Talisman : Digital Edition

Talisman : Digital Edition

L’industrie vidéo-ludique a toujours et régulièrement vu apparaître des adaptations de jeux de plateau en jeux vidéo, sans que l’on y retrouve forcément l’essence même de ce genre-là. Dernièrement, Games Workshop est d’ailleurs particulièrement actif en multipliant les transpositions modernes de leurs supports physiques. C’est effectivement le cas de l’œuvre qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir Talisman : Digital Edition, adaptation du jeu de plateau éponyme développée par Nomad Games. Répondons ensemble à la grande question du jour : peut-on s’y amuser ? C’est parti !

 

Par la grâce de Robert Harris et de Games Workshop, Talisman fut à l’origine un jeu de société ayant fait pas d’émules à son époque dans les années 80. Pour gagner une partie, nous devions amener notre personnage au centre du plateau de jeu, afin de récupérer la couronne de commandement et écraser nos adversaires, le chemin, représenté par les différentes cases, étant semé de pièges, embuches, et affrontements. En somme, il s’agit d’une sorte de jeu de l’oie borderline avec des fonctionnalités avancées, prenant en compte des combats et des événements putassiers. Autant dire que, après vérification, l’adaptation vidéo-ludique est assez fidèle, tout en sachant s’adapter à son nouveau support, mais j’y reviendrai plus tard. Commençons donc par le début, où nous devrons choisir notre personnage parmi un panel d’au moins quatorze (… le surplus étant disponible via des DLC), disposant chacun d’un alignement (Bon / Neutre / Maléfique), de caractéristiques (Force / Magie / Vie / Destin / Or), ainsi que d’avantages et inconvénients qui leurs sont propres.

Une fois fait, nous pourrons le faire apparaître sur le plateau, dans la partie la plus proche de l‘extérieur. Ce plateau est divisé en anneaux à travers une série de rectangles concentriques, et chaque anneau intérieur renferme des dangers de plus en plus grands. Tout cela, c’est sans compter sur vos adversaires qui se feront un malin plaisir de vous mettre autant de bâtons dans les roues que possible. Lorsque notre tour démarre, nous devons lancer un dé qui indiquera le nombre de cases que nous traverserons, dans l’anneau sur lequel nous nous trouvons, que ce soit dans le sens des aiguilles d’une montre ou dans l’autre. A l’issue, et sauf contre-indication ou événement spécial, nous devrons piocher une carte Aventure. Cette dernière peut renfermer un événement ou une situation, un objet à ramasser, un compagnon, ou un monstre à combattre.

Dès lors que vous combattrez, vous aurez la possibilité, outre perdre ledit combat, de laisser fuir votre adversaire, ou de le tuer. Dans ce dernier cas, vous en récolterez alors un trophée – la carte du monstre – et lorsque vous en aurez cumulé suffisamment pour que la somme de leur force collective atteigne sept, vous gagnerez alors un point en force (… il existe l’équivalent pour la magie). C’est un aspect à ne clairement pas négliger, car c’est ce qui nous permettra principalement de sauver notre peau au fur et à mesure de la partie. Je parlais un peu plus haut d’alignement pour les personnages, et c’est également quelque chose à prendre en compte, car des bonus ou malus s’appliqueront sur certaines cases et cartes du jeu. Néanmoins, l’alignement n’est pas une valeur définitive ; certains événements peuvent les inverser, où un personnage maléfique deviendra bon, et vice-versa. Par ailleurs, sachez qu’atterrir sur la case où est situé un autre personnage n’entraîne pas automatiquement un combat, ce qui laisse le champ libre, lorsque vous jouez entre amis, à toutes sortes d’alliances et de pactes de non-agression.

Se déplacer trop tôt dans un des anneaux intérieur n’est pas conseillé, puisque vous vous ferez sauvagement poutrer si vous n’êtes pas assez puissant. Mais si vous prenez trop votre temps, vos adversaires ne vous attendront pas pour récupérer la couronne de commandement. Le jeu est ainsi fait que, sauf en cas de malchance extrême et répétée (… ce qui n’est malgré tout pas à exclure), chacun progresse plus ou moins à la même vitesse, de sorte que cela rajoute une tension sous-jacente pour la course à la couronne. L’aléatoire est également une composante importante de la (mal)chance et amène à tout un tas de situations improbables, voire souvent injustes. Pour vous donner un exemple précis, je me souviens d’une partie où je parcoure l’anneau extérieur en ne faisant qu’amasser du pognon, sans jamais être en capacité de le dépenser. Après un certain nombre de tours, une carte Aventure me laisse la possibilité de tirer trois cartes : un monstre lambda rapidement défoncé, une bande de voleurs m’ayant rapidement dépouillé de tout mon pognon, et la dernière carte était… un marchand ambulant. Savoir accepter l’ironie d’une situation est donc bel et bien un prérequis.

Pour la route, sachez que le jeu de base renferme 104 cartes d’Aventure, ainsi que 24 cartes de Sorts et 14 personnages. Le DLC le plus intéressant, The Reaper, rajoute quant à lui (entre autre) 90 nouvelles cartes Aventure, 26 cartes Sorts, et 8 personnages. En prenant en compte le style de jeu de chaque avatar, nous nous retrouvons alors avec ce qu’il faut pour renouveler considérablement l’expérience d’une partie à une autre ; les retournements de situation sont de toute façon légion. Il existe également les DLC prénommés Frostmarch, The Dungeon, The Highland, The Sacred Pool, The City, The Nether Realm, et The Blood Moon, rajoutant chacun leurs contingents de cartes et règles supplémentaires. Vous l’aurez compris, alors que le jeu de base coûte 7,99 €, si vous commencez à mettre le doigt dans le système de DLC, Nomad Games vous bouffera les deux bras avec un season pass à 54,99 €, regroupant une montagne d’expansions, personnages, et decks.

Si l’on occulte l’aspect pécunier, le pendant négatif de cette farandole de DLC est très simple : si vous récupérez tout, l’ensemble des decks n’est absolument pas homogène, et l’équilibrage devient alors totalement bancal, notamment à cause de l’aspect complètement aléatoire de la structure du jeu. Ouais, l’aléatoire, ce concept qui fait rager par mal de joueurs. Pour ma pomme, cela m’amuse pas mal, puisqu’à part si l’on est un véritable chat noir, l’aléatoire vous sera forcément bénéfique à un moment ou à un autre. Cela n’empêche d’ailleurs pas le fait que vous pourrez élaborer un semblant de stratégie qui devra s’adapter au fil de la partie, sous peine d’être inévitablement contrariée à un moment ou à un autre. Néanmoins, les plus réfractaires à l’aléatoire ressentiront surtout de la frustration sur un jeu pouvant parfois sembler punitif… Mais, tout comme le nombre de DLC, n’est-ce pas là le point commun à de nombreux jeux de plateau de Games Workshop ?

Et justement, il est possible d’y jouer en solo face à l’IA histoire de le prendre en main, mais comme tout bon jeu de plateau, Talisman : Digital Edition est définitivement plus fun en y jouant avec des potes (… je ne l’ai pas essayé avec du random player). A noter qu’il est possible de faire un mix IA / joueurs. Cela atténue la frustration ressentie par l’aléatoire, puisqu’elle est rapidement évacuée par une petite vanne et un grand éclat de rire – à moins que, pour les plus mauvais joueurs, cela ne finisse en ragequit doublé d’une fatwa, enterrant ainsi une amitié pourtant vieille de vingt ans ; oui, il ne faut pas forcément jouer avec n’importe lequel de vos amis. D’ailleurs, détail important vis-à-vis des DLC et des parties multijoueur : il faut savoir que seul le joueur lançant la partie a besoin de détenir les extensions pour en faire profiter tous les autres joueurs. Un geste loin d’être inutile pour assurer un avenir à la communauté multijoueurs ! Enfin, je terminerai malgré tout sur un bémol : il n’y a qu’un seul slot de sauvegarde, obligeant ainsi forcément à écraser votre partie si vous en recommencez une, ou à la poursuivre.

 

Quand bien même Talisman : Digital Edition est tout à fait jouable en solo, rien ne vaut le plaisir que procure une partie avec des amis, permettant ainsi de passer un bon moment, entre vacheries et coups de malchance. Véritable gouffre à temps libre, les mécaniques de jeu, bien qu’injustes, répétitives, et arbitraires, fonctionnent du tonnerre, tout en proposant un fort potentiel de rejouabilité et de fun. En clair, si vous recherchiez l’adaptation d’un jeu de plateau qui soit assez reposant et plaisant pour occuper vos longues soirées hivernales, il y a de fortes chances pour que vous vous y retrouviez avec ce jeu vidéo !

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A propos de l'auteur : Toupilitou

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