort par la presse malgré un succès commercial avéré. Donc tu vois, j’ai quand même cherché des points de comparaisons.

Donc ouais, « Far Crylike  » jusque dans l’interface qui va faire tiquer les Ubisoftophobes. On est en terrain connu, les points d’interrogations sur la map compris. On se demande si on est pas au niveau du plagiat pur et simple, avec un mapping des touches similaires par-dessus le marché. Il y a même l’assassinat en chaîne hérité de Far Cry, lui-même hérité d’Assassin’s Creed : Brotherhood. On peut aussi relever d’autres ressemblances, mais au moins, l’honneur est sauf : l’univers du jeu est largement mieux construit qu’un bête Ubiworld, et, ô miracle, mieux rempli.

Ainsi, on a droit à des cartes particulièrement accidentées, à des environnements particulièrement bien agencés dans lesquels on prend plaisir à se balader, à la découverte de coins tout autant sympathiques à regarder qu’il recèlent de quelques petites surprises et trésors. D’ailleurs, la seconde (très) grande carte du jeu propose un feeling d’exploration très semblable à celui d’un Skyrim, et ce n’est pas que parce qu’on est dans la neige ; c’est plus subtil, plus travaillé, plus maîtrisé, et c’est toujours drôle de voir un jeu de Sniper en monde ouvert, réalisé par une petite société, arriver à faire mieux que des gros éditeurs. Toujours est-il qu’il y a de quoi découvrir. Mais pour découvrir, encore faut-il se déplacer.

Et pour cela, vous aurez à votre disposition une voiture à la maniabilité correcte, sans vrai plus, même si la conduite sauvage sera vouée à l’accident (… il faudra surement attendre le DLC prévu à cet effet), et bien sûr vos petits petons. Vous pouvez sprinter, et heureusement vu la taille des environnements. La bonne idée de l’ensemble, c’est que le jeu s’ouvre à une certaine verticalité avec la fonction de la navigation extrême. Qu’est-ce que c’est ? Mirror’s Edge. Plus sérieusement : de la grimpette en première personne, et c’est très agréable, parce que les animations, bien que perfectibles, donnent de belles sensations aux actions.

Cette feature permet de donner au jeu encore moins de linéarité. Elle permet notamment à son open world de s’exprimer pleinement. Un espace ouvert qui délivre aussi quelques surprises, même si on aurait aimé plus de travail dans l’immersion. En effet, il y a des animaux dans le titre, mais seulement de deux sortes : les cerfs et les loups, l’un pacifique, l’autre agressif. L’idée n’était pas stupide pour appuyer un côté survie, malheureusement, le jeu ne propose rien en ce sens. On a pourtant droit à un environnement enneigé (… où aller dans l’eau ne cause aucun dommage !), de la pluie, des animaux à chasser, avec juste un mode de jeu supplémentaire et une incidence sur la gestion de la faim / sommeil / froid / humidité. La gestion balistique aurait toutefois pu être encore plus pointue. CI Games, si vous me lisez : il n’est pas trop tard, et il paraît évident que votre jeu aura des mises à jour, car il en a besoin.

Transition toute trouvée : parlons technique. Visuellement, Sniper : Ghost Warrior 3 propose un rendu plutôt sommaire avec le moteur de la société Crytek. L’ennui, c’est qu’il souffle sans cesse le chaud et le froid, perdu entre certains panoramas magnifiques entachés d’une distance d’affichage faible sur console, et des modélisations de personnages qui font peur, des textures parfois très détaillées et photo-réalistes, et de l’autre des roches ainsi que d’autres éléments de décor très pauvres. Sniper : Ghost Warrior 3 compense avec la variété des environnements traversés, mais souffre aussi d’une esthétique très terne. Pas ou peu de recherche : les beaux coins, s’ils existent, sont surtout impressionnants techniquement, rarement esthétiquement parlant.

Dans sa recherche ratée du photo-réalisme, le titre se heurte à une autre réalité : la gourmandise de son moteur et le rendu ambition font toussoter la Xbox One comme la PS4, et le framerate prend un coup sévère dans les dents. Loin d’être injouable, tout de même souvent désagréable, on aurait largement apprécié quelques concessions visuelles en plus afin de maintenir les déjà faibles trente images seconde. Ce n’est pas le pire ; le titre est pétri de bugs graphiques, de textures qui disparaissent, un envers du décor visible, un clipping ahurissant, et une killcam au comportement inquiétant (… effet avant-arrière, voire plan large à l’autre bout de la carte… What ?). Si ces défauts n’empêche pas le bon déroulement d’une partie, ils posent un gros problème de finition qui nous fait penser que CI Games a sans doute bien fait de repousser la sortie du mode multijoueur. Toutefois, sans doute aurait-il été judicieux de repousser le jeu d’encore un petit mois ?

Je voulais garder la cerise sur le gâteau pour la fin, et je vais l’écrire sérieusement : si vous le pouvez, jouez-y sur PC. Pourquoi ? Les temps de chargement sur console sont parmi les plus longs de l’histoire du jeu vidéo : cinq minutes entre chaque zone, bien qu’elles soient vastes et qu’on n’en change pas si souvent. Imaginez que vous vous faites une session d’une heure de jeu, eh bien vous bouffez au mieux cinq minutes de temps de chargement, accompagné d’une musique qui, si elle deviendra forcément insupportable au bout de dix chargements, reste une belle prise de risque à saluer :

 

 

D’ailleurs, je signale que la musique de la radio dans la voiture est dans le même folklore. C’est une super idée afin de mieux localiser le lieu dans lequel l’aventure évolue. Parlant d’aventure, parlons du scénario. Alors, vous aimez les nanards ? Non ? Dans ce cas, passez les cinématiques, mais si vous aimez les jeux qui se prennent au premier degré avec des refrains patriotiques militaro / machinchose, vous allez en avoir pour votre argent. C’est drôle, mais c’est marrant comme je l’ai rarement vu ; le héros a une voix de badass motherfucker, est du genre à dire « T’as complètement pété un plomb mec !  » ou « Il a trahi son pays !  » avec le plus grand sérieux du monde. Les méchants, qui sont vraiment méchants, ont des accents slaves complètement abusés. Les aides du héros sont deux femmes plutôt du genre « belles plantes « … Mais bon, lorsqu’on voit le public du jeu, on peut aussi se dire que CI Games a bien visé (… jeu de sniper, visé, t’as pigé ?) avec un superbe avis steam qui m’a personnellement fait hurler de rire :

On notera les deux jolies nénettes hein ;) hé les gars, vous vous êtes lâchés là xD pour faire des belles gueuses bandantes y’a du monde, MAIS POUR FAIRE DES VRAIE M82 CAL.50 Y A PERSONNE HEIN!!

Voyez ? Voyez qu’il y a de l’espoir !

Enfin, le scénario est prévisible. On grille le moindre twist avant même que le premier indice n’arrive. La fin est un rush d’une brutalité sans nom, et globalement, dès qu’un personnage essaye d’avoir l’air sérieux (… pas facile avec un doublage français médiocre), on se marre. C’est génial, putain ! La campagne principale vous prendre une dizaine d’heures pour en voir le bout, mais c’est sans compter sur la recherche de toutes les armes, la libération de bases, l’exploration qui permet de crafter son propre équipement, les événements liés à certains lieux, la chasse aux succès (… plutôt amusante cette fois), et les seize quêtes secondaires parfois plus réussies que les principales.

Bon, on a bien gratté, mais comment ça se passe concrètement Sniper : Ghost Warrior 3 ? Eh bien, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas vraiment un jeu de sniper. C’est effectivement ce qu’on incarne et sa spécialité, mais en réalité, on incarne un sniper : fantôme et guerrier. Oui, c’est le titre en français, mais qu’est-ce que cela signifie ? Eh bien, il y a trois approches qu’il faudra user pour résoudre les situations. Et ça fonctionne du tonnerre, les plus acharnés pourront tenter chaque approche en ignorant les autres, mais les malins sauront approcher le jeu comme il le faut. Déjà, vous êtes équipé d’un drone capable de débloquer des améliorations plutôt sympathiques (vision nocturne, marquage de cible, piratage de caméra,…) qui permettra de prendre la température du lieu à attaquer ou à infiltrer. Il sera votre meilleur allié si vous voulez vous la jouer Sniper ou Fantôme.

Ensuite, si vous équipez votre sniper d’un silencieux, avec méthode, vous pourrez nettoyer un peu les bases avant de les infiltrer ou de les attaquer, sachant qu’un cadavre découvert = alerte = recherche = bien plus difficile de s’infiltrer. Ensuite, n’hésitez pas à vous faufiler derrière un garde, non pas pour lui tailler la gorge mais pour l’interroger, à la mode Metal Gear Solid, histoire d’être sûr de l’endroit où l’on trouvera ce que l’on cherche, ou avoir des informations générales (emplacement des ennemis, emplacement des ressources, emplacement des caméras…). La furtivité est gratifiante, avec un level design offrant pas mal de possibilités sans tomber dans la maladie du conduit d’aération *tousse* Deus Ex : Human Revolution *tousse* ce qui garantie un grand plaisir lorsqu’il est question de s’infiltrer. Ah, et pour les bourrins, fusils à pompes, kalash chargée et grenades à volonté ; qui n’en veut ?

Chaque approche possède son arbre de neuf compétences. C’est assez pauvre, et cela n’influe que peu sur le déroulement des opérations. Bien que cela permette de tout de même garantir une évolution du jeu, c’est surtout du côté des gadgets et accessoires que le jeu tire son épingle : viseurs, chargeurs étendus, grenades de différentes sortes, drones customisés, trépieds pour le sniper, silencieux, camouflages pour l’arme, des dizaines d’armes de chaque catégorie… Sniper : Ghost Warrior 3 est une mine de possibilité. On pourra aussi parler des balles aux capacités différentes, des pièges, et on aura l’impression de ne pas avoir fait le tour des features de ce titre au final. Toutefois, elles trouveront une nouvelle gloire lors de la sortie du mode multijoueur que l’on espère à la hauteur.

A la hauteur ? Oui, parce que, malgré son rendu parfois daté, ses animations pas super fignolées, et sa finition défaillante, ce jeu offre également une richesse peu comparable à nombre de jeu de sniper, ou même à nombre de FPS. Proposant une durée de vie rondelette, pas mal de modes de difficulté intéressants, et se payant même le luxe du season pass offert pour les premiers acheteurs, Sniper : Ghost Warrior 3 compense ses faiblesses par une grande générosité. On fait cela dit confiance à CI Games pour signer un meilleur DLC solo que celui qui est d’ores et déjà disponible. En effet, la Fuite de Lydia, c’est environ une cinématique de quatre minutes, et deux missions dont la résolution n’excède pas les vingt.

Au niveau des reproches, on pourrait dire qu’on ne joue pas beaucoup du sniper dans ce titre, mais c’est justement sa liberté qui donne cette impression. On passe tout de même pas mal de temps le fusil calé sur l’épaule, à retenir son souffle avant de voir une pastèque exploser. Les sensations de tir sont simples, élégantes, brutales. Juste ce qu’il faut. La balistique est bien gérée, avec gestion de l’essoufflement du personnage, la distance, le sens du vent et sa force. On notera aussi que le jeu gère de manière réaliste l’angle de tir lorsque notre personnage est en train de ramper, de quoi alimenter encore la rivalité entre Sniper : Ghost Warrior 3 et la série Sniper Elite ; s’il n’a pas encore la finition de son concurrent, il a pour lui ce sentiment du tir au sniper parfait, et le ressenti qui va avec, contrairement aux Sniper Elite. Je n’ai eu aucun mal à passer plus de quatre heures d’affilée sur le jeu de CI Games, pour en apprécier les tirs au Sniper certes, mais aussi tous les à côté qui font de ce jeu plus qu’un plaisir coupable à mon sens.

Mise à jour 20 mai 2017 : Le hasard faisant mal les choses pour moi (… Reality Pump qui renaît la veille de la semaine d’hommages que je leur rendait), une mise à jour est sortie, et a corrigé un ensemble de bugs assez conséquent. Les animations connaissent une amélioration notable dans leur exécution à des endroits où elles étaient problématiques, le framerate connaît de sensibles améliorations à bien des lieux, enfin, les temps de chargement sont largement réduits sans être pour autant acceptables (… on passe de cinq à trois minutes). Des améliorations substantielles qui améliorent le confort de jeu et rendent donc le titre un peu plus recommandable. On espère que les efforts ici déployés se poursuivront.

 

Funambule. Entre le triple AAA et le double, le médiocre et le très bon, Sniper : Ghost Warrior 3, même quand il aura fini de se patcher et de voir son contenu s’étoffer grâce aux mises à jour et DLC, restera un jeu qui divisera. Il y aura toujours quelqu’un pour dire que la série ne fait que se complaire dans sa médiocrité et que Sniper Elite est la seule série de jeu de sniper réussie. Je suis loin d’être de cet avis, de très loin meme. Ghost Warrior 3 est le meilleur opus de sa saga et signe un retour convaincant de la série, qui arrivant enfin à se placer en challenger sérieux avec sa balistique réussie, un monde ouvert plus qu’à propos, et une richesse qui laisse rêveur. On ne pourra cependant que conseiller d’attendre quelques mises à jour, et sans doute le multijoueur, avant de craquer. Reste que, pour une fois, je peux conseiller un opus de la série sans craindre de me faire taxer d’arnaqueur. Je les avais pourtant sincèrement apprécié, les deux précédents opus. Sur ce, j’ai quelques tirs dans la tête à distribuer encore il me semble ?

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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