Tales From Space : Mutants Blob Attack

Vous savez, je ne suis guère amateur des jeux indépendants en règle générale. Non pas que je ne reconnais pas le génie de certains développeurs hautement plus talentueux que l’immense majorité du marché, mais parmi l’océan de l’indépendantisme vidéo-ludique (… ça sonne pompeux, hein ? Moi, j’aime bien), il n’y en a que peu à sauver. On va dire que sur cent saloperies, cinq ont un intérêt. Et ce n’est pas si mal avec du recul, parce que les indépendants, c’est votre voisin, votre patron (… ah non, rarement eux), le barman, le livreur de pizza… bref, c’est des gens. Mais ça peut aussi être vous, si vous en avez le courage et c’est plutôt exaltant. Aujourd’hui, nous allons donc parler d’un jeu indépendant parmi trois développés par les mêmes personnes, avec une constance assez remarquable. J’ai en effet fait et fini ces jeux en environ une semaine chrono. Pourquoi ? Parce que les canadiens de chez Drinkbox Studio sont des gens de goût et de talent. Voilà.

 

Présentations des messieurs

Chris Harvey, Ryan MacLean, et Graham Smith sont autant de noms à retenir qu’ils sont autant de membres du petit studio Drinkbox. Ils viennent tous du studio Pseudo Interactive ayant fermé ses portes en 2008, et ayant réalisé notamment le très fendard Cell Damage. Ces trois personnes, qui sont des créatifs et des vrais auteurs, ont une vision du jeu vidéo assez agréable. En effet, leur but n’est pas de faire dans le bankable, ni de grossir en tant que structure. Non, leur but est simplement de créer des expériences de jeux passionnées et passionnantes, à destination des joueurs surement un peu… beaucoup trop gavés par une industrie qui manque de fraîcheur.

Fondé en 2008 et ayant eu pour premier projet le jeu Tales From Space : About A Blob, exclusif à la Playstation 3, ce premier projet trouvera son petit public, et saura financer une suite multisupport plus ambitieuse, qui usera avec un certain brio des fonctionnalités de la Vita. C’est d’ailleurs le sujet du jour ! Ce dernier titre aura bien plus de succès et financera de nouveaux projets pour le jeune studio, des projets dont vous aurez le bonheur (… ou le malheur ; il paraît que j’écris beaucoup trop, c’est sans doute vrai !) de lire des nouvelles dans les prochains jours. Pourquoi ne parlerai-je pas plus en Tales From Space : About A Blob ? Eh bien, avec tout le respect que je dois à ce titre, il est évident que l’épisode Mutant Blob Attack est du même cru, tout en étant beaucoup plus abouti. Cela reviendrait à parler de FIFA 2015 alors que le dernier en date est le 2016. C’était peut-être un peu péjoratif comme comparaison, mais passons, parce qu’aujourd’hui nous parlons d’un très bon jeu.

 

Le prétexte, toujours le prétexte

Vous êtes un alien. Vous avez grave les boules, et vous n’aimez pas l’humanité. Vous n’aimez pas les poubelles non plus, ni les hamburgers, encore moins les hélicoptères et les chars. Donc, vous allez les manger pour grossir, pour manger des maisons, puis des immeubles, puis d’autres trucs encore plus gros parce que vous êtes un alien, et que c’est franchement pas cool tous les jours.

Parce qu’en fait, vous êtes coincé sur la terre avec les humains. Vous savez, cette espèce incompréhensible capable de se pourrir une vie de famille pour des couverts mal essuyés après la vaisselle, ou susceptibles de détruire moralement sa progéniture parce qu’elle a parlé en classe et que c’est pas bien d’avoir un mot du professeur ? Vous êtes au milieu de ces dégénérés, et ça vous fout grave les glandes. Vous voulez retrouver les vôtres, mais vous faites environ cinq centimètres de haut, ce qui n’aide pas.

Vous avez donc logiquement le seum’, et vous allez tout démolir pour pouvoir rejoindre votre planète, et au passage détruire le système solaire, parce que les humains vous attaquent. Pourquoi vous attaquent-ils ? Je ne sais pas trop. Surement parce que vous les bouffez, eux, et toutes leurs créations, juste pour devenir plus gros. Mais, c’est pas très compréhensible ; ils passent leurs vies à se prouver qu’ils sont plus capables que les autres de détruire des trucs, alors que vous êtes juste plus efficace.

N’ayez donc aucun scrupules à tout détruire, à ramasser des points bonus, et à parfaire votre score de destructeur de mondes. Ceux qui se mettront sur votre route sont juste des jaloux. Maintenant, essayons de décrire comment se passe tout ce foutoir, dont on ressort avec un grand sourire satisfait.

 

La patte drinkbox

Les jeux du studio ont quelques points communs. Déjà, ils essayent tous d’avoir une identité et se différencient tous assez largement, parce qu’ils ne partagent pas de genre commun. Tales From Space: Mutant Blob Attack est un jeu de plateforme mêlé à un jeu Katamari. Si vous ne savez pas ce qu’est un titre de la série Katamari, je vais vous le résumer rapidement. Vous poussez une boule collante qui attrape des objets, d’abord petits, et à mesure où vous récupérerez des objets proportionnels à la taille actuelle de votre Katamari, vous pourrez ramasser de plus gros trucs.

Bien sûr, votre personnage ne pousse pas de boule dans Mutant Blob Attack, il se contente de tout becter, mais cela suit le même schéma qu’un Katamari. Sauf que si les jeux sus-cités se contentaient de faire grossir une boule dans un niveau uniquement (… comprenez qu’elle redevenait petite à chaque nouveau niveau). Le jeu de Drinkbox fait grossir votre Blob tout au long du titre. Cette idée, très addictive, donne un sentiment assez factice d’évolution, car à chaque nouvelle zone, il vous faudra grappiller des centimètres / mètres / kilomètres pour progresser, ce qui fait que si le décor évolue proportionnellement à votre avancée dans le jeu (… on passe du sol d’une pièce à engloutir des immeubles), on n’a jamais vraiment le sentiment de pouvoir se baffrer de tout, sauf à la fin.

Mais là ou Mutant Blob Attack réussi, c’est en renouvelant fréquemment son challenge, en exploitant très convenablement les mécaniques de la Vita et toutes ses fonctionnalités. Mignon et malin, le jeu use intelligemment de la technologie solide de la machine, afin de proposer un visuel et un gameplay qui tire leur épingle du jeu. Parlant de visuel, autre point commun des titres de Drinkbox : ils sont colorés, et donnent une impression de vie par la chaleur des couleurs utilisés, ce qui à l’époque de la sortie du titre devait être particulièrement rafraîchissant (… rappelez vous de la tendance aux couleurs délavées et tristounettes des années 2000).

Le level design de Mutant Blob Attack n’est pourtant pas génial. S’il reste tout à fait correct, il est aussi tout à fait prévisible, ce qui déçoit quelque peu car le concept aurait pu proposer une plus grande folie. Folie que l’on apprécie uniquement par le biais de cette dernière mission complètement barrée, semblant avoir été le défouloir des trois développeurs, qui ont d’ailleurs fait preuve d’une grande retenue tout le long d’un jeu d’une durée de vie de quatre heures. Une durée satisfaisante, surtout lorsqu’on sait qu’à tarif plein, le jeu n’excède pas la dizaine d’euros, et s’avère rejouable à l’envie histoire de décrocher un meilleur score ainsi que de trouver d’autres secrets.

 

Classique mais pas dénué de fraîcheur, Mutant Blob Attack est un titre plaisant qu’il convient de faire sur le support sur lequel il a été pensé en priorité : la Playstation Vita. En effet, vous pourriez pas mal y perdre de ses meilleures séquences en y jouant sur un support classique, vous empêchant ainsi de jouir du tactile et du gyroscope. Si vous n’avez pas vraiment envie de faire l’acquisition de la portable de Sony, les autres versions vous proposeront un jeu malgré tout solide, mais qui perd peut-être un peu de son efficacité, en faisant une croix sur ces fonctionnalités qui le différencient des autres jeux de plateforme.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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