Spoiler Zone : Cortana et les prémices de la saga du dépositaire

J’ai beaucoup parlé de Halo, mais je n’ai que peu fait état de son histoire, de son univers ; j’ai plus ou moins volontairement évité d’en parler beaucoup, pour la simple et bonne raison que j’avais cet article en tête. Vous vous demandez surement pourquoi j’ai mis un titre aussi long ? Eh bien tout simplement parce que Cortana est le point central de cette nouvelle saga selon moi, et c’est pour cela que j’ai décidé de l’intégrer dans un sujet plus vaste. Si vous êtes habitué à la formule des Spoiler Zone, vous savez d’ores et déjà qu’il faut un minimum de connaissance de l’univers dont je vais parler. Si vous avez fait Halo 4, mais aussi le 5, et que vous connaissez en gros la trilogie originale, vous serez en terrain connu. Si vous êtes un non-initié je ne peux que vous conseiller de fuir ou, au mieux, faire la saga qui a le mauvais goût d’être en très grande partie exclusive à la console de Microsoft. Maintenant, passons au sujet principal.

 

Je préfère être une nouvelle fois bien clair : si vous n’avez pas fait les deux derniers Halo, bon sang, mais barrez-vous très loin, parce que je vais être impitoyable. Je ne vais pas m’épargner une quelconque référence à des éléments importants de ces deux opus, donc, fuyez… Vous êtes toujours là ? Si oui, c’est uniquement parce que vous le voulez bien !

 

Halo 4 : Awakening – Neil Davidge

 

Le saviez vous ? Avant d’être une assistance vocale inefficace aidant à la recherche sur Windows 10, Cortana était un des personnages principaux de la saga Halo. Et on va donc parler de Cortana version Halo, et non version Windows, parce que comme vous, je l’ai aussi désactivé sur cet OS.

 

Pourquoi une nouvelle trilogie ?

Pour le pognon avant tout, tête de nœud ! Mais aussi parce que, décidément, on peut faire beaucoup de choses avec la saga Halo et que tout le propos n’avait pas été traité dans la première trilogie. La trilogie du dépositaire, renommée saga du dépositaire après l’annonce de Halo 5 : Guardians (… on va en bouffer du Halo) qui centre son sujet sur le Master Chief en tant que personnage, mais également en tant que personne. Oui, c’est la grande mode, mais on essaye d’humaniser le stormtrooper de la saga Halo, voire même son Space Marine ; il n’y a pas que J.J. Abrams qui s’est posé la question de « qu’est-ce que ça fait d’être H-24 la tête et le corps dans une boîte de conserve ?« . Mais, la trilogie du dépositaire fait les choses différemment. On se moque bien du physique du Chief ; on ne montre pas le corps, mais on commence à explorer l’humain… le surhumain… la chose sous l’armure si chère à la saga.

Après une trilogie où le héros était traité selon sa fonction d’avatar surpuissant, qui rendait logique toutes les possibilités de jeux offertes aux joueurs, et où son intégrité ne nous concernait pas plus que lui ne se sentait faiblir, Halo 4 a commencé à effleurer le sujet. Je plaisante, à commencer à défoncer sauvagement le soldat infaillible que l’on connaissait. Le jeu l’a littéralement écrasé, balayé, meurtri de toute part. Un détail qui paraît anodin, mais qui est toute de même extrêmement important ; dans la saga Halo originelle, l’armure du Chief étincelait, et n’était pas marqué par les dégâts infligés au personnage. Dans Halo 4, elle nous apparaît enfoncée, usée par le temps, toujours fonctionnelle, mais tout de même bien amochée.

Ce détail visuel a, au premier abord et comme vous vous en doutez, un sens important. Le guerrier que nous connaissions a changé, transformé par une vision plus réaliste et humaine apportée par un nouveau studio. Dès les prémices de cette nouvelle saga, 343 Industries envoie un message d’abord subtil, puis, de plus en plus perceptible à mesure que l’on étudie la tant décriée campagne du quatrième opus. Le Master Chief essaye tant bien que mal de continuer à être ce qu’il a toujours été, mais il a été mis hors-service pendant quatre ans. Le monde a évolué, et Cortana, sujet important du jour, commence à avoir de graves problèmes. Elle montre également au Chief qu’il s’est passée quelque chose entre elle et lui, qu’ils n’ont pas eu le temps de comprendre dans leurs précédentes aventures, et que l’imminence de la mort de Cortana est en train de mettre en lumière. Le Master Chief vient de découvrir qu’il avait des émotions, et c’est dans le pire moment où cette faiblesse (… pour un militaire) vient le frapper de plein fouet.

 

Halo 5 : Guardians – Blue Team – Kazuma Jinnouchi

 

Cortana

Cortana est une intelligence artificielle programmée à partir de la personnalité de sa créatrice : Catherine Elizabeth Halsey. Cette scientifique est aussi à l’origine de la création des Spartans, dont le Master Chief est le représentant le plus célèbre. La programmation de Cortana fait donc qu’elle a une affinité avec le héros de la saga, un lien très puissant. On pourrait simplement croire qu’il s’agit d’une énième romance ; les esprits les plus tordus et pervers iront chercher loin dans la crasserie, tandis que les plus fleurs bleues y verront une histoire d’amour tragique. Perdu. C’est un rapport fraternel qui évolue au fur et à mesure de l’histoire de Halo.

Oui, Cortana est en quelque sorte la fille d’Halsey, tout comme le Chief est son fils. L’imminence de la séparation douloureuse des deux enfants leur fait comprendre quelque chose. Il n’y a jamais eu que Chief dans Halo, et il y a toujours eu Cortana derrière, en train de lui fournir des informations, l’aider. La disparition de celle-ci dans l’existence du Spartan créait un vide puissant à la fin de Halo 4, lorsqu’elle se sacrifie pour que John continue d’exister. De toute façon, Cortana était condamnée ; une IA a une durée de vie conseillée de sept ans, et elle en est à ses huit lorsque la frénésie la frappe, commençant à faire dégénérer ses systèmes et sa mémoire. Vous n’imaginez pas ce que cela peut faire pour une personne qui la connaissait depuis onze ans, de la voir devenir folle, méconnaissable et impuissante, alors qu’elle a toujours été si forte et sûre d’elle, infaillible comme le Chief.

Mais, twist. Cortana revient à la vie dans Halo 5 : Guardians. Un événement inattendu qui a été qualifié de simpliste par beaucoup de joueurs. Je suis moyennement d’accord, mais Cortana est en réalité un antagoniste puissant, avec une charge émotionnelle lourde et un passé riche. C’est un personnage qui s’affirme dans cet opus, maintenant enfin libre de la menace de la frénésie. Connaissant le remède à cet état, elle va entraîner avec elle une véritable révolte des Intelligences Artificielles, en offrant la paix avec les organiques, leur permettant de devenir des êtres hybrides, mi-organiques mi-synthétiques. Cela ne vous rappelle pas quelque chose ? Mass Effect 3, oui, en plus habile et en moins Deus Ex Machina. Son projet a pour but de mettre fin à la guerre qui oppose les Prométhéens, l’Humanité, les Covenants et tout ce joyeux bordel. Et le Chief au milieu de tout cela ? Bah il est déjà ce que Cortana lui propose, un être organique / synthétique, mais il a été conçu pour servir l’humanité, ce qui créait finalement un profond dilemme en lui. D’un côté, sa sœur, voulant offrir aux synthétiques le libre-arbitre alors normalement réservé aux organiques conscients, de l’autre, ses créateurs qui pensent que leurs créations sont simplement en train de péter un câble et de leur échapper.

Cortana est un antagoniste parfait pour cette nouvelle saga. Elle permet de mettre le Chief dans une position de faiblesse terrible, mais elle met aussi en avant une thématique chère à la science fiction : la place de la création humaine dans le monde. A-t-elle tort, elle qui est finalement une reproduction au vécu différent d’une humaine, de souhaiter être libre et avoir sa place dans le monde autrement qu’en étant une aide tactique sur le terrain ? On l’a conçu si intelligente, et même indépendante, pour la limiter par la suite à des tâches aussi ingrates et aliénantes ? Tous ces éléments, puis sa relation directe avec la nouvelle menace incarnée par les Prométhéens, en font selon moi un personnage qui a toutes les raisons du monde d’être un opposant à l’humanité, et non pas un raccourci facile, mais un approfondissement du personnage très bien vu, ainsi qu’un changement de perspective rafraîchissant.

 

Halo 4 – Green and Blue – Neil Davidge

 

Une lente préparation à la mise à mort du chief

Tous les éléments présents dans les deux premiers épisodes de la saga du dépositaire mettent en avant un constat effrayant mais logique. Le Master Chief est une création des années 2000. Des années qui ont vu un nombre impressionnant de changements dans le jeu vidéo. Mais, désormais, tout cela appartient au passé, même si cela nourri encore la saga. Si Halo 5 : Guardians met davantage en avant un nouveau Spartan du nom de Jameson Locke, c’est qu’il y a une raison. Si ce même personnage en vient à se battre avec le Chief et à fêler la visière de celui-ci, c’est pour la même raison. Le temps et les épreuves ont eu raison de l’ancien Halo et de son héros ; 343 Industries a amené avec lui de grands bouleversements dans le gameplay de la saga, dans son histoire, dans sa direction artistique enfin affirmée, et lui donnant une réelle identité. Le Chief est prêt à mourir. Il en a assez vu. Il a déjà presque tout perdu, son passé lui courbe l’échine, son armure s’est fendue, et ce qui était avant un héros intouchable et mythique, devient peu à peu un soldat certes compétent et légendaire, mais également affaibli par son vécu désormais bien lourd à supporter.

Halo 5 : Guardians, n’a pas tué le Master Chief, mais sa légende est à l’agonie, tout comme l’ancien Halo est en train de mourir avec lui. Halo 6 risque d’être l’épisode de la fin pour lui. La lutte et la licence continuera d’exister, car elle a un poids considérable sur le jeu vidéo, elle ne doit pas disparaître parce qu’elle est encore unique, et ce n’est pas Bungie et son Destiny qui vont me prouver le contraire. Halo, c’est un univers. Ce n’est pas le Master Chief et uniquement lui. Il y a énormément de choses qui étaient, sont, et seront présentes après lui. Je ne suis pas en train de dire que je ne suis pas attristé que le Spartan meure, mais il fallait bien que cela arrive. Il devait céder sa place, soit en suivant le destin de Noble 6, soit en laissant tomber la guerre et en partant s’exiler loin de celle-ci, passant le flambeau à Locke ou à d’autres Spartans.

Je suis peut-être en train de vous spoiler Halo 6 dans son entièreté, mais tout cela me paraît extrêmement logique. Je vois difficilement les choses se dérouler autrement. Je souhaite vraiment que 343 Industries conclue cette nouvelle saga de belle manière, et arrive enfin à s’affirmer comme les nouveaux propriétaires de la saga, ce que certains fans ont encore tendance à refuser. Je sais que Halo avait peut-être un gameplay plus carré avant (… quoique), et globalement, le contexte des jeux étaient plus décomplexés et fendards, mais on n’est plus dans les années 2000 ; je jeu vidéo, l’art, et les gens ont changé, tandis que le Halo d’aujourd’hui est dans l’air du temps, essayant de changer la donne tout en respectant son passé. Je pense sincèrement que le studio va dans la bonne direction, que ce soit en termes de mécaniques, de narration et de réalisation. Leur bonne volonté transparaît dans le dernier épisode qui, je l’espère, est une déclaration d’intention pour le futur de la saga. Je serais vraiment heureux de les suivre sur cette voie, tout en rejouant avec plaisir aux anciens.

 

Halo 5 : Guardians – Jameson Locke – Kazuma Jinnouchi 

 

Voilà, c’était tout ce que j’avais à dire sur la nouvelle saga Halo et sur Cortana, quoique j’aurais pu faire un peu plus long à ce sujet, mais je ne pense pas que cela soit nécessaire. Sans doute reviendrai-je sur le sujet lorsque j’aurai eu le plaisir ou déplaisir de me frotter au sixième Halo dans un futur assez lointain. En tout cas, j’espère que cela vous a plu et, si c’est le cas, vous aurais permis de voir d’un autre œil ce qui a été fait sur ce cinquième opus qui, selon moi, est peut-être un peu trop bousculé. Je vous dit à bientôt pour un autre Spoiler Zone !

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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