Les intouchables #2 : Two Worlds II – Pirates Of The Flying Fortress

Oh, je compatis sur la double raison qui vous a fait du mal en lisant ce titre. Déjà, c’est sacrément long, mais c’est surtout sacrément insultant de canoniser en « intouchable » une extension d’un jeu reconnu assez unanimement comme médiocre. Sauf que justement, Two Worlds II a fait peur à son potentiel public, et l’extension est tombée dans l’oubli bien avant sa sortie. C’est bien triste, parce qu’elle propose tellement mieux. Le cas de l’extension de Two Worlds II est bien simple : si le titre de base avait été du niveau de son DLC, sans doute aurions-nous vu Reality Pump accéder au Panthéon. Mesdames, Messieurs, dernier chapitre de la saga Two Worlds : voici venir mon dernier hommage à cette triste saga. Sans plus attendre, larguons les amarres !

 

Le meilleur des deux mondes

Si l’on connaît la saga Two Worlds pour sa jouabilité et son système de jeu riche, ce ne sont étrangement pas ces deux éléments qui profitent le plus de cet add-on. Il faut cela dit compter sur l’intégration d’une nouvelle classe d’arme, nommée l’arbalète, permettant de varier l’équipement à distance. Appuyé par un ensemble de nouvelles armes et armures, on s’étonnera du choix de ne pas ajouter de compétences, mais après réflexion, peut-être l’ajout de nouvelles fonctionnalités auraient été de trop, tant le jeu de base s’avérait complet et exhaustif de ce côté. Mais on se ravira par contre des diverses améliorations à l’ergonomie générale, tous les petits défauts de jeunesse de Two Worlds II cités dans la critique précédente se sont vu tout bonnement effacés dans cette extension à l’écoute du public.

On peut donc enfin profiter du jeu comme on aurait dû le faire dans le meilleur des mondes. Bien sûr, les défauts de jouabilité dû au moteur du titre, ou aux choix des développeurs, sont impossibles à réviser. Mais on remarquera que le titre fait bien attention de ne plus faire combattre le joueur dans des lieux exigus, permettant ainsi aux mages et aux archers d’arrêter de se faire martyriser. Ces derniers remercieront cette attention. De plus cet add-on permet de jouir de manière bien plus utile du voilier, vu que la zone est un archipel, dont les îles sont espacées par juste ce qu’il faut de mer pour rendre la navigation intéressante. D’autant plus lorsque vous ferez face au vent, mettant ainsi à l’épreuve vos capacités de marin d’eaux douces.

Ces mêmes îles font d’ailleurs preuve d’une construction plus soignée, et d’une recherche dans l’esthétisme vraiment plus importante que ce que le titre de base nous avait habitué. On notera que l’accent est largement mis sur l’exploration, ce qui est un bon point lorsqu’on constate le soin apporté à la découverte de ce nouveau territoire pourtant peu exotique. Il n’est en effet question que d’îles au climat occidental et très boisées. On notera l’intégration d’un cycle jour / nuit plus cohérent, de conditions climatiques enfin disponibles, tel la pluie ou même un simple temps nuageux. Le bestiaire s’avère plus soigné et plus fantastique que ce que le jeu de base proposé, et la faune pacifique signe son grand retour. Et un détail qui aura son importance pour ceux qui auront connus le premier épisode : les créatures tuées ne reviennent pas à la vie, bien que vous croiserez leurs fantômes la nuit, et que vous pourrez les terrasser.

 

Le meilleur du studio

Ces multiples ajouts et corrections ne sont pas les seuls à bonifier l’expérience. On parlera aussi avec plaisir des donjons qui, pour le coup, s’avèrent largement plus travaillés que ceux du jeu de base. Pour ne rien gâcher, le jeu sait cacher certains mystères, et gardera pour lui quelques surprises aux joueurs souhaitant refaire l’aventure. Les plus curieux seront surpris de constater que les choix débloquent des lieux différents, et des quêtes secondaires inédites. Arrêtons-nous sur celles-ci d’ailleurs.

Proposant un nombre conséquent de quêtes annexes, le jeu ne fait pourtant pas la faute de goût de les bâcler. Les objectifs sont intéressants, parfois franchement drôles, et leurs résolutions sont bien souvent multiples ; ils nous font voyager de personnages en personnages, mettant en relation les différents protagonistes en présence. Peu nombreux, les êtres avec qui vous pourrez interagir sont bien plus travaillés, aussi bien en matière d’écriture que de modélisation. Si tout n’est pas parfait de ce côté, on est tout de même bien content de voir des animations plus travaillées en dialogue, ainsi qu’une vraie mise en scène pour chacun d’entre-eux. Le tout est chapeauté par une synchronisation labiale enfin correcte, et un doublage décent. Oui, un doublage décent dans un jeu Two Worlds. Tout arrive.

Ces améliorations soutiennent une mise en scène plus soignée elle aussi, qui apporte beaucoup à un scénario moins épique et plus intimiste ; il va nourrir ses inspirations dans divers genres, afin d’offrir un cocktail de situations assez frais. Le dernier tiers de l’aventure principale a beau être assez linéaire et faisant dans le recyclage, on ne pourra que saluer la réelle prise de risque. Cette nouvelle histoire se conclura de différentes manières selon vos choix, et qui auront le bon goût de n’être aucunement manichéen, en développant des enjeux bien plus intéressants, allant jusqu’à proposer des situations exploitant des thèmes intéressants. Comble du luxe, certaines situations prennent aux tripes, et arrivent à dépasser en termes d’émotions tout ce que la saga avait essayé d’offrir jusque là, et tout cela en huit heures de jeu seulement.

Loin d’être courte, la complétion de l’ensemble du contenu demandera une quinzaine d’heures aux plus pressés, une vingtaine aux perfectionnistes. Tout cela en sachant que les trois fins offrent évidemment une rejouabilité intéressante, qui soutient la philosophie très ouverte en matière de développement de personnage. Pour ce qui est de la musique, monsieur Borislav Slavov offre cinquante minutes de musiques inédites, de la même fabuleuse qualité que celles du jeu de base. Merci encore à toi Boris’, tu es le meilleur !

 

Un bel adieu, au goût bien amer

Bien écrite, bien narrée, bien réalisée, meilleure en tout point par rapport au titre de base, cette extension aurait plutôt mérité de donner naissance à un Two Worlds III du même acabit pour que la vérité soit rétablie sur le studio Reality Pump. Ce ne sont pas des manches. Ce sont des gens talentueux qui ont soufferts de leur manque d’expérience dans le milieu, et qui ont essayé de faire du mieux qu’ils pouvaient avec les moyens qu’ils avaient. Malheureusement, leurs erreurs les ont condamné au discrédit, à cause de deux titres bien trop perfectibles pour être considérés sérieusement dans une industrie concurrentielle. Mais honnêtement, lorsqu’on compare ce studio a des gens comme Bethesda, est-il juste de les rabaisser à ce point ?

Prenez Skyrim. D’accord, la direction artistique est fabuleuse et l’ambiance fantastique, mais à côté de cela, la jouabilité est infecte, le système de jeu est très pauvre, l’écriture est très mauvaise, la qualité des quêtes déplorables, il est techniquement à la ramasse, et ne fait finalement pas grand chose de bon à bien y considérer. La seule différence se retrouve dans les moyens que le studio a pu déployer. Moyens que ne possédaient pas Reality Pump pour ses jeux. Pourtant, si l’on regarde de près, déterminer qui de Two Worlds II et Skyrim est le meilleur titre n’est pas chose aisée. Et entre l’extension de Two Worlds II et le cinquième opus de la saga Elder Scrolls, il n’y a vraiment pas photo.

Tout ça pour dire que l’add-on Pirates Of The Flying Fortress est aussi bon qu’il est frustrant à jouer. On l’aimerait plus long, on aimerait revoir l’univers dépeint, à travers cet ajout, dans un projet plus ambitieux. Mais cela n’arrivera pas. Parce que l’éditeur est un imbécile, et que Reality Pump n’ont pas suffisamment vite sorti les crocs afin d’offrir le meilleur jeu possible. Il aura fallu attendre l’extension du second jet pour enfin voir en ce studio un concurrent sérieux aux grands. Je sais aujourd’hui, et depuis la sortie de cet add-on, que j’avais raison de croire en Reality Pump. Je joue encore à cette saga, elle me suivra encore un peu j’espère, avant qu’elle ne disparaisse dans les limbes dans lesquelles une industrie trop injuste a décidé de l’y enfermer.

 

Je vous recommande chaudement cette extension qui ne nécessite pas d’avoir fait le jeu de base. Déjà parce que c’est un très beau moment, et c’est surement le meilleur moyen qui existe pour comprendre pourquoi je tiens tant à cette boîte, hier salie, aujourd’hui ressuscitée. Quoi qu’il en soit, vous savez maintenant ce qu’il vous reste à faire en attendant la sortie de Two Worlds III !

Retrouvez notre dossier sur Reality Pump: ici.

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A propos de l'auteur : Marcheur

Enfant attardé de Kreia et d’Alfred de Musset. Pense que tout est narration, et répète sans cesse qu’il donne tout en dansant comme un ouf

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