The Witcher 3 : Blood And Wine

Juin. Mois qui fut tant attendu par votre serviteur. Période de trente jours durant laquelle il m’a fallu redoubler d’ardeur et de passion afin de m’adonner à deux extensions, ainsi qu’un jeu complet dans un genre particulièrement chronophage. Le triumvirat sacré The Witcher 3 : Blood and Wine, Two Worlds II : Call of Tenebrae (… l’invité surprise, encore attendu d’ailleurs), et enfin le tant espéré The Technomancer. Un mois. J’en espérais plus qu’il ne m’offrira de quoi jouer pour une petite partie de l’été, en attendant des surprises ou un miracle pour que Mirror’s Edge Catalyst ne soit pas une daube, et Deus Ex : Mankind Divided à la hauteur de son prédécesseur. Après ce name dropping sauvage et intimidant, vient le moment d’introduire le sujet du jour : une extension pour le dernier-né de CD Projekt, dont les ambitions sont de faire « tout mieux que le jeu de base« . Tant mieux. Je ne pouvais guère espérer davantage.

 

Des vacances pour toi, Geralt !

Déjà bien dense, CD Projekt s’est pourtant mis en tête de continuer à fournir du contenu pour son jeu. Des quêtes en plus, des armures, des fonctionnalités tel le new game plus, et ce de manière gratuite. Plus substantiel fut l’ajout d’un DLC payant nommé Hearts Of Stone, d’une qualité remarquable pour son petit prix. Je n’ai bien évidemment pas critiqué la chose, tout simplement parce que je suis un immonde tortionnaire ; faire un article de moins de mille mots ne me ressemble pas et ferait bien trop plaisir à mon correcteur… Non, en fait, ça arrive. Vous inquiétez pas les enfants.

Après cette première extension pourtant pas si mal pourvue en terme de contenu, nos amis polonais se sont dit « Et si on faisait une extension de la durée de l’épisode deux de la trilogie The Witcher, qui serait en prime d’un niveau supérieur au jeu de base ? » Belle question qu’ils se sont posée là. Ma réponse est la suivante : « Vous êtes sérieux les mecs ? J’ai déjà dépassé les cent vingt cinq heures sur le jeu de base, puis les vingt avec votre première extension, et vous voulez m’en remettre pour trente ?! Je vous adore !  » .

Partant de ce postulat, quel est le contexte de l’extension ? Le suivant : notre ami Geralt De Riv reçoit une convocation de deux chevaliers qui le prient de bien vouloir les rejoindre. Après quelques brèves discussions et un tout aussi bref affrontement, les deux individus (… très rigolos) en viennent à parler de la véritable raison qui les a poussé à venir en Velen dans le Royaume du Nord. En effet, la marquise de Toussaint quémande l’aide du sorceleur afin qu’il vienne occire une créature qui rôde dans les rues de la ville que la noble dirige. Ni une ni deux, perspective de changement de décor et de dépaysement total, ainsi que le promesse de nouvelles aventures, finissent par convaincre le joueur que je suis de partir vers le Sud, alors que Geralt commence déjà à râler. Comme je te l’ai déjà dit mon pote : c’est moi qui pilote, alors prépare tes épées, tes élixirs et autres joujoux. On repart comme en quarante !

 

Un lifting pour De Riv

Un an déjà que The Witcher 3 nous a fait le plaisir de sortir. Désormais, son add-on revient le mettre en avant, et vient surtout apporter une petite brise de fraîcheur à un visuel déjà très convaincant. Sans révolutionner quoi que ce soit, Blood And Wine apporte quelques améliorations graphiques qui sont malheureusement réservées à sa nouvelle aire de jeu. Fort d’un environnement assez vaste, d’une taille comparable à la région de Velen pour le titre de base, Toussaint est aussi bien mieux construite, tout en proposant quelques particularités appréciables.

Exit les soucis dans les déplacements et la topographie générale. Bâtie de fort belle manière, la nouvelle zone de jeu est bien plus dégagée, et permet presque de voir les limites du terrain de n’importe quel endroit. Cette ouverture du champ de vue donne à ce terrain une impression d’immensité bienvenue, et permet d’admirer des panoramas tous très soignés. Si les textures disgracieuses sont bel et bien toujours présentes, on note que leur impact global est largement diminué, autant que leur présence à l’écran est amoindrie. On notera le soin à rendre l’eau beaucoup plus agréable à l’œil, tandis que la profusion nouvelle de couleurs chaudes vient apporter une vraie fraîcheur aux graphismes du jeu.

La végétation, plus luxuriante que jamais, nous fait le plaisir de quelques améliorations de textures, et l’ensemble n’est plus si laid de près ; il rend toujours aussi fantastiquement bien de loin comme à moyenne distance. Pourtant les nouveautés en termes de décors ne se trouvent pas forcément du côté d’une nature plus belle que jamais, mais bien au niveau de l’architecture des bâtiments, qui tirent vers le haut une direction artistique bien plus originale et plaisante à l’œil que le froid Moyen-Âge dépeint dans les Royaumes du Nord. Chaleureux, au point de trop en faire et d’apparaître comme une relecture de Disneyland, Toussaint offre des bâtiments aux extérieurs soignés et somptueux, tandis que les intérieurs en profitent pour se montrer plus nombreux, mais aussi plus variés.

Visiter le monde ouvert de Blood and Wine se fait donc avec un plaisir certain, et rien ne vient cette fois-ci contre-carrer le plaisir de l’exploration. Exit la narration par le décor éparse ; elle fait ici un retour remarqué et soigné. Amélioration significative qui me permet de dire que oui, effectivement, CD Projekt ont appris à faire de bons mondes ouverts grâce à The Witcher 3. Ils peuvent désormais se lancer dans la course pour tenter de rattraper la maîtrise de Piranha Bytes en la matière.

Mention spéciale : la ville de Novigrad vous a impressionné par sa diversité et sa densité ? Sachez que la principale ville de cette extension fait encore plus fort, plus grand, et mieux. De quoi se retourner le cerveau lorsqu’on sait que cette même ville ne subit pas les chutes de framerate inhérente à sa prédécesseuse. Une prouesse extrêmement impressionnante.

Direction artistique maîtrisée et plus fantaisiste, modélisation toujours fantastique, environnements améliorés, il ne reste qu’à parler technique et son. La critique se base sur la version One du titre, aux caractéristiques évidemment similaires au jeu de base, bien que l’on note quelques chutes de framerate. Celles-ci sont dû à de rares situations où pleuvent les effets graphiques, ou encore une fameuse scène dans une grotte où (… suite à une charge brutale d’un puissant adversaire), les éclats de roches se multiplient, et finissent par dangereusement affecter la fluidité d’un moteur qui aurait peut-être besoin d’une petite optimisation de ce côté. En dehors de cela, les retards d’affichage de textures se font plus rares, tandis que les bugs sont quasiment absents ; un point sur lequel j’insiste parce que, bordel, un monde ouvert techniquement propre, c’est rare !

Côté musique, là aussi c’est un plaisir de retrouver Marcin Przybyłowicz (… Bon OK, j’avoue l’avoir copié / collé) à la baguette. Il nous offre une bande sonore une nouvelle fois très solide, garantie sans « ley le ley » à chaque affrontement. Mais si vous savez :

 

 

Les nouvelles compositions sont beaucoup plus douces et mélodiques en toutes circonstances ; elles adoucissent le propos du titre, pourtant parfois sombre. La musique du jeu de base était très agressive, portée par de nombreux chants guerriers et de puissantes percussions. Celles de Hearts Of Stone étaient beaucoup plus planantes et mystérieuses, voire inquiétantes. Il y a donc une vraie recherche sur la musique, et cela fait une nouvelle fois plaisir étant donné qu’il y a tout de même une heure de bande-son. Ceci est comparable à un titre complet, ce que Blood and Wine n’est pourtant pas sensé être.

Côté doublages, les acteurs font très bien leur travail et essayent de ne pas trop lire le texte (… cela arrive même aux meilleurs) tandis que les bruitages font une nouvelle fois un travail assez formidable en participant très activement à l’immersion. Côté réalisation, tout va bien, et même mieux que dans le titre de base. Et pour le reste ?

 

Une dernière histoire, Geralt

Allez, arrête de faire la gueule mon petit sorceleur ! Toussaint c’est le soleil, la verdure, les fleurs, les éclairages abusifs qui rendent le jeu injouable… Mais c’est aussi le dernier lieu que tu fouleras de tes petits pieds virtuels avant de tirer ta révérence. Je sais, ça craint, mais  ça aurait pu être pire ; tu aurais pu signer pour de nouveaux épisodes et te retrouver dans des aventures syndromes Assassin’s Creed, donc mieux vaut que cela se termine ainsi : bien.

Oui, Blood And Wine est bien écrit, drôle, intelligent, généreux, et rempli de moments très sympas. Forcément moins dense que l’expérience narrative proposée par Hearts Of Stone, le dernier add-on de The Witcher 3 n’en reste pas moins fort bien loti dans son fond. La quête principale, d’une dizaine d’heures en ligne droite, est rythmée de manière à proposer de manière assez régulière des moments de grâce, supplantant largement les instants les plus réussis du jeu de base, et se terminant par des séquences passionnantes. Mais, sa plus grande force est la variété de l’ensemble. Loin de souffrir de l’invariable syndrome du « je suis les traces rouges parce que je suis un sorceleur qui copie sur Batman » du jeu d’origine, Blood And Wine alterne bien plus convenablement les phases d’affrontement, de dialogue, d’exploration, et enfin d’enquête. Cette variété est d’autant plus appréciable que l’ensemble n’est pas plombé par un rythme mal géré, chose que je déplorais le 19 mai 2015 en posant mes mimines sur The Witcher troisième du nom.

Mais, intéressons-nous aux quêtes secondaires qui ne souffrent plus vraiment de la faiblesse du jeu de base, qui était de proposer des contrats à la résolution prévisible. Exit les recettes de l’épisode d’origine, et bonjour les structures complexifiées pour plus de variété, avec en prime une écriture encore à la hausse, ainsi que des situations plus originales, plus touchantes parfois même. Le traitement des thématiques est ici une fois mis à l’honneur avec une nouvelle fois une large variété de thèmes abordés, qui diffèrent finalement énormément du jeu de base, vu que la question du racisme est ici mise de côté: les non-humains sont peu présent à Toussaint.

Les choix ont toujours moins d’incidences que dans les précédents opus, mais sont bien amenés et font preuve d’une subtilité rarement vue dans le genre. Il y a plusieurs fins, et obtenir la bonne (… comprenez la happy end) ne sera sans doute pas si aisée. Sachez aussi que la galerie de personnages est finalement plutôt restreinte, mais profite de sa petitesse pour approfondir de manière assez satisfaisante l’ensemble des protagonistes. Mention spéciale à deux personnages féminins forts et intéressants, qui sont de loin les meilleurs personnages du troisième épisode, même si Hearts Of Stone proposait lui aussi deux personnages hauts en couleur.

L’ambiance de cette extension est beaucoup plus féérique et colorée que le jeu de base, tranchant violemment avec la noirceur palpable des Royaumes du Nord. Mais, vous savez, entre le paraître et la réalité, il y a parfois un gouffre gigantesque. Niveau écriture, tout va donc pour le mieux, et s’en sort même plus brillamment que le jeu de base, mais qu’en est-il en termes de nouveautés et d’améliorations de jouabilité ?

 

Des améliorations pour ton final, sorceleur !

Plus petit que les précédents, cette partie est là pour illustrer les nouveautés de ce nouvel add-on. Loin de révolutionner la formule, l’extension s’accompagne d’une mise à jour de l’interface et de l’ergonomie générale. Une amélioration qui n’est franchement pas du luxe, et permet de rendre la navigation plus agréable et la jouabilité, moins bancale, même s’il est vrai qu’elle le reste. Autre point appréciable : si vous ne savez plus dans quoi investir vos points de talents, n’hésitez pas à faire connaissance avec un nouvel arbre de talent nommé Mutations. Celui-ci permet de dépenser vos nombreux (… et plus si précieux) points de talents, ainsi que vos mutagènes en trop dans des compétences passives dévastatrices. Une douzaine d’améliorations difficilement déblocables, dans les trois catégories d’améliorations du personnage (… alchimie, signes, combat), viennent agrémenter le système de jeu, en débloquant en prime quatre nouveaux emplacements de compétences.

Hormis cela, on trouvera désormais un domaine pour Geralt De Riv que vous pourrez rénover. Ne rêvez pas. Les rénovations sont peu nombreuses, et un sorceleur ayant déjà un minimum roulé sa bosse dans le jeu de base ne verra que peu sa bourse se vider d’orins lorsqu’il sera question de financer les travaux. On pourra se consoler en exposant son équipement sur des mannequins, et accrocher des tableaux dans la bâtisse. L’ensemble est néanmoins davantage un gadget pour dire « Voilà où Geralt finira ses jours  » .

Parce que oui, toute histoire a une fin. C’est con, mais c’est comme ça. Après avoir délivré deux contenus extrêmement généreux, et composant avec le meilleur du jeu de base tout en améliorant certains points, CD Projekt dit enfin adieu à Geralt De Riv pour se tourner vers des histoires d’un autre genre. Un adieu qui ne manque pas d’émotions pour les joueurs ayant connu le sorceleur en littérature dans un premier temps. Mais reste que je ressens tout de même quelque chose lorsque vient le moment de se dire au revoir ; j’aimerais toujours plus le premier épisode, mais je ne peux me souvenir du pourquoi, surtout lorsqu’on sait que le troisième fit tout pour être meilleur. La base de ce dernier opus étant l’ennuyeux second épisode, cela a dû jouer sur mon avis général, forcément quelque peu biaisé. Reste que The Witcher 3 est vraiment un grand jeu. Un jeu bien plus convaincant que ses aînés, qui laissera une trace dans une génération commençant à se réveiller et à délivrer de supers jeux. Attendez, merde… Je deviens optimiste ! Un jeu naze, vite ! Donnez moi un jeu naze !!!

 

C’est sur ces paroles d’une rare stupidité que je conclue le développement de cette critique. Pas solide, pas satisfaisant, mais brillant. C’est ainsi que je qualifierais ce supplément soigné de mains de passionnés. On a peut-être jamais vu add-on aussi travaillé et généreux pour un prix si modique. Une leçon dont bien des développeurs devrait tirer les enseignements. Pour ce que ça vaut et le peu de bruits que ça fera, je vous dis merci CD Projekt. Puissiez-vous ne jamais chuter comme Bioware et Bethesda l’ont fait. Vous avez réussi The Witcher, alors faites de Cyberpunk 2077 un jeu de légende !

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

4 Commentaires sur “The Witcher 3 : Blood And Wine”

  1. Shizam dit :

    Y a un p’tit mélange sauce Led Zeppelinien dans le ‘Ley Le Ley’ je trouve smile .. Entre Kashmir et The Song Remains The Same.
    Perso je n’ai jamais souffert de son omniprésence. Sans doute parce ce que j’ai étiré les combats en délayant l’aventure de Géralt, comme on le fait ailleurs dans les mondes ouverts.

    Trés bon ce B&W.
    Digne du studio, copieux, et un beau travail sur les dialogues et les musiques, qui s’offrent un style légèrement différent du socle. Sous le soleil de Sapkow…

    Une licence forte depuis 2007 ce Sorceleur. Qui sans rien inventer , a su améliorer et ciseler un peu tout les pans d’un jeu d’aventure , et dans le final, d’un monde ouvert.
    Une belle aventure…

  2. Toupilitou dit :

    Ah ouais j’avais pas vu ça sous cet angle de sonorités ^^

    Sinon, c’est clair que c’est rare de nos de jours de payer un DLC et d’en avoir réellement pour son compte . Une bonne vraie extension !

    Par contre, si jamais ils veulent y retourner un jour, j’aimerais autant qu’ils ne repartent sur Geralt, mais sur un sorceleur / mage / barde / autre chose ; un personnage plus neutre, mais qui évolue dans cet univers. Ça ce serait vraiment chouette.

    • flofrost dit :

      Nous laisser créer notre sorceleur en ayant le choix de son école, ce serait le top.

    • Etorra dit :

      C’est clair que ce serait le top, ça leur permettrait peut-être d’effacer le back groung incohérent ou pas expliqué de la trilogie (parce qu’il faut acheter les livres lol) par une nouvelle histoire, mais tant qu’on ne joue pas Ciri l’incohérence numéro 1 de The Witcher 3 ça me convient
      Parce que bon dans The Witcher 1 Geralt avait déjà un fils adoptif qu’il semble avoir complètement oublié et remplacé par Ciri la jeune inconnue qui n’est pas sa fille mais qui est pourtant une version féminine de lui physiquement

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