Retour sur The Last Of Us

Retour sur The Last Of Us

Si j’accepte aisément que The Last Of Us soit un très bon titre, je dois aussi admettre que putain, on s’y fait chier. J’ai lu ici et là que Left Behind, son DLC, était un petit condensé assez puissant de ce que l’on retrouve dans le jeu de base. J’ai d’ailleurs eu aussi droit à un autre petit condensé d’un jeu de base sous la forme de Infamous : First Light (… on reviendra dessus), et j’ai joué aux deux titres en simultané parce qu’en ce moment je n’ai pas le temps de me lancer dans de gros trucs. Pour tout dire, je n’avais aucune attente pour ce Left Behind. Juste une promotion, une envie de blockbuster sans gros fond mais sans trop faire dans le spectacle. The Last Of Us quoi. Juste assez creux pour y jouer en mode no brain, et juste assez profond pour ne pas se sentir trop sale après le générique. Alors, laissé pour compte ou pas ?

 

Merde, ça a quand même vieilli The Last Of Us. Je dois avouer qu’en full HD, 60 fps et textures lissées, avec supplément d’alliasing, l’image a tout de suite moins de caractère. Au moins, cela permet de se rendre compte que le style graphique des Dogs commence à franchement puer de la gueule, et tout de suite, si sur PS3 le titre forçait le respect, ici, on le trouve assez fade. Dommage, mais bon, soixante images seconde, c’est quand même un luxe que j’accepte volontiers, on rempile. On commence par des cinématiques qui ont de la gueule et qui font le topo sur le contexte de ce contenu. On va prendre le temps de combler le trou entre la partie chiante de The Last Of Us (… c’est à dire tout ce qu’il y a après le prologue, jusqu’à un évènement fort dramatique), et la partie passionnante du dernier tiers. Est-ce que ce contenu s’inscrit dans le meilleur ou le pire du jeu de base ? On va voir ça.

Bon, la transition cinématique / jeu fait ici assez mal aux yeux, mais pas de quoi crier à l’arnaque. Le pitch est simple : il faut trouver des médicaments dans un espèce de centre commercial avec un personnage particulièrement vulnérable sous notre contrôle. Le message est clair : il va falloir ruser et utiliser la furtivité. Super. On se rend compte que cette partie du jeu est décidément complètement daubé et fonctionne tant et si bien que pour relever le challenge, le jeu nous force à subir des affrontements directs sans nous laisser l’opportunité du fureter… ce qui permet de me rendre compte avec horreur que même en étant plus vulnérable et moins équipé, un affrontement ouvert fini par une victoire aisée, avec un peu d’astuce et d’exploitation d’une intelligence artificielle complètement à la rue.

Mais genre, complètement, aucune difficulté : une fois repris en main ce gameplay, assisté au gamefeel uniquement satisfaisant une fois une arme à feu en main (… et encore, pour le peu de munitions que l’on trouve, quoique, c’est toujours trop !), j’ai fini par monter la difficulté, pour me rendre compte que les seules choses qui changent, ce sont les dégâts des adversaires, ainsi que des munitions et des ressources qui se raréfient… Super. Enfin, c’est toujours ça de pris, d’autant que la durée de vie du contenu est assez famélique ; comptez environ deux à trois heures en traînant les pattes entre deux séquences narratives / émotions / il fallait bien que notre jeu ait un point fort. Parce que oui, si je taille dans le lard côté gameplay (… d’autant que le level design ne s’est pas amélioré entre temps), on peut encore saluer la performance des acteurs, des doublages, la reprise des meilleures musiques du jeu de base, dont l’une d’entre elle qui avait déjà deux versions alternatives se retrouve cette fois avec quatre nouvelles itérations. Gustavo Santaollalla, serait peut-être temps de faire autre chose que des reprises de ton propre travail, non ?

Enfin bref, niveau narration, ça fonctionne très bien. Il y a quelque échanges bien écrits et consistants entre le nouveau protagoniste et notre personnage, avec même une idée particulièrement bien développée tout le long qui envoie un joli coup de poing dans les dents de Life Is Strange. Alors, comment gérer une relation ambigüe entre deux personnages dans un jeu vidéo ? Prends des notes sur Left Behind : ça lui prend une heure et demie, toi une douzaine d’heures, sans grand succès. Globalement l’histoire se segmente en deux parties : une partie bourrin où on comble vite fait le trou du jeu de base, et une partie flashback très intéressante avec quelques séquences qui rendent hommages aux jeux vidéo. Ces derniers traitent du thème souvent un peu mis de côté dans le post apocalyptique, mais : quelle vision auront les générations futures des ruines qui les entourent ? Ici, c’est franchement pas mal foutu, ça relativise pas mal notre mode de vie et nous rappelle que le futur peut facilement balayer tout ça en deux temps trois mouvements.

Parce qu’une nouvelle fois, The Last Of Us signe une histoire pas forcément originale, voire même pas du tout, mais il le fait sans tous les poncifs ahurissants du jeu de base. Et, il essaye d’aller à fond dans son idée, quitte à donner naissance à des séquences un peu niaiseuses. Néanmoins, le final vient replacer nos protagonistes dans la réalité : vous allez crever, c’est un fait. Vous allez crever, et c’est tout ce qui vous attend, alors prenez soin d’être bien pendant le temps qu’il vous reste, d’éviter de vous quereller pour de la merde, et d’éviter de prendre des risques inutiles parce que vous allez mourir dans bien trop peu de temps pour avoir le loisir de vous emmerder. Alors, profitez. Le message n’a sans doute pas grand chose à apprendre que l’on ne sait déjà, mais c’est assez bien amené. Si aucune scène n’est aussi poignante que la grande scène du jeu de base, au moins pouvons nous saluer l’effort des Dogs d’avoir parié sur un contenu qui nous apprend beaucoup, sans trop en faire sur l’un des deux personnages majeurs du titre.

 

Poussif comme le jeu de base, arriéré dans son level design, éculé dans ses mécaniques, The Last Of Us fait vieux. Il fait même assez ancêtre, mais il réussit quelque chose que peu de triple A réussissent : il raconte une histoire. C’est pas l’histoire qui changera le jeu vidéo, c’est pas la narration la mieux réussie de l’univers, et c’est certainement pas le DLC de l’année ou quoi que ce soit, mais c’est tout à fait recommandable pour un peu qu’on ait de la sympathie pour le jeu de base. On recommandera juste d’attendre une promotion, voire de prendre directement la version PS4 du jeu de base qui comprend l’add-on. Pris indépendamment, non seulement on en comprendra que peu, mais en plus l’addition finale sera salée.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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