Ziggurat

Entre deux (rares) sorties qui intéressent votre serviteur, il faut bien qu’il s’occupe. Et pour cela, rien de mieux qu’un jeu d’occasion ou un jeu dématérialisé en promotion, sinon c’est la disette, la famine, puis le décès mental. J’étais plus ou moins dans cet état après avoir fini Recore, mais j’ai eu le droit à plusieurs bouffées d’air entre mon feuilleton Allemand / Polonais chez Reality Pump, une poignée de titres PS Vita (on y reviendra si vous êtes sages), et Ziggurat. Bon d’accord, le nom est ridicule, limite navrant et pas très bankable, mais le jeu a réussi à se faire remarquer sur console (au point de sortir sur Wii U, un comble !), mais des jeux avec des noms nazes y’en a un paquet, et c’est pas pour autant qu’on passe à côté. Parce que Ziggurat, c’est un peu Doom qui rencontre Rogue, et côté sex appeal ça envoie grave. Ni une ni deux, petite promo, acquisition automatique.

 

Harry Potter à l’école des bourrins

Pas de fusil à pompe, mais paye ta baguette magique et ses étincelles de couleurs diverses. « Piou piou  » s’écrit le magicien, « BLARM BLARM  » réplique le Doomguy. On passe évidemment de l’ultra violence qui réveille les sens, à un feeling beaucoup plus gentillet, mais Ziggurat répond admirablement bien manette en main, et il est difficile de bouder le plaisir de jeu. Premier bon point, le jeu s’avère fluide en toute circonstance sur Xbox One. Second bon point, le personnage est rapide ; fini les bidasses de trois cent kilos, et vive les magiciens en jupettes ! Troisième bon point, le shoot s’avère assez varié grâce aux effets relativement divers des sorts. On retrouve quatre catégories d’outils d’extinction de masse : la baguette pour les faibles, le sort pour les lâches, le bâton pour les Gandalf, et les outils alchimiques pour les tarés « Boum  » .

Généré procéduralement avec un certain sens de l’équité (… on peut dès le départ tomber sur un étage qui nous en veut), Ziggurat ne fait pas de cadeau, ni de câlins, et ce dès le niveau normal. On recommandera le niveau facile pour se faire la main, et peut-être réussir à terminer le jeu une première fois avec l’un des personnages. Car oui, comme dans tous Roguelike, vous aurez une jolie série de personnages à tester, sachant qu’il faudra bien souvent les débloquer après avoir accompli des hauts-faits. En parlant de hauts-faits, sachez que le bestiaire du jeu est assez vaste et plutôt varié ; vous affronterez des carottes (… oui oui), mais également des nécromanciens et des carapaces volantes jetant des boules électriques. Bienvenue dans la fantaisie. Les ennemis sont plutôt retors et ont une intelligence artificielle agressive. Il vous faudra apprendre leurs paterns pour mieux les vaincre et surtout : mieux survivre jusqu’à la fin du Ziggurat, ce qui prend de quarante minutes en course contre la montre, ou deux heures pour les plus méticuleux.

Suis-je en train de dire que le jeu est court ? Non, parce que vous allez mourir et mourir signifie : tout recommencer. Fort heureusement, chaque action qui précède une mort enregistre vos actions, et cela débloque des récompenses pouvant vous aider à l’avenir. Vous débloquerez des cartes qui sont autant de compétences à choisir en montant des niveaux, niveau que vous monterez en pillant l’expérience lâchée par vos ennemis vaincus (… oui, il faut aller la chercher). Ziggurat mise d’ailleurs beaucoup sur le stress ; le déplacement est vital, aller chercher de quoi recharger l’une de ses quatre jauges de magies peut se faire au péril de votre vie, mais si vous ne le faites pas, sans doute manquerez vous de puissance de feu pour vaincre.

L’exploration des cinq étages du Ziggurat est totalement procédurale, et si vous croiserez souvent les mêmes pièces, elles seront rarement occupées par le même contenu. Malheureusement, le titre ne s’avère pas assez varié pour ne pas laisser venir une pointe de lassitude, qu’il aurait été préférable de combler en misant un peu plus sur l’aléatoire dans la conception des environnements. Passé cela, le jeu est un vrai plaisir à prendre en main et son apparente accessibilité n’est qu’une façade qui masque un titre exigeant (… et même assassin dans certain cas). Vous voilà prévenu.

 

Ah mais oui, ce moteur de merde !

Unity, le studio Milkstone a pour le coup une excuse : les gars sont quatre, ce qui est peu, surtout lorsqu’on constate la qualité de leur production (… ils ont commencé sur le xbox indie store de la Xbox 360 quand même !). On retrouve donc Alejandro González Fiel qui est le game designer du titre, Miguel Herrero Obeso dans le rôle de programmeur et sound designer mais qui a aussi le chapeau d’artiste technique, Santiago Orozco Franco qui est character designer (… il imagine des carottes), et Juan Fernández qui s’est occupé des environnements et de l’interface (… assez réussie pour le coup). Notre équipe, visiblement très hispaniques au regard de leurs noms respectifs, ont fait appel au moteur très populaire chez les indépendants (… blague à part, Ori And The Blind Forest est sous Unity… la claque !), et s’en sort correctement.

Si les modélisations sont très cartoons et angulaires, le jeu est coloré, globalement agréable à l’œil, et ne souffre que de peu de défauts techniques, car peu ambitieux là-dessus. Le clipping de Recore vous insupporte ? Inexistant ici, grâce à un habile brouillard… dans un donjon… à ciel ouvert… Dites les gars, vous êtes vraiment sur la version professionnelle du moteur ? Ce qui est le plus réussi dans le titre, pour ma part, ce sont les effets des sorts que j’ai trouvé particulièrement soignés pour une production très modeste après tout. On pourra noter que les textures sont très sommaires, mais en même temps c’est du cartoon « pratique cette excuse, hein Blizzard ?  » .

Côté son, les bruitages sont modestes mais gardent une certaine efficacité, tandis que les musiques sont parfaitement oubliables. Mais puis-je tenir rigueur de cela à un studio de quatre mecs qui m’ont offert un jeu m’ayant tenu bien plus longtemps que beaucoup de titres ? La conclusion apparaît logique.

 

Petit jeu, petite critique, grosse recommandation. Si vous êtes en manque de jeu de shoot ressemblant à Heretic, et qu’un petit côté Roguelike ne vous déplaît pas, alors Ziggurat est un morceau de choix. Vous soutiendrez aussi une petite équipe qui a une certaine identité ainsi qu’un savoir-faire avéré, et qui mériterait surement de se lancer dans un projet plus ambitieux afin de marquer un peu plus l’industrie. Mais dans sa sobriété, Ziggurat fait certainement le mieux possible avec son budget. Un exemple à suivre.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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