Battlefield One

Battlefield One

Difficile. Très difficile de me réconcilier avec les FPS militaires. Il faut dire que depuis Modern Warfare premier du nom, il a été très compliqué de m’arracher une once d’enthousiasme à jouer au moindre FPS de ce genre. Il faut tout de même admettre que lorsque Battlefield One s’annonce, avec son titre intelligent et son focus sur une première guerre mondiale stylisée par un DICE reprenant alors les rênes de se direction esthétique, il se passe quelque chose dans le slip. J’ai pourtant attendu, malgré les chants de louanges sur le titre, censé être l’élu, celui qui à jamais remettra Call Of Duty dans le coffre-fort duquel il n’aurait dû sortir que deux-trois fois pour voir la lumière de la gloire. Toutefois, je ne pensais pas que Battlefield One aurait aussi avalé la clé de ce coffre pour le déféquer par la suite dans un trou noir. Entre élégance, sauvagerie, et modernité, Battlefield One signe le retour en grâce de la série, ridiculisant son concurrent, et s’affirmant comme l’une des plus grandes réussites d’une génération de jeux qui se réveille enfin. Putain, j’aime l’écrire.

 

Déjà, débarrassons-nous de la question du mode solo, vu que vous y portez un intérêt… Eh bien, écoutez ce que j’ai à dire, parce que pour le coup, DICE ont réussi à faire quelque chose d’intéressant. Nous allons d’ores et déjà évacuer le plus gros défaut : les français ne sont pas mis en avant et sont totalement oubliés de l’Histoire, celle avec un grand « H  » , que DICE pense dépeindre ici. Ne mentons pas : leur vision de la première guerre mondiale est au moins aussi fidèle à la réalité que le film le dernier samouraï l’est. En gros, c’est franchement limite ; le film arrive à faire croire que le conflit a fait rage partout dans le monde, sauf dans le nord de France… Alors, oui, c’est une bonne chose de conter l’histoire des grands oubliés de la guerre, toussa toussa… Mais quand même, putain, les français ne sont pas ceux qui s’en sont pris le plus dans la gueule pendant cette guerre avec les allemands ? Puis, pourquoi on joue toujours pas un allemand ?

Enfin, faisons avec ce que l’on a. Et pour le coup, mis à part que pour les besoins du gameplay cette guerre est très mouvementée pour un conflit qui est à l’origine une toute nouvelle manière de faire la guerre (… avec les fameuses tranchées et les stratégies de retranchements / positions), Battlefield One fait les choses de très convenable manière. La meilleure chose qui se soit passée dans la tête des développeurs suédois doit probablement être un truc du genre :

LES MECS !
– Quoi tu as fait un mauvais rêve ? Tu as rêvé qu’on avait raté le
reboot de Mirror’s Edge ?
C’est pas le cas ?
Ta gueule… alors quoi ?
Bah… on est des tanches niveau scénario, alors pourquoi est-ce qu’on ne ferait pas six histoires indépendantes pour couvrir le conflit plus largement, en s’inspirant d’histoires vraies au lieu de faire une seule longue histoire ?
Tu vas bien Roger ? Non parce que tu viens enfin d’avoir une bonne idée !

Voilà. Roger sauve le scénario du titre, en couvrant un scope plus large, et en changeant de protagonistes assez souvent, tout en garantissant la variété du casting (… y a une femme et un noir, quota respecté : check), et avec quelques fulgurances d’écriture et de mises en scène. Battlefield One réussit également à faire varier ses situations et objectifs, propose quelques zones ouvertes, avec des séquences permettant d’apprendre à maîtriser chacune des mécaniques du titre. Finalement, cette campagne solo pouvant s’étaler de huit à dix heures pour les traînards complétionnistes, est plus longue, plus intéressante, et une bien meilleure préparation au multijoueur que toutes les campagnes précédentes des Battlefield.

Et c’est sympa de voir que malgré la politique full multijoueur de Electronic Arts de ces dernières années, qu’il y a du mieux sur les modes solo, tout en ayant un mode multijoueur riche. On est en droit d’espérer le mieux pour Battlefront 2 (… on parlera du premier, enfin, le reboot, promis). Donc oui, ceux qui ne jurent que par le jeu en solitaire, tentez Battlefield One ; c’est varié, intense, et ça vous permettra de faire l’expérience des innombrables subtilités et qualités de ce titre qui, je le dis et on peut screen, est grandiose.

Oui, parce qu’en multijoueur, tout le travail de DICE prend sens, sur le son, sur le visuel, sur la fluidité, sur le gamefeel ; Battlefield One est orgasmique pour tous ceux qui espéraient jouer un jour sur un champ de bataille. Enfin, Battlefield prend au pied de la lettre son nom et en devient l’expérience ultime, alignant toutes les mécaniques de la série en un seul jeu, en foutant ça dans un mixer, et en équilibrant la tambouille pour donner naissance à un jeu qui fait tout en un… all in one, Battlefield One. Si ça c’est pas un titre recherché…

C’est bien simple, en plus d’un contenu très satisfaisant dans sa version de base, Battlefield One est aussi un jeu extrêmement soigné ; chaque carte, chaque lieu, chaque parcelle de terrain a été pensée afin d’équilibrer l’expérience entre les chars, l’infanterie, et l’aviation. Quelle que soit votre position sur le champ de bataille, vous avez un impact non-négligeable, même si vos premiers sangs seront très difficiles à obtenir. Comme dans tous les jeux de shoot en multijoueur, il vous faudra nécessairement faire la connaissance de chaque centimètre carré de terrain de chaque map pour être le plus efficace possible. Une fois que vous vous serez fait à chaque map, il faudra également analyser votre style de jeu, vos parcours récurrents sur le terrain, et adapter votre équipement en conséquence. C’est con hein, mais vous serez bien content d’avoir l’équipement adapté à la situation la plus récurrente à laquelle vous serez exposé.

Et en ce sens, vient l’un des rares défauts du titre : les DLC du jeu sont nombreux et proposent un contenu solide. Difficile de jeter la pierre au studio d’alimenter son jeu (… par contre, faites-vous plaisir comme à Gaza pour ce qui est des micro-transactions de merde) en contenu de qualité. Problème, et pas des moindres, nos amis compatriotes, qu’ils soient allemands ou alliés dans les parties, qui possèdent les DLC, vous rappelleront à votre bon souvenir leur fortune lorsqu’ils vous découperont en rondelle avec leurs équipements craqués hérités des DLC. Cela… c’est assez inacceptable, car ça brise l’équilibre du contenu originel. Dans l’attente d’une mise à jour permettant de remettre en place un équilibrage global correct, bah on se fait latter les couilles.

Mais à part ça, l’entrée comme la sortie d’une partie, ainsi que tous les moments entre le début et la fin, sont tout bonnement mémorables. Le son, les explosions, le décor qui évolue en fonction des assauts répétés des joueurs… Il y a dans ce titre, et dans nul autre, une réelle atmosphère de conflit ouvert avec énormément d’acteurs, et le nombre ainsi que la variété des joueurs permet de créer une dynamique, sans cesse renouvelée par des joueurs changeant de stratégie et d’équipement. On devient vite accroc au rythme frénétique de parties qui sont parfois de longue haleine, mais jamais trop histoire de garder une fraîcheur presque intacte. On en arrive vite à se dire que chaque affrontement est différent.

Alors, oui, c’est super fendard. Visuellement, c’est la grosse mandale dans la gueule. C’est fin, c’est fluide, les effets de lumière sont extrêmement crédibles et donnent une lumière froide aux champs de bataille, ce qui contraste avec la chaleur des explosions. Battlefield One, sans être glauque et gore comme le serait un vrai champ de bataille, arrive à délivrer une atmosphère effrayante, mais aussi véritablement fascinante, avec ses décors mornes, parfois désertiques, mais parsemés de ruines et de bâtiments qui ne demandent qu’à se décrépir sous les bombes des combattants.

Les compositions soutiennent à merveille les affrontements en se révélant discrètes, et apparaissant souvent pile au bon moment, grâce à un superbe travail des ingénieurs sons. Comme d’habitude, les bruitages sont la spécialité des jeux DICE, et la spatialisation des sons ainsi que leur impact rend chaque scène suffisamment marquante pour qu’on ne se lasse jamais d’entendre cette terrible cacophonie… Cela dit, encore faut-il jouer avec du son ; petite pique à ceux qui ne jouent qu’avec un casque pour parler à leur team.

Petite dissonance qui pourra déplaire : la guerre, et dans la maniabilité du personnage, et dans le décor, semble extrêmement fun. Tout est souple, et revenir à la vie est extrêmement aisé (… le médecin est très, presque trop, efficace). S’il n’est pas dans les intentions de DICE de faire du serious business dans son multijoueur, reste une campagne très premier-degré, avec le relent de patriotisme qui va bien derrière. Alors, pourquoi est-ce aussi marrant de se battre, DICE ? Pourquoi avoir mis en avant le fun bien réel quand on joue à Battlefield One, tout en essayant de donner conscience aux joueurs que la guerre… c’est pas bien !

C’est un peu tout le problème des produits de l’industrie. Il faut accepter que le mode solo soit un faire-valoir pour éviter de faire dire que le jeu vidéo banalise la violence, ou ici : les conflits. Le fait est que les joueurs savent qu’ils sont là pour se marrer à buter de l’allemand ou de l’allié « Arh, c’est de bonne guerre après tout, fallait pas prendre l’Alsace et la Lorraine et nous tenir seul responsable du conflit !  » , alors que les autres bah… c’est les autres. Quoi qu’il arrive, ils y verront ce qu’ils ont envie de voir. Donc la prochaine fois, faites une campagne solo au trente sixième degré comme dans les Bad Company, et votre jeu sera fendard du début à la fin sans gros point noir. Parce qu’il faut bien l’admettre, Battlefield One, malgré quelques choix discutables des développeurs, des problèmes d’équilibrage, et des putains de micro-transactions : ça tue la bite.

 

Si vous êtes prêt à passer au-dessus des micro-transactions, que vous avez du temps et l’envie d’affiner votre skill : Battlefield One c’est vraiment un titre qui deviendra culte. Tendu, rapide, nerveux, et technique, le jeu de DICE sublime toutes les caractéristiques de la série, et fait bien vite oublier ses défauts pour offrir une expérience miraculeusement compacte et complète, avec des sensations de jeu fabuleuses. Difficile d’être très enthousiaste vis-à-vis des politiques d’Electronic Arts, et si on est bien d’accord pour dire que les micro-transactions, ça craint, d’autant plus lorsque c’est couplé à un season pass à cinquante balles, on ne peut que saluer la qualité du projet. On ressort et on revient toujours de Battlefield One le sourire jusqu’aux oreilles, car c’est un jeu moderne, furieux, taillé pour être un jeu qui traverse sa génération sans prendre une ride, qu’elle soit esthétique ou mécanique. Donnez-lui une chance ; il vous le rendra bien.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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