Error System : Montague’s Mount

Si Montague’s Mount devait se résumer en un mot, ce serait le suivant : « kek  » . Même pas « lol  » , non. « lol », c’est encore trop doux. « kek  » , c’est bien. C’est à peu près du même niveau. Il y a trois choses qui me font donner une recommandation négative, de manière générale :

  1. On se fout de ma gueule
  2. Le ratio prix / longueur du fun est en-dessous du ratio surmiteux du cinéma contemporain
  3. Le fun est en-dessous de la lecture d’un bouquin de Stephen King quand on aime les beaux, bons, et grands mots

Montague’s Mount cumule les trois, et plus encore.

 

Tout d’abord, ô lecteur, sache-le : on se fout de ta gueule. « Montague’s Mount est un thriller psychologique inquiétant  » . On va dépecer cette sublime phrase de présentation du jeu, ça suffira. Tu verras. « Montague’s Mount est un  » . Jusqu’ici, c’est cool. En fait, je me dis qu’ils auraient dû s’arrêter là. Mais tu sais comment sont les gens, hein. Il leur en faut toujours plus. « thriller psychologique  » . Alors… Je vais choper Wikipedia, tiens, j’ai la flemme. Je cite :

Les thrillers psychologiques (psychological thrillers) sont caractérisés par des manipulations psychologiques, des traques ou harcèlements liées à des obsessions, des emprisonnements ou confinements dans des endroits dangereux ou piégés, frisant parfois avec le genre de l’horreur.

Diantre.

Que dire ?

Que Montague’s Mount est au thriller psychologique ce que La Vie de Brian est au catéchisme ? Ouais, on doit être à peu près dans ces eaux-là. Il n’y a aucune manipulation psychologique dans le jeu. Pas de traque, pas de harcèlement, une obsession, un confinement dans un endroit à peu près aussi dangereux qu’une matriochka Made in Taiwan (et de taille équivalente), et ça frise autant l’horreur qu’Ethnic Cleansing frôle la dating sim.

« inquiétant  » . Alors euh… Je sais pas. Éventuellement, si tu trouves les Teletubbies, Dora l’Exploratrice et Ben10 inquiétants, à la limite, peut-être que Montague’s Mount a l’équivalent de la chance qu’aurait une boule de neige en enfer de te perturber suffisamment pour que tu te demandes si t’as bien pensé à sortir le chien ce soir. Et encore. Ça, c’est dans de bonnes conditions, à savoir si tu es atteint d’une quelconque pathologie neuro-dégénérative doublée d’une fâcheuse tendance à l’insomnie.

De rebondissements il n’y a point tant tu as compris le fin mot de cette abomination avant même la moitié du jeu, d’angoisse moins encore, d’ambiance à peine, de puzzles nullement (ne va pas croire les screenshots, les trois malheureux puzzles planqués à travers le jeu te feront à peine et à la truelle dix minutes de temps de jeu), les mini-jeux sont à chier (il y en a UN, et il s’agit de cliquer quatre fois d’affilée. Chose que tu devras répéter quatre ou cinq fois au fil du jeu. Woah. Émerveillement, joie de la découverte, plaisir de la variété, tout ça), techniquement c’est à la ramasse (je veux dire, je veux bien que le moteur est bof, mais à choisir, même Wasteland 2 fait méchamment mieux), la durée de vie est pire encore que les navets plus ambitieux du cinéma (compte deux heures et des brouettes pour essorer complètement le truc – entends AVEC tous les secrets et objets à récolter dans la popoche, ce qui te vaudra en prime une dépression phénoménale, une automutilation à la cuillère en plastique rouillée et Hastur sait quels autres affres dû à ton état d’esprit à ce stade du jeu)…

Il faut aussi signaler que c’est visuellement hideux. Je ne parle pas ici seulement du look général et des modèles dignes du baise tof des années ’90 (amis belges bonjour), mais du fait que régulièrement, l’image subit une désaturation qui ne parvient qu’à gêner la lisibilité des choses et à gâcher le plaisir qu’aurait autrement pu procurer le jeu… S’il n’avait pas en plus 50 % de textures de taille 8 x 8 en 4 couleurs : gris, très gris, encore plus gris et méchamment gris. Et pas le gris sexy d’un Gameboy, hein. Le gris chiant et terne d’un bout de rocher.

Quant à la partie audio ? Le doublage français est certes correct… C’est juste qu’il ne couvre pas la moitié des voix anglaises, ce qui fait que les journaux dispersés à travers l’île ne sont pas doublés… Sauf si tu as le malheur d’appuyer sur Escape à ce moment-là et de revenir en jeu. Dans un cas pareil, PAF. Une voix anglaise. Heck. Si l’amateurisme est un art, on tient Raphaël, ici. Quand à la BGM, elle tente lamentablement de se faire euh… oppressante, je suppose. Sauf qu’elle n’arrive à rien, et est aussitôt oubliée.

Mais passons.

Quand les deux succès les plus difficiles à choper du jeu sont ceux qui te demandent de jouer trois heures et de marcher dix kilomètres, c’est à peu près tout dire. J’ai joué deux heures trente et marché six kilomètres. En me forçant à faire des aller-retour, dont un d’un bout à l’autre de l’île. Genre les deux extrémités hein, je pouvais pas avancer plus loin, j’ai pas lésiné, pas épargné le moindre mètre.

Et pour couronner le tout, après quelques mégatonnes de recherches infructueuses, il semble que le tag « basé sur une histoire vraie  » soit du bullshit pur jus, droit sorti des régions nébuleuses du cerveau d’un dev’ qui avait envie de se faire mousser, puisque la seule trace de cette horrible histoire disponible où que ce soit se trouve par là – et se résume, en gros, à « ouais, j’suis allé en Irlande, et j’ai appris un peu de gaélique. Han, regardez-moi comme je suis beau  » . Promis, demain, j’écris un film sur la fin du monde vue d’un coin de Bretagne : j’suis allé à Lille, un jour, et je sais écrire « chouchenn  » . Je pourrai mettre « basé sur une histoire vraie  » . La classe.

 

J’en rirais presque, si ce n’était si pitoyable et ne me rendait, a contrario, d’autant plus impitoyable. Passe ton chemin, lecteur. Chope un jeu. Un vrai. Un qui coûte moins cher (ou même autant) et où il y a des trucs à faire. Vraiment.

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A propos de l'auteur : Hyeron

Pourrait retourner jouer à Call of Duty comme on le lui suggère, s'il avait seulement déjà approché cette franchise

8 Commentaires sur “Error System : Montague’s Mount”

  1. Toupilitou dit :

    Je vais finir par ne plus être inculte dis donc ; je ne savais pas ce que c’était « La vie de Brian ».

    C’est rectifié. Comment j’ai pu louper un tel truc

  2. flofrost dit :

    La vie de Brian, c’est pas l’histoire d’un mec qui passe son temps à faire la manche pour ensuite faire des jeux au mieux moyen/bon ?

  3. Toupilitou dit :

    Nan c’est les Monty Python : La vie de Brian

  4. flofrost dit :

    Même si je ne l’ai jamais vu, je connais (ben ouais, je suis pas une loutre :p), c’est l’histoire de Jésus (enfin son voisin moins « chanceux ») revisité à la manière Monty Python. J’ose même pas imaginer ce qui se passerait si à l’heure actuelle on faisait la même avec au hasard Mahomet ^^
    Mon message précédent était un clin d’oeil au messie du JV, enfin en tout cas ça l’est aux yeux de certains, suffit de voir ce qui arrive quand on a le culot même pas de le critiquer, mais juste d’émettre des doutes sur par exemple ses talents de gestionnaire.

  5. Toupilitou dit :

    C’est qui le messie en question ? ^^

  6. flofrost dit :

    Entre le fait qu’on est donc dans le JV, que je parle de quelqu’un qui n’a de cesse de demander aux gens de financer ses jeux, et surtout qu’il se prénomme Brian, je me demande qui à part une loutre abusant de certains produits peut ne pas avoir compris de qui je parlais ^^

  7. Toupilitou dit :

    C’est clair que je n’aurais jamais trouvé
    ==> Y’a trop de messies dans le JV ^^

  8. Marcheur dit :

    Tu parles de Brian Fargoth ? L’elfe chiant dans Morrowind ?


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