Wolfenstein II : The New Colossus

Wolfenstein II : The New Colossus

« Allo Bethesda ? Ouais ? Ouais, sympa la nouvelle version VR de Skyrim pour financer ton prochain bide. Franchement, je crois que ça va être salué par la communauté. Bon, cette fois, tu as quoi à me proposer après Prey, Dishonored : Death of the Outsider, et The Evil Within 2 ? Ah bah oui, je suis gourmand. Faut dire que tu as un peu tout niqué, pas en termes de ventes, ça c’est sûr, mais niveau qualitatif, tu marches sur l’eau. Bah oui tu vas devoir sortir Skyrim sur New 3DS, mais c’est la loi du marché ; le public préfère avoir huit versions du même jeu que huit jeux différents, faut pas leur en vouloir. Attends, je note : Wolfenstein II – The New Colossus ? MachineGames aux commandes ? Cool. Mick Gordon à la zik ? Cool. Merci bien, par contre, tu pourrais pas financer un Prey 2 ? Non parce que si c’est pour finir par faire du jeu service dans deux ans, autant que tu aies fait une dernière bonne action avant de crever. Je dis pas non à un Fallout par Obsidian… Ouais… Ouais, non c’est pas une bonne idée de rebooter Rogue Warrior. Faisons comme ça. Allez, bonne chance pour le portage de Skyrim sur PS Vita  » .

… Non mais genre, même lui il s’est mal vendu ?

 

Mick (fucking) Gordon Wolfenstein : The New Colossus Main theme

 

La voix de Blazkovicz est morte. C’est triste, mais si comme moi vous aviez été plus que convaincu par la performance de Patrick Béthune dans The New Order et The Old Blood, il faut faire avec le deuil de sa performance et accepter une nouvelle voix. C’est Patrick Poivey (… le mec qui fait la voix de Bruce Willis) qui reprend le rôle avec un certain brio, et fait donc de son mieux pour incarner un personnage des plus caricatural qui commence à avoir de la bouteille. La surprise du chef sur cet opus, c’est la reprise du ton au troisième degré de l’histoire et des dialogues, avec l’impression d’être dans un Tarantino, mais dans le bon sens du terme. Oui-oui, y a un mauvais sens du terme à ressembler à un Tarantino, mais c’est pas le sujet. Le fait est que Wolfenstein II : The New Colossus est une tuerie lorsqu’il est question de se raconter.

Et j’écris pas ça innocemment, hein les gars, je veux dire : il m’a fait chialer ce con de jeu. Genre snif-snif Marcheur, et toutes les conneries qui vont avec. Bon, il m’a plus fait m’étouffer de rire qu’autre chose, mais il m’a fait chialer, parce qu’à un moment, il fait un twist qui ne se fait pas. Parce que toute la première partie du jeu, qui est la suite directe de The New Order, est un genre de descente aux enfers de la résistance et de Blazkovicz lui-même. Et franchement, c’est dur à regarder, et ce n’est pas non plus très simple à jouer, parce que le jeu n’est franchement pas aisé lorsqu’on divise ta barre de santé par deux. C’est un choix des plus couillus que de castrer (… ça y est, je bug) le jeu et son feeling dans la première moitié, mais au moins, on a le sentiment de lutter autant que son personnage à non seulement rester en vie, mais surtout : à se battre, bordel de merde. Blazkovicz qui lutte pour se battre, vous vous rendez compte ? C’est comme jouer à DOOM en ne jouant qu’avec le flingue de départ ; niveau viol des codes d’une série, on est pas loin du point Godwin, ce qui est encore plus drôle dans un jeu où l’on défouraille du nazi à tout va.

Donc déjà, oui, franchement, le scénario est cool. C’est super bien écrit, les personnages ont des réactions plutôt logiques dans un univers aussi con que le leur, et le jeu arrive à fréquemment se justifier dans ses délires les plus étranges. Il m’est arrivé de me retrouver bouche-bée devant une scène ahurissante, avant de dire d’un souffle « Putain mec, c’est cool  » . Je salue la gestion du rythme, la gestion du tragi-comique, cette maîtrise de la blague placée au bon moment, de l’instant émotion qui sonne juste dans un océan d’événements grotesques, ce sentiment d’être toujours en face de la bonne scène, dans le bon moment. Le pire étant que même si la première partie n’est pas forcément des plus agréables à jouer à cause des contraintes imposées (… et qui sont logiques vu le final de The New Order), elle m’a laissé un très bon souvenir, car dans la seconde, on prend un réel pied à prendre sa revanche.

Au risque de regretter ce que je suis en train d’écrire dans quelques années où je trouverais ce titre aussi con qu’un autre, je trouve qu’il y a une vraie intelligence et une vraie science dans la manière que ce jeu a à se dramatiser / dédramatiser à une telle cadence. C’est vraiment impressionnant de voir que pendant une exécution où le jeu installe une tension, vraiment, mais alors vraiment palpable, il arrive à te dropper là, dans le plus grand des calmes, une dispute familiale entre une officier nazi et sa fille. Bordel de… Bordel de merde, c’est du génie de pas avoir détruit toute tension avec cette blague qui aurait paru lourdingue ailleurs. Néanmoins, le secret, c’est de justifier la scène par des éléments de background qui approfondissent et humanisent des antagonistes, et rendent donc la scène… utile.

The New Colossus a parfaitement su glisser en son sein des scènes d’un humour décapant, voire franchement ultra-limites dans bien des cas (… attendez de voir l’avant dernière mission, cette scène où Anya défouraille les nazis avec deux fusils ; grotesque à en crever), mais à les insérer avec une certaine mesure, une science du crescendo qui fait qu’à la fin, je n’aurais pas trouvé plus dérangeant que ça d’affronter un Hitler zombie sur un tyrannosaure mécanique. Bon, ça, ça n’arrive pas cela dit.

Le scénario est bon, le rythme narratif est excellent, les dialogues sont colossaux, la mise en scène est soignée comme jamais. On a réglé cette question. Maintenant, passons à l’autre sujet : techniquement et visuellement, ça vaut quoi ? Eh bien le moteur de Wolfenstein II est le même que celui de DOOM 2016 ; il sied parfaitement à un fast FPS bourrin et défoulant afin de garantir une fluidité optimale, de beaux effets visuels, et un habillage propre. C’est exactement ce qu’est le titre, sauf qu’en plus de cela, il possède une esthétique léchée qui colle particulièrement bien à son univers, avec des couleurs qui tranchent, une vraie variété dans les environnements (… merci !), et brille de mille feux sur PS4 Pro avec un 60 fps qui ne bouge pas. C’est le même verdict sur PS4 classique et Xbox One X. Malheureusement, pas le même sur la Xbox One classique ; un peu plus flou et un peu moins stable. Dommage.

On salue la performance du sound designer qui a fait son travail avec beaucoup de soin pour s’assurer des bruitages percutants (… le fusil à pompe), ainsi que l’équipe du doublage qui s’en sort avec la mention VF du jeu vidéo de 2017, en ne se trompant jamais dans le casting et en assurant un travail très abouti. On pourra aussi une nouvelle fois tirer le chapeau à Mick Gordon qui fait la même chose que pour DOOM… mais sans doute un peu moins marquant, car c’est la deuxième. On lui pardonnera, parce qu’il n’a jamais été aussi plaisant de buter du nazi grâce à sa musique.

Parlons maintenant du gameplay. Rien a vraiment changé depuis 2014. On garde le système d’atouts qui fait qu’en remplissant quelques pré-requis, on améliore son équipement, ce qui permet d’être plus efficace avec ce dernier. Ensuite, on saluera un gros travail fait afin de rendre le gunplay plus solide qu’auparavant, ce qui fonctionne diablement bien et force le respect, sans pour autant tenir la dragée haute à un ID Software qui a de toute façon tout niqué avec DOOM. On remarquera sans doute que l’IA est aussi conne que par le passé, et que, NON, l’endoctrinement nazi n’excuse pas le fait que des humains deviennent myopes et sourds. Je sais que beaucoup aimeraient accabler les nazis de plus de défauts qu’ils n’en avaient, mais je pense que niveau combat, ils savaient se démerder, et là clairement dans ce jeu-ci en particulier, ils sont surtout là pour se faire bien défoncer la gueule, bien que j’admette prendre du plaisir à dérouiller, découper, éparpiller du nazi et du membre de KKK dans tous les sens. Faites les… un peu plus réactifs à l’avenir.

Globalement, l’infiltration n’est là que pour tuer des mecs isolés. Le reste se fera à grand coups de cartouches de fusil à pompe dans la gueule, de balles de fusil en tous genres, bref… Butez du nazis. C’est moral et c’est marrant. Pas sûr que ce soit aussi morale que ça, mais passons ; pour une fois qu’on ne va pas nous emmerder avec la violence dans les jeux vidéo. Les nouveautés du jeu ne sont pas bien nombreuses, bien qu’on notera tout de même l’ajout de trois équipements particulièrement bien vus dans la seconde partie du jeu, et qui permettent d’aborder le niveau de manière un peu plus ouverte qu’auparavant.

En parlant d’ouverture, la seconde partie se remplit de quelques quêtes secondaires et tâches facultatives, nous permettant de re-explorer en long, en large, et en travers les niveaux d’ores et déjà traversés. On est à peu de chose près dans l’idée que se faisait Rage d’un FPS plus « ouvert  » , et cette structure permet d’exploiter un peu plus le gameplay, tandis que les équipements permettent de voir d’un œil neuf les environnements déjà explorés. Une belle idée qui rallonge sensiblement la durée de vie, et laisse voir que le studio pense à offrir un peu plus de contenu à ces jeux qui sont jusque-là extrêmement maîtrisés, bien qu’ils manquent un peu de liberté. Cette option est la bonne. Dommage qu’il n’y ait que seize missions de ce genre. On peut toutefois revenir dans les environnements sans objectif, juste pour chercher des collectibles et monter ses stats.

 

Wolfenstein II : The New Colossus est donc une suite pas très surprenante, il est vrai, bien que le gap de qualité soit réel. Si la difficulté est au départ un peu trop relevée, elle se rééquilibre de manière justifiée dans la seconde partie du jeu, ce qui permet de donner de nouvelles pistes aux Wolfenstein fait par MachineGames. On retiendra l’excellente écriture, les excellents personnages, et un gamefeel presque aussi bon que celui d’un ID Software. Un jeu globalement plus généreux qui nous occupera une bonne quinzaine d’heures, avec une rejouabilité très honnête. Merci MachineGames. Merci Bethesda pour cette année 2017 de très haut vol. Hourra pour Wolfenstein !

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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